Pour faciliter les secours, toutes les communes vont être obligées de nommer leurs rues

C'est une petite révolution qui se produit dans nos communes : l'obligation de nommer les rues et de donner des numéros aux habitations. Et, non, les lieux-dits et noms de hameaux ne sont pas menacés.

La fibre impossible à installer, un colis qui s’égare et surtout des secours qui n’arrivent pas assez vite : pour pallier ces difficultés, toutes les communes doivent donner des noms à leurs rues et des numéros à toutes les habitations.

C’était déjà obligatoire pour les communes de plus de 2000 habitants au 1er janvier de cette année, ce sera obligatoire pour toutes les communes à partir du 1er juin, quel que soit leur nombre d’habitants. 

Un travail pour le maire ou la secrétaire de mairie

Fabrice Castro, le directeur de l’Association des Maires du Jura, explique : "Auparavant, les grands services publics comme La Poste ou France Télécom avaient leurs bases d’adresses. Maintenant, ce n’est plus le cas. Une adresse imprécise ou mauvaise peut entraîner des catastrophes, notamment quand des secours sont attendus pour une urgence."

Vous imaginez, quelqu'un en arrêt cardiaque qui attend les secours qui sont perdus ?

Fabrice Castro, directeur de l'Association des Maires du Jura

Il poursuit : " C’est au maire de faire le travail. Un site de l’État est prévu à cet effet. Pour les former, nous avons organisé sept sessions d’informations pratiques pour les maires et les secrétaires de mairie. Au total, 170 personnes ont été formées dans le département. "

Même volonté de formation, jugée indispensable, en Haute-Saône, à l’Association des Maires Ruraux. Son président, Jean-Paul Carteret, le maire de Lavoncourt, raconte : "Nous avons fait des webinaires tous les jeudis, avec l’Association des Maires de France. L’adressage, c’est une très bonne idée, mais ça prend du temps ! "

Certains en avance, d'autres presque en retard

Il y a ceux qui ont déjà devancé l’obligation légale. C’est le cas de Crenans, dans le Jura, qui n’a pas attendu l’obligation légale pour baptiser toutes ses rues. Dès 2008, le travail été fait. Le maire actuel, Jean-Jacques Faguet s’en félicite : " Les habitants ont été associés et ont choisi les noms. Je reconnais que la dénomination a été simple avec la « rue des grandes forêts » ou « rue de l’étang »

On n’a pas cherché la complication !

Jean-Jacques Faguet, maire de Cernans

  

Hervé Revol, le maire de Bonlieu, 250 habitants, ne s’est pas encore plié à cette obligation, mais il reconnaît son utilité, avec une belle frayeur rétrospective : " La commune a viabilisé 6 terrains à bâtir, dans une rue qu’on a appelé « Chemin du Tacot ». Deux maisons sont déjà occupées. La semaine dernière, un couple a dû appeler les secours pour son bébé. Le SMUR ne trouvait pas ce chemin. L’ambulance est allée dans une autre commune, Saint-Laurent-en Grandvaux, dans un autre Chemin du Tacot, à 12 km de chez nous. Heureusement, les secours sont arrivés quand même à temps. Donc, cet adressage, c’est vraiment indispensable. C’est la secrétaire de mairie qui va se former début février pour renseigner la base d’adresses locales. "

A priori, pas trop de difficultés pour renseigner la base sauf quand les maisons viennent d’être construites ou en cas de fusion de deux communes qui ont chacune une « Grande Rue ». L’une devra accepter d’en changer le nom.

Coups de main multiples

Un organisme a aidé les communes de la région à faire le travail nécessaire jusqu’à la fin de 2023 : l’Arnia, l’Agence Régionale du Numérique et de l’Intelligence Artificielle. Suzanne Nicey, animatrice, juge que la tâche à faire sur le site de l’État est loin d’être impossible à réaliser : « L’outil est très simple. Il faut cliquer sur les petits ronds et renseigner le numéro ou donner un nom de rue. Même les maires les plus âgés, qui n’ont pas forcément l’habitude de l’informatique, se régalent. C’est ludique quand on a compris le truc.»

D’autres organismes peuvent prendre le relai de l’Arnia et donner un coup de main aux élus. Dans le Jura, le Sidec, le syndicat intercommunal, se charge de cet accompagnement.

 Halte aux rumeurs

 

Attention, de fausses informations ont circulé : les noms de lieu-dit ou de hameau ne vont pas disparaître. Pour Suzanne Nicey, animatrice de l’Arnia, " Il n’est pas d’actualité que des noms disparaissent. Surtout pas ceux des hameaux. Dans le Haut-Jura ou les Vosges Saônoise, l’habitat est très dispersé, pas question de supprimer des noms de hameaux ! Ce serait trop dommage."

 

La diversité des noms fait tout le charme de nos campagnes et de nos villes. La base d’adresses peut toujours intégrer « Hameau du Magny » ou « Sous les prés du Mont ». Un régal pour les toponymistes, qui étudient, justement, les noms de lieux.

La Société d'Émulation à la rescousse

Et pourquoi ne pas être plus créatif ? Plus imaginatif ?

Dans le Jura, 250 communes environ n’ont pas encore rempli la base d’adresse. L’Association des Maires a sollicité la Société d'Émulation. Claude-Isabelle Brelot, secrétaire de cette association, explique : " Nous pouvons examiner l’histoire de la commune pour proposer des noms de personnages ou des dates d’événements historiques qui ont trait directement avec ce lieu. Ce sera vraiment une proposition individualisée. " Ses membres sont des passionnés d’histoire et de géographie. Elle-même a été professeur à l’Université de Lyon.

Prenons l'exemple de Lacuzon , un militaire comtois célèbre mais contreversé.  Elle rétorque : "Lacuzon, c’est un mythe. Nous pourrons proposer le nom de Lacuzon que s’il a participé à un événement dans la commune, pendant la Guerre de 10 ans, si l’événement est vraiment authentifié."

Bon à savoir : la Société d'Émulation est une association nationale qui se décline dans tous les départements.

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