En novembre 2020, Nathanaël Lugbull a attrapé la covid-19. Fatigue, douleurs musculaires ou encore pertes de mémoires, ce buraliste de Sochaux (Doubs) subit encore les suites de cette maladie.
Depuis deux jours, c’est le brouillard dans l’esprit de Nathanaël Lugbull. Comme à chaque fois que le quadragénaire subit une rechute. De la fatigue, un épuisement moral, psychologique, des pertes de mémoire, des symptômes du covid qui durent et qui bousculent le quotidien du Comtois de 43 ans, depuis près d’un an.
A Sochaux, derrière son comptoir, le buraliste tente de se tenir droit. Il inspire, expire, prend les commandes avec difficulté. Des efforts décuplés que Nathanaël doit effectuer depuis près d’un an. Il raconte : « C’est compliqué de rester debout, de devoir tenir des conversations, de réfléchir à chaque fois, au rendu de monnaie. »
Dans le coltard
En novembre 2020, Nathanaël contracte le virus. Sandrine, son épouse, et ses enfants aussi. « Chacun avait des symptômes différents », se remémore-t-il. Le père de famille est le seul à être hospitalisé, puis placé sous oxygène. Il y reste un mois. « Je m’en rappelle même pas, tellement j’étais dans le coltard, explique-t-il. C’est comme s’il ne s’était passé que quatre ou cinq jours. »
Sandrine, elle, s’en souvient encore. « J’étais impressionnée par la rapidité avec laquelle la situation s’est dégradée. En 48 heures, Nathanaël était déjà aux urgences. » Un an après, la compagne de Nathanaël ne reconnaît plus son mari. Elle détaille : « C’était quelqu’un d’hyperactif, il était toujours dehors, il adorait être dehors. Ses capacités physiques sont réduites. Ses capacités psychologiques aussi. Il le vit très mal. » Et depuis, la vie de famille en prend un coup. « Tout est un effort. Prendre son petit déjeuner, c’est un effort. Se raser, c’est un effort. Être à table avec les enfants et discuter, c’est un effort, confie Sandrine. Tout devient problématique. Autant pour lui que pour son entourage. »
Une maladie inédite
« Le fait de ne pas savoir si c’est vraiment la maladie, ou si c’est autre chose. On ne peut pas comparer et les médecins ne savent pas. Tout le monde est dans le flou », se désole le quadragénaire. Les patients atteints de covid long seraient près de 500 000 en France. Tous restent sans solution, comme l’explique Nathanaël : « Il n’y a aucun suivi. La maladie est quand même nouvelle. On a l’impression qu’ils traitent l’urgence des cas de covid actuels, mais on ne traite pas les personnes atteintes de covid sur le long terme. »
A force d'entendre des témoignages de personnes atteintes de covid long, le député Michel Zumkeller a émis une proposition de loi : « Il faut le rappeler : le covid long, c’est une maladie spécifique, qui nécessite un traitement spécifique », entonne l’élu du groupe UAI (UDI, Agir et indépendants). Pour faire face au désarroi de ces patients, Michel Zumkeller a souhaité créer un nouveau service : « Ce sera une plateforme où on peut exprimer tous les symptômes que l’on a. Une plateforme suivie avec des questionnaires médicaux. Ces questionnaires sont ensuite analysés. Et l’assurance maladie et l’Etat vont guider ces personnes vers un vrai parcours de soin. » Le projet de loi a été voté à l'unanimité le 27 novembre dernier par l'Assemblée Nationale.
