Dans le Haut-Doubs, le loup a multiplié les attaques ces derniers mois tuant une trentaine de bêtes, des bovins essentiellement. Dans le Doubs central, certains éleveurs travaillent depuis plusieurs années avec des chiens de protection pour se protéger des prédateurs, mais des vols de leurs animaux. Rencontre.
Chez les frères Thouret à Baume-les-Dames (Doubs), les brebis sont surveillées depuis près de quatre ans par des patous ou chiens des Pyrénées. Des chiens qui sont élevés avec les bêtes et se considèrent comme l’une d’entre elles. Le patou protège le troupeau contre toute intrusion. Coût d’achat : 1500 euros pour un chien. Trois patous travaillent sur l’exploitation, des pancartes avertissent les promeneurs de leur présence.
En 2018, ces agriculteurs ont d’abord pris des chiens patou pour lutter contre les vols de moutons, et les prédations par le lynx. “Le lynx nous mangeait entre 5 et 7 brebis l’été. On partait du principe qu’il était là avant nous, qu’il y en avait moins que maintenant. Un lynx va prendre une brebis dans les 50 kilos, il va mettre une dizaine de jours à la manger. Un loup qui s’enfile dans un troupeau va tuer 25 brebis et manger l’équivalent d’un kilo de viande. Et le lendemain soir, il va recommencer” confie Gaël Thouret.
Prêts face au loup ?
Grégoire et Gaël Thouret, savent que le loup est présent dans le département et que tôt ou tard, ils pourraient être la cible d’attaques. “Si le loup arrive, on est prêts, on a les chiens en tout cas. On ne peut pas dire qu’on n'a pas peur du loup quand même, on appréhende la chose parce que même avec les chiens, on ne sait pas ce qu’il peut se passer” note Grégoire Thouret.
Alors que leur troupeau va encore s’agrandir, les deux éleveurs ont décidé de s’équiper d’un quatrième chien. Ils sont en contact avec des éleveurs, agriculteurs d’autres régions pour mieux connaître le fonctionnement des patous et partager les bonnes pratiques. “On va reprendre un patou dans l’hiver pour mettre deux chiens par parcelle de moutons, un chien qui garde le troupeau pendant que l'autre va se battre en cas d’attaque. En ayant un chien supplémentaire, cela les fatigue moins."
Des patous pour protéger les bovins ?
Ces deux agriculteurs sont bien conscients des dégâts causés par les récentes attaques de loups dans le Haut-Doubs. Pour eux, la protection des troupeaux par le patou est une des solutions.
Je pense que pour les bovins, ce serait l’occasion d’essayer avec des patous, comme avec des chevaux, si ça prend trop de proportions. Il y a un intérêt à essayer ces choses-là. En agriculture, il faut être franc, certaines personnes trouvent que tout dérange, que ce soit un lynx, un loup, un renard, les sangliers pour les dégâts. À un moment, il faut apprendre à cohabiter avec tout le monde et que chacun reste à sa place, se respecter les uns les autres.
Gaël Thouret, éleveur
Le patou pas un chien de canapé
Les deux éleveurs ont appris au fil des ans à utiliser leur patou, à les dresser. “Ce n’est pas un chien de canapé, on sait que quand on a des choses à faire avec les moutons, il faut attacher les chiens” détaille Grégoire Thouret. L’hiver, les patous resteront dehors avec les béliers sinon ils se battent si on les rentre à l’intérieur. Outre le coût du chien, un patou leur coûte en alimentation annuelle l’équivalent de 6 brebis. Ils disent s’y retrouver sur le plan financier.