Au cœur d’un imbroglio financier avec Pays de Montbéliard Agglomération, propriétaire du stade Bonal, le FC Sochaux, qui loue son terrain, pourrait être contraint de jouer les derniers matches de la saison à l’extérieur, si aucun accord n’est trouvé d’ici la fin de semaine.
Le FC Sochaux sera-t-il contraint de quitter – provisoirement ou pas – son antre historique de Bonal ? C’est en tout cas l’une des hypothèses qui se dessine au regard des tensions qui émanent depuis plusieurs semaines entre le club actuel cinquième de Ligue 2 et l’Agglomération de Montbéliard, propriétaire de l’enceinte dans laquelle évoluent les Lionceaux depuis 1931.
La menace est bien réelle, et l’imbroglio entre le FCSM et Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) n’a rien d’une plaisanterie. Comme le révèlent nos confrères de l’Est Républicain dans un article publié le 18 mars dernier, le directeur général du FC Sochaux Samuel Laurent menacerait de ne pas signer, d’ici au vendredi 1er avril, la convention de partenariat qui permet, entre autres, aux Sochaliens de louer le stade Bonal, et donc d’y évoluer à domicile.
Sochaux plus locataire du stade Bonal ?
La raison de ce désaccord ? Elle est d’abord financière. En proie à une baisse de ses recettes en 2021, la communauté d’agglomération de Montbéliard demanderait aux dirigeants sochaliens de payer désormais "l’intégralité des charges liées au stade Bonal", notamment des frais en électricité et en fioul, en hausse. "Avec tout le respect dû à votre fonction et à votre personne, je suis dans l’obligation de vous informer que je ne saurais accepter ces premières propositions" écrit Samuel Laurent dans un courrier adressé directement au président de PMA Charles Demouge, et auquel l’Est Républicain a eu accès.
Problème, la convention actuelle, autrement dit le contrat qui lie le club à l’agglomération prendra fin le 30 mars 2022. Sans accord d’ici là, le FC Sochaux-Montbéliard ne sera « officiellement » plus locataire de son stade, et pourrait être amené à jouer les quatre derniers matches de la saison de Ligue 2 à domicile dans une autre enceinte. "Ça pourrait être à Gueugnon, Mulhouse, ou Dijon" s’avance même Samuel Laurent ce lundi 28 mars dans les colonnes de l’Equipe.
"Tout locataire doit payer ses charges"
Le directeur général du FCSM est visiblement bien décidé à ne pas flancher, quitte à voir son équipe jouer à l’extérieur. Bien loin de Sochaux. "Nous avons un locataire qui est le FCSM et comme tout locataire, il doit payer les charges, et ce n’est pas de ma faute si elles augmentent" se défendait de son côté Charles Demouge il y a quelques jours lors d’un conseil d’agglomération houleux, et au cours duquel, toujours selon nos confrères de l’Est Républicain, il aurait également pointé du doigt "la piètre image" que renverrait le patron du club sochalien. "On ne s’adresse pas comme ça au patron d’une agglo" aurait d’ailleurs dit un proche de Demouge, en évoquant le courrier envoyé par le dirigeant sochalien à son homologue.
Cela n’est pas une nouveauté. Comme à chacun le sait dans le Pays de Montbéliard, les deux hommes ne s’apprécient guère. Et si c’est désormais la survie du FCSM à Bonal qui est en jeu, la situation actuelle n’est en fait que le reflet de plusieurs mois, plusieurs années de tensions entre le dirigeant de l’agglomération de Montbéliard et son homologue du club sochalien.
Des tensions de longue date
L’été dernier déjà, le financement de la pelouse hybride du stade Bonal – pour un budget total de 1,5 million d’euros - avait posé problème à son propriétaire, PMA ayant été obligé d’attendre les apports financiers du département du Doubs, et de la Région, co-financeurs. Le projet d’envergure avait finalement pu aboutir, non sans difficulté, et non sans exacerber un peu plus les tensions entre les deux instances.
La situation est claire : en l’état, Sochaux ne peut accepter de signer une nouvelle convention avec PMA, cette dernière pouvant potentiellement lui faire perdre jusqu’à 500 000 euros par an, selon les estimations du club. Dans son article, l’Est Républicain évoque de son côté un déficit budgétaire de 116 000 euros pour le FC Sochaux dans le partenariat qui le lie actuellement à son propriétaire.
Des projets en suspens
Sous pavillon chinois depuis 2015, propriété de Nenking depuis 2018, le FC Sochaux-Montbéliard – dont les finances sont redevenues "très stables" à en croire le patron du club Frankie Yau - pourrait également voir d’autres projets tomber à l’eau sans la signature de cette convention. En effet, le club souhaiterait d’abord rénover son terrain d’entraînement, "le Wembley" situé juste à côté de Bonal. Des travaux coûteux auxquels PMA ne souhaiterait là encore, pas participer.
Dans ses objectifs, Nenking souhaiterait également rassembler ses infrastructures dans un nouveau centre de performance qui coûterait 15 millions d’euros au club. Problème : Sochaux a besoin de terrains pour le construire, et comptait bien sur l’Agglomération pour les lui vendre. Les 42 hectares de l’ex-usine Stellantis de Sochaux ayant même été évoqués pour ce futur projet.
Dernière réunion jeudi ?
Mais au vue de la situation actuelle, et de l’impasse dans laquelle semblent plongés Samuel Laurent d’un côté et Charles Demouge de l’autre, difficile d’imaginer la concrétisation de ces projets. Pour autant, les deux hommes vont bien être obligés de trouver un terrain d’entente sans quoi, Bonal ne servirait plus à rien.Imaginez un instant le FCSM – club historique du championnat de France - jouer ses matches à domicile à Mulhouse ou Dijon ? Le tableau serait bien triste, et cocasse. Difficile à avaler sans doute, aussi, pour les supporters. Selon l’Equipe, les deux parties ont prévu de se revoir jeudi.