En cette semaine européenne des déchets, chacun de nous peut faire un geste. Des communes, elles sont en avance. À Longevelle-sur-Doubs, la municipalité a lancé il y a quatre ans la chasse aux mégots. Et ça fonctionne.
Un cadre verdoyant dans le pays de Montbéliard. Les 689 habitants de Longevelle-sur-Doubs vivent à proximité de la rivière. En 2019, la commune est l’une des premières en Bourgogne-Franche-Comté à s’être lancée dans la collecte des mégots. Cendriers bien visibles dans les lieux publics, distribution de cendriers de poches, campagnes d’affichages… voici les outils adoptés par la collectivité pour en finir avec les mégots de cigarettes.
Petit mégot, mais gros pollueur
Ces petits objets de moins de deux grammes, résidus de nos cigarettes, ont une faculté de pollution que beaucoup de fumeurs et fumeuses ignorent. Un seul mégot peut polluer 500 litres d’eau, un mégot jeté dans la nature met 12 ans avant d’être dégradé complètement. Le filtre d’une cigarette contient des matières plastiques (acétate de cellulose) et plusieurs milliers de substances chimiques (acide cyanhydrique, naphtalène, nicotine, ammoniac, cadmium, arsenic, mercure, plomb… ) dont certaines sont toxiques pour les écosystèmes.
Un mégot après l’autre…. un mégot de moins à l’eau
Pierre-Aimé Girardot, maire de Longevelle-sur-Doubs arbore fièrement la collecte des derniers mois. Des sacs remplis de mégots. “Il y a ici à peu près 18 mois de collecte. Ça représente 125.000 mégots. En France, je crois qu’il y a 7 milliards de mégots déposés dans la nature, soit par les fenêtres, soit sur les trottoirs. 66% finissent dans l’eau.”
Et l’eau, ici, c’est la rivière, le Doubs. Une rivière qui a une capacité certes à filtrer toute une série de substances, mais les rivières sont nombreuses à être arrivées à saturation. Elles n’encaissent plus la charge de la pollution.
“On a de plus en plus de nos captages, de nos eaux qui sont en limite de toutes les valeurs de seuil. On a de plus en plus d’eau de captage qu’on est obligées d’abandonner parce qu'on ne peut plus la potabiliser derrière” explique le Professeur Pierre-Marie Badot, du Laboratoire chrono-environnement Université de Franche-Comté au micro de notre journaliste Catherine Schulbaum. En Franche-Comté, l’eau des rivières s’écoule à travers les fissures du karst. La pollution n’en disparaît pas pour autant !
“On ne changera pas la fragilité et la vulnérabilité de nos rivières, ce n’est pas possible. Donc, il faut être vigilant, faire des efforts”
Professeur Pierre-Marie Badot, du Laboratoire chrono-environnement Université de Franche-Comté
Fumeur, pollueur, payeur ?
Au-delà de la pollution visuelle, les mégots sont des polluants que l’homme pourrait parfaitement éviter de disperser dans la nature. À Longevelle-sur-Doubs, la municipalité constate que de plus en plus de mégots sont disposés dans les collecteurs, et on en retrouve moins sur le sol. "C'est un travail de longue haleine, mais ça commence à porters ses fruits" constate le maire de la petite commune du Doubs. Les mégots collectés ici sont envoyés tous les 6 mois à Me-go près de Brest. Cette entreprise en fait du mobilier urbain.
Selon le gouvernement, 23,5 milliards de mégots sont jetés au sol ou dans la nature chaque année en France. Une filière pollueur-payeur mégots a été créée en 2021. Il s’agit d’une mesure prévue par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, votée en février 2020. Cette dernière a prévu de créer, de 2021 à 2025, une dizaine de filières supplémentaires, dont celle des mégots.