Carnaval : A Maîche, le Haut-Doubs renoue avec la fête, la reine et son blackface font réagir les internautes

Après deux ans d’absence, la commune de Maîche dans le Haut-Doubs a vécu un week-end déguisé, joyeux, musical, et illuminé !

Souffler, rire, faire la fête. Après deux ans de crise sanitaire du covid-19, et la guerre qui vient d’éclater en Ukraine, nombre d’habitants du Haut-Doubs sont venus s’offrir une petite bulle d’air ces samedi 19 et dimanche 20 mars.

Le festival dont le thème était “les illuminés” a rassemblé 19.000 personnes ce week-end. “Ça faisait tellement longtemps qu’on n’était pas venu, ça fait chaud au cœur de retrouver le carnaval” confie une jeune femme. “Je trouve que c’est une fête formidable”, même Christine Bouquin la présidente LR du département et locale de l’étape s’était grimée.

Au Carnaval, on est venu en famille, les anciens sont sortis quelques minutes de leur maison de retraite pour assister au défilé dans les rues, animées par les orchestres et les pluies de confettis.

Regardez le reportage de Stéphanie Bourgeot et Florence Petit 

Blackface : la fausse note de la reine du Carnaval de Maîche

Sur les réseaux sociaux, quelques internautes ont pointé du doigt la reine du carnaval, trônant dans ses toilettes, le visage grimé de noir. Un déguisement que condamne Alison qui a réagi sur le réseau social Twitter. “L'ouverture du carnaval se fait donc avec l'élection du costume du carnaval, vendredi soir. Le ton est donné : la personne élue porte un blackface. Je ne vais pas faire semblant d'être surprise, tous les ans, je m'énerve de voir des dizaines de déguisés arborant un blackface. J'ai donc, comme à mon habitude, pesté contre ce milieu rural et ce carnaval que j'aime pourtant, en me pensant seule dans mon énervement. Alors ça ne changera rien, mais je me suis rendue compte que finalement d'autres personnes se sont énervées contre ce choix sur les réseaux sociaux”. “Un fort sentiment de malaise devant ce blackface élu reine du carnaval de Maîche, chef-lieu de ma communauté de communes... S'il y a une référence, je ne l'ai pas, mais alors pas du tout..” dénonce à son tour Manon.

Anna Maillard, dénonce dans un tweet "un déguisement qui ne raconte rien à part une personne noire aux toilettes", et n'amène que racisme et indignité. Selon elle, c'est même une ancienne élue qui le porte !.

L’organisation du Carnaval a fini par supprimer de sa page facebook le post sur lequel on voyait cette reine du Carnaval grimée de noir.

La personne grimée de noir a bien défilé dimanche, sans l'accessoire des toilettes, mais perchée sur un des chars du cortège. 

En fin de journée ce dimanche, les organisateurs occupés à embraser le bonhomme carnaval, n'avaient pas encore pu répondre à nos sollicitations.

C’est quoi le blackface, que dit la loi ?

Le blackface est d’abord né au théâtre. Un comédien blanc se grime en noir. Aux Etats-Unis, au début du XXe siècle, la pratique est courante. Elle va disparaître à partir des années 1960 à la suite du mouvement afro-américain des droits civiques.

La société américaine assimile le blackface comme la manifestation d’un racisme envers la communauté noire.

En France, aucun texte, aucune loi n’interdit le blackface, le grimage en noir. Coluche ou l'humoriste Michel Leeb l’ont pratiqué en leur temps. Mais le sujet heurte de plus en plus. En 2014, des policiers français déguisés en noirs lors d’une soirée avaient publié des images sur les réseaux sociaux. Le défenseur des droits en 2017 avait établi que “la dimension raciste de cette soirée était caractérisée”. Il avait rappelé que “nul n’ignore que le fait de se grimer en noir renvoie à une vision péjorative et humiliante des personnes noires”.


En 2017, le footballeur français Antoine Griezmann avait partagé en ligne une photo de lui, maquillé en noir pour rendre hommage à un joueur de basket-ball afro-américain dans le cadre d'une soirée déguisée. L’image avait fait polémique, le footballeur avait reconnu une « maladresse », il s’était excusé publiquement.

Le Carnaval de Dunkerque fin 2017 et son affiche du “bal des noirs” avait également soulevé le tollé d’une association antiraciste.