Son plumage bleu, rouge et jaune pourrait faire pâlir d'envie les perroquets. Le guêpier d'Europe est de plus en plus souvent observable dans nos contrées, du fait du réchauffement climatique.
Si vous avez eu de la chance de l’observer, vous vous êtes surement demandé ce que faisait en France cet oiseau aux allures d'espèce tropicale. C’est pourtant un oiseau européen, on le nomme même le guêpier d’Europe. Avec le réchauffement climatique, il remonte de plus en plus dans le nord de la France au printemps.
Parmi les 26 guêpiers, pour la plupart tropicaux, un seul s’observe chez nous. On le trouve en France et en Suisse aussi.
Ses caractéristiques
Il fait la taille d'un merle. Ses couleurs sont vives. Son plumage mêle le bleu, le brun orangé, le vert et le blanc. Son poitrail est bleu turquoise et ses yeux sont rouges avec une bande noire.
Muni d’un long bec arqué, c’est un chasseur redoutable. Il attrape ses proies en plein vol et se régale de guêpes, d’abeilles, de libellule, de scarabées ou de cigales.
Comme la chouette, tout ce qu’il ne digère pas, comme l’exosquelette de scarabée par exemple, est régurgité sous forme de pelotes.
Il niche en petite colonie, généralement en bord de falaise, le long d’une rivière ou dans des gravières, des carrières. Comme son cousin le martin-pêcheur, il s’aide de son bec pour creuser la terre afin d’y créer un tunnel. Au fond de cette galerie, la femelle y déposera ses œufs et y élèvera ses petits. Le terrier du guêpier comporte des galeries qui mènent à des faux nids pour tromper les prédateurs.
Dans les années 90, on comptait 30 couples en Franche-Comté. Aujourd’hui, ils seraient 500 couples. Le climat étant plus chaud, le volatile a remonté les cours d’eau, les rivières, la vallée du Rhône et de la Saône, du Rhin et du Doubs dans le Jura. Ils se sont habitués à toutes les rivières de la région.
Il passionne les photographes et les ornithologues
Photographe animalier depuis 4 ans, Patrice Gnecchi a pu immortaliser l’oiseau en juin. Une première pour ce photographe amateur.
Un oiseau arc-en-ciel, ce n’est pas habituel. Il est magnifique cet oiseau. C’est la première année que je l’observe. Je savais où le trouver. Je n’ai pas cherché longtemps.
Patrice Gnecchi, photographe animalier
Patrice Gnecchi a sa propre technique d’approche. Il se rend sur les lieux très tôt le matin et se limite à une heure d’observation pour ne pas déranger l’animal, quel qu’il soit. Au lever du jour, il s’est posté et a attendu le guêpier d’Europe. L’oiseau a fini par sortir de son terrier. Patrice Gnecchi nous raconte qu’il est facile de le repérer à l’oreille. Le chant du guêpier d’Europe s’entend de très loin. C’est un chant bref qui s’apparente à celui de la tourterelle, nous dit-il.
Samuel Maas est ornithologue à la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Il nous communique volontiers des informations sur cet oiseau qu’il apprécie particulièrement.
C’est un cocktail de couleurs incroyables qui font de cet espère un joyau de l’avifaune de la Franche-Comté.
Samuel Maas, ornithologue, LPO
Selon lui, puisqu’on a la chance de voir arriver au printemps cette belle espèce d’oiseau, il faut chercher à le rencontrer. Mais attention à ne pas le déranger. D’autant que nous rappelle-t-il, avec la quantité importante d’eau tombée depuis des mois, les nids des oiseaux ont été inondés à plusieurs reprises. Il faut maintenant éviter le dérangement. La LPO a interdit l'accès à certains sites où l'on peut l'observer.
Ailleurs, pour l'admirer, il faut que ce soit de loin et sans faire de bruit. Samuel Maas va même plus loin. En amoureux des oiseaux et particulièrement du guêpier d'Europe, il n'hésite pas à reprendre, en ses mots, une phrase tristement célèbre.
Celui qui n’a jamais vu de guêpier dans sa vie, l'a ratée
Samuel Maas, ornithologue, LPO
À vos jumelles donc et à vos appareils photos.
Les guêpiers repartiront fin août, début septembre. Ils prendront la direction de l’Afrique de l’Ouest et il faudra attendre huit mois avant de les revoir.