Le socialiste Frédéric Barbier, 54 ans, tombeur du FN dimanche au second tour de la législative partielle du Doubs, est un homme de terroir, au naturel prudent, qui va retrouver le Palais Bourbon où il avait été propulsé en 2012 en tant que suppléant de Pierre Moscovici.
Il a longtemps cru qu'il n'arriverait pas au second tour de la législative dans le Doubs. Le regain de popularité du gouvernement socialiste après les attentats de janvier pourrait provoquer "un petit sursaut, mais je ne sais pas de quelle ampleur", osait-il à peine pronostiquer quelques jours avant de se qualifier face à la candidate FN, Sophie Montel.
Vice-président du conseil général du Doubs depuis 2011, ce cadre d'Electricité-Réseau de France (ERDF) est élu local depuis 25 ans dans la quatrième circonscription du Doubs. Il a notamment été premier adjoint au maire de Pont-de-Roide/Vermondans, commune de quelque 4.000 habitants, et président du Syndicat mixte du Pays du Lomont.
Sa carrière d'élu local connaît un tournant vers la politique nationale lorsque, choisi comme suppléant par Pierre Moscovici, il doit prendre sa place dans les travées du Palais Bourbon, au moment où ce dernier est nommé ministre de l'Economie et des Finances.
Cet homme mesuré et stoïque est décrit comme un "grand battant", un "homme de terrain, terrain qu'il connaît bien", par Christophe Borgel, responsable des élections au PS.
Fils d'un ancien salarié de Peugeot, poumon économique de la quatrième circonscription du Doubs, Frédéric Barbier a enchaîné durant la campagne les sorties d'usines, tendant ses tracts aux flots de salariés des sites industriels du secteur."Quand il est arrivé à la commission des affaires économiques à l'Assemblée, on a été impressionné par sa connaissance de la réalité industrielle du pays, qui n'est pas que théorique", raconte M. Borgel.
"L'élection se joue surtout sur le terrain", n'a cessé de marteler cet homme qui se dit attaché au développement de son territoire: au conseil général, il préside la commission "Finances, Ressources Humaines et Patrimoine".
Habitant Pont-de-Roide, il ne s'est pas privé de tacler son adversaire frontiste, Sophie Montel, qui n'habite pas et ne votait donc pas dans la circonscription. "Je compte sur le rassemblement le plus large possible des forces de gauche, de la droite républicaine", répétait-il inlassablement durant la campagne. Sans oublier qu'à gauche, il avait dû faire face à quatre concurrents au premier tour, dont certains -comme celui de Lutte ouvrière- n'avaient pas appelé à voter pour lui au second.
Il a aussi multiplié les meetings avec des responsables de premier plan, dont le Premier ministre Manuel Valls et le ministre de l'Intérieur Barnard Cazeneuve, espérant tirer profit de l'unité nationale affichée le 11 janvier par des millions de Français après les attentats de Paris.