"Ça ne va pas m'arracher une larme" : les syndicalistes de Stellantis réagissent au départ de Carlos Tavares

Le groupe Stellantis officialise, ce vendredi 11 octobre, le départ à la retraite de son directeur général Carlos Tavares, début 2026. Une annonce accueillie avec indifférence à l'usine historique de Sochaux, dans le Doubs.

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"68 ans, c'est un âge raisonnable pour prendre sa retraite", déclarait Carlos Tavares lors de sa visite de l'usine de Sochaux (Doubs), jeudi 3 octobre. C'est désormais confirmé : le patron du groupe Stellantis partira en janvier 2026, à la fin de son mandat. Le constructeur automobile l'a annoncé ce vendredi 11 octobre, dans la nuit. 

"Qu'il parte, ça ne va pas m'arracher une larme, réagit ce matin Jérôme Boussard, secrétaire général CGT de l'usine de Sochaux, dans le Doubs. Son mandat est une catastrophe pour les emplois, il a accéléré les suppressions de postes. " 

Durant son mandat, Carlos Tavares encouragera en effet régulièrement ses salariés à partir, et misera sur des pays à bas coûts comme le Brésil, le Maroc ou la Turquie. Des méthodes dénoncées par les syndicats en France, mais aussi en Italie et aux Etats-Unis. Lors de sa visite à Sochaux, le patron répondait à ces critiques : "Il est normal que tout le corps social de l'entreprise se mobilise pour réduire ses coûts."

"Le management de cette entreprise n'a pas peur d'être impopulaire."

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis

Arrivé en mars 2014 à la tête du conseil de PSA (Peugeot-Citröen), Carlos Tavares se fait un nom en redressant le groupe, affaibli par la crise qui avait fait chuter le marché européen des voitures neuves. Il pilotera, en 2021, la création de Stellantis, issu de la fusion du groupe avec FCA (Fiat-Chrysler). 

Stellantis en difficultés financières

L'annonce de sa retraite intervient alors que le groupe aux quinze marques fait face à des difficultés financières. En juillet, Stellantis publie un résultat en forte baisse au premier trimestre, dû à une chute de 18% des ventes en Amérique du Nord. Elles ont encore plongé de 20% au troisième trimestre. 

Face à cette "détérioration" globale du marché automobile sur le continent américain, Stellantis a dû réévaluer ses ambitions. Fin septembre, le groupe estime désormais son objectif de marge opérationnelle entre 5.5% et 7% pour 2024, bien loin des "deux chiffres" initialement annoncés. 

"Ce n'est pas Stellantis qui est (en difficulté), isolé au milieu de l'industrie automobile (...), C'est Stellantis, Volkswagen, BMW, Mercedes, et ce n'est probablement pas fini"

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis

Une situation qui agace les employés de l'usine, alors que le salaire de Carlos Tavares s'élevait à 36,5 millions d'euros en 2023. "Monsieur veut réduire les coûts, faire des économies, mais à côté de ça il prend 100 000 euros par jour", fustige Jérôme Boussard. 

Recherche de son successeur

Désormais, les salariés sont tournés vers l'avenir : "Qui est ce qui va arriver ensuite ? À quelle sauce on va être mangé ?", s'interroge le secrétaire CGT. 

"On a toujours la crainte de demain, que ça soit pire avec le nouveau patron."

Jérôme Boussard, secrétaire général CGT de l'usine de Sochaux

Nouveau patron qui n'est pas encore connu. Un processus d'identification du successeur de Carlos Tavares, confié à un comité spécial, a été formellement lancé ce vendredi 11 octobre. Il doit achever ses travaux au quatrième trimestre 2025. 

Le directeur général, lui, dit partir à la retraite suivant une "exigence" de son épouse. Il vit entre la France et le Portugal, où il possède des vignes et un garage de voitures anciennes. 

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