Du 27 février au 7 mars, le syndicat Confédération Paysanne organise un tour de France des fermes pour mettre en valeur le quotidien des agriculteurs, et présenter une manière différente d'exercer ce métier.
Dans ces plaines clairsemées, entourées de conifères, des amas de moutons. Chacun commence à paître, ici et là, dans cette vaste étendue verte. Maurice Tissot, éleveur à Pontarlier depuis une trentaine d’années, laisse ses bêtes gambader dans un terrain de 60 hectares. Avec Yannick Faivre et Antoine Viennet, il a monté le groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) du Haut Pâturage. Les trois élèvent des moutons et des porcs en agriculture biologique sur une soixantaine d’hectares, et défendent une autre vision du métier. Un engagement qu’ils souhaitent partager avec les visiteurs mercredi 3 mars.
Comme lui, près de 40 agriculteurs et agricultrices invitent citoyens et politiques à visiter leur ferme du 27 février au 7 mars, dont 13 en Franche-Comté. C’est l’opération « Le Salon à la ferme », organisé par le syndicat Confédération Paysanne. « Après l’annulation du Salon de l’Agriculture, il fallait absolument créer un événement pour parler du monde agricole », justifie le porte-parole du syndicat, Nicolas Girod. Et pourquoi pas créer un petit salon dans chaque exploitation ? C’est toute l’idée du projet « Le Salon à la ferme », pour se rendre compte de « la réalité du quotidien des agriculteurs, dans leur souffrance mais aussi leur bonheur d’exercer leur métier ».
« Sans renier la vitrine aseptisée et les concours du salon de l’agriculture, nous avons vraiment envie de saisir ce moment pour mettre en avant notre vision agricole et notre projet de société », déclare le porte-parole national de Confédération Paysanne. L’objectif est aussi d’ « initier des contacts entre le monde paysan et les citoyens-consommateurs, et des échanges avec les personnalités politiques qui ont de grandes décisions à prendre. »
Un manque de considération
A Pontarlier, Jacqueline Gourault, Ministre de la Cohésion des territoires, a été conviée à se rendre au GAEC. L’exploitation attend aussi la visite de maires et d'élus régionaux. « Nous voulons montrer une agriculture qui produit, emploie et préserve », détaille Maurice Tissot. Avec ses deux acolytes du GAEC, ils ont fait le choix d'adopter les pratiques de l'agriculture biologique. Grâce à la vente directe, ils parviennent à se tirer trois salaires décents. Un exemple que Maurice Tissot souhaiterait mettre en avant auprès des consommateurs et des responsables politiques: « Il existe d’autres chemins dans l’agriculture : au lieu de produire toujours plus, il faudrait produire toujours mieux. »
Sur l'ensemble du territoire, les invitations lancées aux ministres n’obtiennent pas de réponses – seul Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture se rendra sur une exploitation. Nicolas Girod fait ainsi part de sa déception : « Nous avons très peu de réactions de la part du gouvernement. Ce qui est déstabilisant et dommage, car personne ne semble se saisir du problème, déplore le porte-parole national. L’absence de réponse marque un manque de considération. La Confédération Paysanne représente 20% du monde agricole. Quand Emmanuel Macron reçoit Christiane Lambert de la FDSEA, sans écouter d’autres sons de cloche, il nie les autres syndicats, et nie la démocratie. »