Guillaume Larrivé, du "coup d'Etat Macron" aux portes du gouvernement

Le nom de Guillaume Larrivé revient avec insistance pour rejoindre les rangs du gouvernement. S'il appelle aujourd'hui à l'union nationale, le député LR de l'Yonne n'a eu de cesse de critiquer le chef de l'Etat au début du quinquennat.

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C'était en novembre 2018. Un petit livre rouge, réquisitoire contre le chef de l'Etat, sort dans les librairies : "le coup d'Etat Macron : le Prince contre la Nation". Sur la 4e de couverture, son auteur, Guillaume Larrivé, s'interroge : "qu'est-ce que le macronisme ? Un nouvel absolutisme au pouvoir (...). Celle d'un coup d'Etat insidieux, par lequel le Prince cherche à accaparer, mois après mois, tous les pouvoirs de l'Etat. Sa présidence égocratique est celle d'une régression antidémocratique". Le député LR de l'Yonne conclut son année politique comme il l'avait commencée, en sniper du pouvoir en place. Et s'affirme en figure toujours plus montante de la droite.

Durant les premiers mois du quinquennat - et même avant l'élection d'Emmanuel Macron - Guillaume Larrivé ne met aucun mouchoir sur ses critiques à l'égard de la République en Marche. Durant l'entre-deux-tours, par exemple, dans son fief de Puisaye, à Toucy, il refuse le front républicain et déclare qu'il votera blanc, "à titre personnel, car il n'y a pas de bonne solution pour la France". L'affaire Benalla lui donne aussi une inattendue tribune médiatique : co-rapporteur de la commission d'enquête à l'Assemblée Nationale, il en claque la porte après quelques jours d'auditions, en dénonçant "une parodie".

Seul député LR à voter la confiance au gouvernement Castex


Que s'est-il donc passé, en un peu plus d'un an, pour que Guillaume Larrivé en vienne à être le seul député LR à voter la confiance au gouvernement Jean Castex ? Dans une interview au Figaro du 23 juillet 2020, le député de l'Yonne explique que "le président de la République trace un nouveau chemin. La France de 2020 n'est plus dans la même situation qu'en 2017".
 

Révolte sociale, catastrophe sanitaire, choc économique... l'enchaînement des crises conduirait la France près de l'effondrement. Voire même de la "guerre civile". Une pensée déjà développée dans une tribune dans le journal l'Opinion, en avril 2020. Guillaume Larrivé en appelle désormais à "l'union nationale", et souhaite le succès du chef de l'Etat et du gouvernement. Une question de "salut public".
 

"Je ne me reconnais pas dans la tonalité sectaire et protestataire qui domine l'actuelle direction nationale des LR"

Guillaume Larrivé



Au passage, le parti "les Républicains" en prend pour son grade. Celui qui était il y a quelques mois encore secrétaire général délégué critique un parti "sans leadership, ni projet, ni méthode", et ne se reconnaît plus "dans la tonalité sectaire et protestataire qui domine l'actuelle direction nationale". Le Canard Enchaîné lui prête des propos encore moins amènes. La rupture est proche.
Mais la première fracture remonte à l'automne 2019, lors de l'élection à la présidence des LR. Candidat à la succession de Laurent Wanquiez (qu'il avait soutenu lors du Congrès de 2017), le député de l'Yonne n'arrive qu'en 3e position, avec 16,1% des voix, très loin derrière Christian Jacob. Il disparaît alors de l'organigramme du parti.


En janvier 2019, Guillaume Larrivé réaffirmait ses ambitions nationales en renonçant à se présenter à la mairie d'Auxerre. Dans une salle Vaulabelle tout acquise à sa cause, il raillait - sans jamais le citer - l'opportunisme de son (ex) collègue icaunais Jean-Baptiste Lemoyne, premier LR à franchir le Rubicon En Marche, nommé secrétaire d'Etat au tourisme et au commerce extérieur. Pourrait-il, lui aussi, rejoindre les rangs du gouvernement et se retrouver sur la même photo de famille ? Ce ne serait pas la dernière des ironies.
 

Une trajectoire à la Jean-Pierre Soisson ?


Ce qui peut jouer en sa faveur, ce sont ses appels à "faire Nation", pour reprendre les mots du président de la République. Guillaume Larrivé, qui a travaillé avec Jean Castex à l'Elysée, sous Nicolas Sarkozy, serait la dernière prise de guerre aux Républicains. Mais quel secrétariat d'Etat lui attribuer ? Difficile de l'imaginer sous la tutelle d'un ministre de sensibilité de gauche. Et son image droitière peut aussi être encombrante, à l'heure où le gouvernement tente de donner des gages à l'électorat écologiste. S'il veut se convaincre que le jeu reste ouvert, Guillaume Larrivé n'a pas à chercher bien loin l'inspiration : celui qui lui a mis le pied à l'étrier en politique s'appelle Jean-Pierre Soisson.
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