"Maintenant, c'est encore pire"... Que reste-t-il des gilets jaunes cinq ans après ?

Il y a cinq ans jour pour jour, des milliers de personnes vêtues d'un gilet jaune s'installaient sur les ronds-points de France, dressaient des barrages et défilaient dans les rues pour réclamer des mesures en faveur du pouvoir d'achat. Un mouvement social baptisé "les gilets jaunes" débutait alors. Qu'en est-il cinq ans après ? Explications.

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"Maintenant, c'est encore pire". Le constat est sans détours. Frédéric Vuillaume, l'un des chefs de file des gilets jaunes à Besançon, n'a pas l'habitude de se voiler la face. Rassemblé ce vendredi 18 novembre à l'occasion du cinquième anniversaire de la naissance du "mouvement gilet jaune" avec des camarades au rond-point de Chalezeule, à Besançon, le syndicaliste Force Ouvrière ne mâche pas ses mots. Derrière lui, des palettes en bois brûlent, comme en novembre 2018. Une dizaine de gilets jaunes est présente sur l'un des ronds-points sur lequel tout a commencé. Les inscriptions sur les pancartes et les revendications du début sont les mêmes : "stop à la hausse du carburant" ou "on veut vivre, pas survivre"

"Malheureusement, il y a de plus en plus de richesses en France et il n'y a pas de répartition donc c'est pour ça qu'on est encore là", tient à préciser le militant de gauche au micro de notre journaliste Catherine Schulbaum. Les revendications sont inchangées, mais force est de constater que la mobilisation n'est plus. L'inflation, elle, est pourtant bien présente et touche tous les citoyens, particulièrement les personnes les plus précaires. "Les gens s'habituent. Il y a eu une grosse mobilisation lors des gilets jaunes, et il y a eu une grosse répression, des morts, des blessés, des gens poursuivis, incarcérés...", ajoute Frédéric Vuillaume, tout en précisant qu'il est néanmoins important pour lui de rester visible, même si l'heure de gloire de ce mouvement social inédit est bel et bien passée. 

Pour rappel, durant le mouvement des gilets jaunes, 11 personnes sont mortes en marge des manifestations, notamment dans des accidents de la route (en savoir plus) ; environ 25 000 personnes ainsi qu'environ 2 000 membres des forces de l'ordre ont été blessés et 400 peines de prison ferme avec mandat de dépôt ont été prononcées. Interrogé par nos confrères de France Info, Brice Le Gall, sociologue à l'Observatoire du travail social et des inégalités, livre un élément de réponse supplémentaire quant à l'essoufflement de la mobilisation citoyenne : "Il faut aussi évoquer les effets de la crise sanitaire et des confinements successifs qui ont rendu impossibles les regroupements et qui ont probablement attisé les divisions entre certains 'gilets jaunes', notamment en raison de la mouvance des 'antivax'."

"Ils ont du mal à se mobiliser, c'est dommage"

Pendant la présence de notre équipe sur le lieu de rassemblement, plusieurs véhicules klaxonnent à leur passage, en guise de solidarité avec les gilets jaunes encore présents sur place. "Il y a toujours cette solidarité. Les gens sont tout à fait d'accord avec nos revendications, mais ils ont du mal à se mobiliser, c'est dommage. En même temps, nos dirigeants gouvernent à coup de 49.3 tout le temps, comme pour la réforme des retraites. La démocratie n'est plus ce qu'elle était", analyse le gilet jaune bisontin. Et de conclure : "On est la braise qui tente de rallumer la résistance".

Nous nous rendons également dans le Jura, à Ranchot. Une vingtaine de personnes est présente à 14h pour "célébrer" l'anniversaire des gilets jaunes. Quelques DVD sont vendus aux automobilistes pour alimenter une petite cagnotte. L'amertume est aussi bien présente. Un gilet jaune de la première heure se souvient qu'il y a cinq ans, il prédisait sur sa pancarte qu'un jour l'essence grimperait jusqu'à 2 euros le litre. "Aujourd'hui, on y est. Là, quelque part, on sait qu'on avait raison de sortir", rappelle Michel Passarelli, ancien gilet jaune du Jura.

La même lassitude se retrouve dans son discours, accompagné d'un profond sentiment de ne pas être considéré par les personnes qui nous gouvernent. "On a beau revendiquer des choses, mais monsieur Macron n'entend rien. Les politiques n'entendent rien. On voulait un référendum d'initiative citoyenne, on ne l'a jamais eu. On va où en France ? C'est dommage de régresser autant", nous explique-t-il. Il attend désormais que d'autres franges de la population se mobilisent. "À vous de revendiquer, de manifester, pour que les gilets jaunes viennent vous soutenir", lance-t-il à celles et ceux qui se demandent où sont passés les gilets jaunes. 

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