"Malgré notre handicap on peut faire comme les autres", hémiplégique après un AVC, Maxence va créer une section foot pour joueurs paralysés

Handicapé à vie après un accident vasculaire cérébral survenu en 2017, Maxence Bitschine va créer à Audincourt la première section foot pour les personnes atteintes de paralysie partielle. Fan de football depuis son plus jeune âge, le Franc-Comtois de 21 ans espère "convaincre ceux qui n’osent pas" surmonter leur handicap.

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L’idée a mis du temps, mais elle a fait son chemin. Partant du constat qu’en Franche-Comté, les clubs de football étaient très peu nombreux à disposer d’une section handisport, Maxence Bitschine, 21 ans, s’est convaincu que la solution ne tomberait pas du ciel. Il a donc décidé de créer, en partenariat avec le club d’Audincourt, une section foot pour les personnes atteintes de handicap. Un projet qui trouve son origine sept ans en arrière, un soir de décembre 2017.  

Réapprendre à marcher

Alors qu’il est un adolescent épanoui, Maxence est victime d’une rupture d’anévrisme en pleine nuit. Le jeune homme frôle la mort et garde des séquelles très importantes. Il perd toute sa motricité sur la partie gauche de son corps. S’en suivent alors 12 longs mois de rééducation: "J’étais entièrement gaucher et j’ai dû tout réapprendre. Ça m’a pris du temps. Cette période a été très compliquée à vivre psychologiquement. Sept ans plus tard, je ne suis toujours pas guéri" nous explique aujourd'hui le jeune homme.

Handicapé à vie, Maxence vit seul dans son appartement du pays de Montbéliard, mais grâce à une volonté hors du commun, il s’adapte à toutes les situations : "Conduire, marcher, me faire une tartine le matin. Rien n’est simple dans les gestes du quotidien, mais je trouve des moyens de m’adapter. Chaque problème a une solution", se persuade le garçon, diplômé d’un BTS en service informatique et apprenti dans une agence de télécommunication.

"Suivre une année complète de rééducation, ça m’a forgé un mental. J’étais obligé de faire les choses, de m’intégrer. Je me suis dit que j’étais jeune, que j’avais encore plein de choses à apprendre de la vie. Je ne pouvais pas me laisser bouffer par mon handicap", nous raconte Maxence, fan inconditionnel de football depuis son plus jeune âge : "J’ai toujours adoré le sport et le foot. Ça faisait partie de ma vie. Je jouais dans un club depuis mes 5 ans, mais j’ai dû tout arrêter après mon accident".

"Le sport à tout prix"

Le sport n’est d’abord qu’un lointain souvenir pour Maxence atteint d’hémiplégie. Mais il devient ensuite un moteur, un déclic dans son rapport à la maladie. La vingtaine atteinte et son diplôme en poche, le jeune garçon décide de s’y remettre. D’abord simplement par de longues sorties qui deviennent vite de grosses sessions de randonnée. Sur une jambe et malgré une cheville qu’il ne sent plus du tout, le Franc-Comtois parvient à faire 10, 12 jusqu’à 17 kilomètres en une journée sur les hauteurs du Ballon d’Alsace.

La machine est lancée : à l’été 2022 il s’inscrit dans le club de football de Besançon, où il intègre – faute d’une section adaptée à son handicap moteur – la section "handicap cognitif". "Je m’entraînais avec eux, mais comme nous n’étions pas atteints du même handicap, je ne pouvais pas faire les matches le week-end" se souvient-il, "Je voulais retrouver cet esprit de compétition alors je suis allé voir mon coach Jiao Cinto qui m’a conseillé d’aller au club d’Audincourt, où je devais justement déménager".

Aussitôt, Maxence se met en chasse d’un club pouvant l’accueillir. Problème : après de longues recherches, le jeune footeux se rend vite compte qu’à Audincourt ou ailleurs, aucun club de la région ne propose à ses licenciés une section foot pour handicapés moteurs. "Il faut dire que les candidats ne se bousculent pas au portillon", consent Maxence. Mais la graine était semée. L’idée n’avait plus qu’à faire son chemin. "J’ai compris que malgré mon handicap, j'étais capable de faire du sport alors pourquoi pas les autres ? Je pense que trop de gens n’osent pas. Des handicapés qui aiment le foot et qui ne se rendent pas compte qu’ils peuvent encore faire quelque chose. Que c’est possible. C’est à eux que je veux parler".

Convaincre les autres

À l’été 2023, Maxence obtient l’aval du club d’Audincourt pour créer sa section. Il se renseigne, entame des démarches administratives auprès de la Maison Départementale pour personnes handicapées (MPDH) et du comité départemental qui le soutiennent dans son projet. Après quelques semaines, la section football pour les personnes atteintes de paralysie partielle est créée. Reste à trouver les candidats, ses futurs coéquipiers.

"Le challenge désormais, c’est de trouver des personnes susceptibles d’intégrer cette section" nous confie le garçon qui a déjà entamé sa campagne de promotion sur les réseaux sociaux et sollicité de nombreux organismes  (MPDH, clubs, Fondation Pluriel, Association des Paralysés de France, centres de rééducation …) ; "Des paralysés, des personnes atteintes de handicap fémoraux, des personnes de petite taille, des handicapés moteurs, toutes les personnes qui ont des difficultés à la marche sont les bienvenues dans le club. Il n’y a pas de discrimination", poursuit-il.

Tomber et se relever

Le club d’Audincourt a déjà prévu d’organiser une matinée découverte afin de promouvoir sa nouvelle section le 22 octobre prochain, à 10h30 au stade des Cantons. Un temps d’échange, des activités, un peu de pratique et un match au programme, Maxence n’y attend pas l’équipe de France bien-sûr. Son ambition, c’est de ne plus être seul dans son combat : "On ne fera pas une équipe tout de suite mais s’il y a 5 ou 6 motivés, ce serait déjà énorme pour moi. À terme, pourquoi pas faire une véritable équipe, donner des idées à d’autres clubs et créer notre propre championnat".

"Même si on tombe, si on se fait mal ou si on se fracture quelque chose. Je m’en fous. L’essentiel, c’est de se dire que comme tout le monde, on en est capables. Impossible n’est pas français. C’est ma devise", conclut Maxence, qu’on ne saurait évidemment pas contredire.

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