Gustave Courbet : on vous explique pourquoi l'acheteur américain du tableau « Le Saut du Doubs » doute de son authenticité

Vendu aux enchères en 2018, le tableau du peintre Gustave Courbet se retrouve au cœur d’une tempête dans le monde du marché de l’art. L’acheteur remet en cause son authenticité. Il demande une nouvelle expertise.

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La vente avait attiré du monde. C’était en 2018. Le Saut du Doubs, tableau du peintre Gustave Courbet était vendu aux enchères à Besançon par l’étude de maître Renoud-Grappin.

En moins de quatre minutes, le tableau avait été adjugé 50 000 euros. Des acheteurs du monde entier avaient tenté de remporter l’enchère. Finalement, le prix le plus élevé fut celui d’un acheteur américain. Le tableau quittait alors sa Franche-Comté natale pour les Etats-Unis.

Les raisons du doute

Quatre ans après, quel rebondissement dans le monde du marché de l’art ! L’acheteur américain remet en question son authenticité et demande une expertise du tableau. Maître Béatrice Cohen, avocate à Paris, représentante de l’acheteur nous a détaillé les raisons de cette requête : « Les premiers doutes, il les a eus deux jours après l’acquisition. Il trouvait bizarre la mention sur le bordereau d'adjudication "petite restauration, vernis jaune épais", alors qu’avant la vente, aucune restauration n’avait été signalée. » 

Un second élément préoccupe l’acheteur : la signature. « Le tableau à sa réception [aux Etats-Unis] est envoyé dans un centre de restauration pour le nettoyer. Le centre émet alors un avis sur l’état du tableau. Ils lui disent que le tableau est de mauvaise qualité, qu’il y a des manques de peinture et que la signature n’aurait pas vieilli avec le vernis du tableau mais aurait été apposée » poursuit l’avocate. 

Authentifier un tableau de Courbet

Ce tableau Le Saut du Doubs est répertorié dans le catalogue raisonné de Robert Fernier (1895-1977), sous le nom Cascade et porte le numéro 8. Ce document est une bible pour les amateurs d’art. Robert Fernier était peintre et écrivain, fondateur de l'actuel musée Courbet à Ornans. « Le catalogue raisonné est un travail d’historien d’art, d’étude de document et un travail d’examen de la peinture, c’est ce qu’on appelle l’œil de l’expert », explique Sébastien Fernier, petit fils de Robert Fernier, et Président du comité Courbet toujours en charge de l’authentification des œuvres du peintre. « Le catalogue raisonné reste la référence incontestée dans les avis sur les œuvres dans le répertoire des tableaux de Gustave Courbet. (…) D’après mon grand-père le tableau fait partie de l’œuvre de Gustave Courbet »

Le comité Courbet peut donner un avis différent de celui du catalogue raisonné, mais ce cas de figure reste très rare. « L’insertion d’un tableau dans un catalogue raisonné ne vaut pas expertise », répond Maître Béatrice Cohen. De son côté, Sébastien Fernier ne dit pas le contraire. « Un catalogue raisonné regroupe des avis sur les œuvres et ça n’est pas un certificat d’authenticité. D’autant que ça remonte au 19ème siècle, d’autant que Gustave Courbet a eu beaucoup de contemporains qui ont fait des faux (…) évidemment un avis sur une œuvre est toujours contestable, mais il faut quand même apporter des arguments solides (…) J’insiste aussi sur un détail, la signature, ça ne prouve rien. La signature peut être fausse et le tableau vrai. »

L’acheteur américain demande désormais à la justice de faire réaliser une expertise. Il entend par ailleurs engager une procédure à l’encontre du commissaire-priseur. L'acheteur lui reproche notamment de ne pas avoir mentionné les restaurations dont le tableau aurait fait l'objet. 

Ironie du sort, l’institut Courbet pourrait alors être sollicité pour se prononcer sur l’authenticité du tableau. Une audience aura lieu à Besançon le 6 décembre afin de démêler cet imbroglio. 

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