Fin des retraits de points pour les "petits excès de vitesse" en 2024, “le signal n’est pas bon” estime l’association des traumatisés crâniens

Les petits excès de vitesse ne seront plus sanctionnés par un retrait de point à compter du 1er janvier 2024, a annoncé cette semaine le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. De nombreuses associations critiquent la mesure.

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Retraits de points, ce qui va changer au 1er janvier 2024

Aujourd'hui, un excès de vitesse inférieur à 20 km/h est sanctionné d'un retrait de point sur votre permis de conduire et d'une amende de 68 euros (sur les routes où la vitesse maximale autorisée est supérieure à 50 km/h) ou 135 euros (sur les routes où la vitesse maximale autorisée est inférieure ou égale à 50 km/h).

Au 1er janvier 2024, la sanction financière ne changera pas. Vous devrez toujours payer l’amende, mais les petits excès de vitesse de moins de 5 km/h ne donneront plus lieu à un retrait de points. Le projet était sur les rails depuis longtemps. "Une mesure de bon sens pour nos concitoyens", a indiqué sur Twitter Gérald Darmanin, en précisant qu'elle sera mise en oeuvre "à la demande du président de la République".


En 2020, sur les 12,5 millions de contraventions envoyées pour des excès de vitesse contrôlés par des radars, 58% concernaient des excès inférieurs à 5 km/h.

 “Le signal n’est pas bon pour la mortalité routière”
Carine Menigoz, est directrice générale de l'Association des familles de traumatisés crâniens de Franche-Comté. Elle estime que cette mesure va à l’encontre des préconisations en matière de sécurité routière. “Si je me base sur une enquête de l’institut des sciences et technologies des transports, 46% des accidents mortels ont lieu sur des petits excès de vitesse, de moins de 10 km/h (chiffres 2010).Les préconisations étaient justement d’accentuer la prévention sur ces derniers” confie la jeune femme au micro de Christophe Joly de France 3 Franche-Comté.


En Franche-Comté, l’association aide près de 500 familles victimes de traumatismes crâniens. Les statistiques chiffrent à 60% la part des accidents dans les traumatisés crâniens en France.  L'Association des familles de traumatisés crâniens de Franche-Comté dit entendre la volonté des automobilistes portés par l’association 40 millions d’automobilistes d’améliorer les temps de déplacements en augmentant la vitesse sur les routes. Elle regrette que des vies soient en jeu. 5 km/h peuvent tout changer quand on percute un piéton, un vélo, une personne à trottinette. “On constate de plus en plus de personnes accidentées de la route, notamment avec les mobilités douces, le port du casque qui reste aléatoire. C’est aussi aux conducteurs, aux automobilistes d’être attentif à cela. Plus on roule vite, plus on a du mal à les éviter."

Une action de com’ du gouvernement estime la Sécurité Routière


Revenir sur les sanctions pour ceux qui roulent jusqu'à 5 km/h au-dessus des limites n'est ni plus ni plus ni moins qu'une "action de com' du gouvernement", "un signal de relâchement insupportable" et "un non-sens absolu", a réagi Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière.
"Dans le contexte social, il ne s'agit pas d'une décision de sécurité routière mais d'une décision politique qui vise à soigner l'image du gouvernement et dont le prix humain sera cher", estime-t-il.

Le signal n’est pas bon, tout ce qui incite les gens à rouler plus vite n’est pas bon pour limiter l’accidentologie et la mortalité sur la route. Il faut savoir qu’entre 50 et  60 km/h, il faut 6 mètres de plus pour nous arrêter, 6 mètres de plus pour éviter un piéton ou un vélo, c’est crucial et cela évite un certain nombre de morts.

Carine Menigoz, directrice générale de l'Association des familles de traumatisés crâniens de Franche-Comté

"Le prix humain sera cher" dénonce la Sécurité Routière

Revenir sur les sanctions pour ceux qui roulent jusqu'à 5 km/h au-dessus des limites n'est ni plus ni plus ni moins qu'une "action de com' du gouvernement", "un signal de relâchement insupportable" et "un non-sens absolu", a réagi Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la violence routière.
"Dans le contexte social, il ne s'agit pas d'une décision de sécurité routière mais d'une décision politique qui vise à soigner l'image du gouvernement et dont le prix humain sera cher", estime-t-il.

3.260 personnes sont mortes sur les routes de France métropolitaine en 2022, un bilan à un niveau stable (+0,5%) par rapport à 2019, dernière année de référence avant la pandémie.

avec AFP

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