Un spéléologue amateur a découvert au début de l'été plusieurs containers en métal au cœur d'une forêt du Haut-Doubs. Du matériel sans doute largué par les Alliés pendant la seconde guerre mondiale et qui avait été enterré dans un petit canyon.
Il garde l'endroit secret. Pas question pour l'instant de révéler où se trouve exactement ce "petit trésor" historique. Franck Féret a fait cette étonnante découverte au début de l'été dans une forêt du Haut-Doubs : des containers largués par les Alliés pendant la seconde guerre mondiale !
Un coup de chance mais pas vraiment un hasard : le spéléologue passe son temps à explorer les grottes et les gouffres du secteur. Il fait en effet partie d'un groupe de spéléologues, le GCPM, qui, depuis sa création en 1981, recense toutes les cavités de la région et essaie de retrouver des entrées souterraines pour les ajouter à son inventaire.
Containers "type C"
Il était sur la piste d'un autre gouffre quand il est tombé sur un petit mais profond canyon envahi par la végétation. "Au début, je ne me suis pas bien rendu compte, raconte Franck Féret, il y avait quelque chose sous les feuilles et j'ai même marché dessus". Mais en grattant un peu, il a immédiatement reconnu ces fameux contenairs "type C". Il en avait déjà trouvé une fois dans un gouffre, lors d'une précédente expédition, dit-il. Il en a dénombré au moins sept sur les lieux.
Ces conteneurs en métal ont été utilisés pour le parachutage d'armes par le Special Operations Executive (SOE) entre 1941 et 1944. Ce service secret britannique créé en 1940 par Winston Churchill avait pour mission de soutenir les mouvements de résistance partout en Europe dans les pays occupés par l'Allemagne et l'Italie, pendant la seconde guerre mondiale.
D'une longueur d'1,72 mètres et d'un poids de 38 kg à vide, ils pouvaient supporter une charge maximum de 160 kg. Ils étaient munis de solides poignées pour en faciliter le transport au sol. Outre les armes et les munitions, ils ont aussi permis de fournir aux maquisards des vêtements, du matériel médical, des vivres et parfois de fortes sommes d’argent.
Une fois leur précieux contenu récupéré et mis à l'abri, ils étaient souvent cachés par les résistants pour ne pas attirer l'attention des occupants.
"On est dans l'Histoire"
"On est dans l'Histoire là, c'est quand même une émotion", confie Franck Féret à France 3 Franche-Comté. Très fier de sa trouvaille, le spéléologue se prend même à imaginer la scène, plus de 80 ans après.
C'était la guerre, des hommes luttaient contre les Allemands. Cela fait quelque chose de savoir que des gens sont venus là, qu'ils ont trouvé ce creux qu'ils connaissaient ou pas. Il devait y avoir un champ à côté pour le parachutage. Ils ont pris l'armement et les munitions. Puis après, ils ont tout enterré ici pour le cacher. Et c'était une bonne idée !
Franck Féret, spéléologue.
Franck Féret sait que plusieurs réseaux de résistance ont opéré dans les environs mais il n'a pas poussé ses investigations plus loin. "J'ai regardé un peu mais je ne les ai pas ouverts, assure-t-il. Je suis quasiment sûr que les conteneurs sont vides." Il préfère surtout laisser aux historiens ou aux archéologues le soin d'examiner tous les objets, avec précaution. "Il y a aussi une flasque qui doit dater de la même époque", ajoute-t-il. Le spéléologue est prêt à les conduire sur place. Mais il tient à protéger l'endroit des curieux "pas toujours bien intentionnés".
Des spécialistes qui pourront peut-être retrouver dans les archives la trace de ce largage, en déterminer la nature exacte et identifier le réseau de résistants auquel il était destiné. L'enquête ne fait que commencer.