Biches et chevreuils ivres : pourquoi ces animaux peuvent-ils se comporter bizarrement au printemps ?

Leur comportement intrigue, et pour cause : au printemps, il n'est pas rare de croiser un chevreuil ou une biche ivre. Le responsable ? Leur alimentation. On vous explique tout sur ce phénomène.

Une biche qui s'endort dans le jardin d'une maison, ou un chevreuil qui zigzague non loin d'habitations : dans le massif du Jura et des Vosges, le mois d'avril venu, la scène n'est pas invraisemblable. En 2016, un chevreuil ayant abusé de consommation de bourgeons s'était introduit dans la cour de la gendarmerie à Lons-le-Saunier dans le Jura.

Car au printemps, ces ruminants sauvages sont ivres. Explications d'un phénomène naturel bénin pour la faune sauvage. 

"Tous les ans, on a des retours de gens qui ont observé des chevreuils qui avaient un comportement étonnant" confirme Pierre Benedeto, directeur adjoint de la fédération départementale des chasseurs de Haute-Saône. "On peut les rencontrer tout près des routes ou des habitations" décrit le directeur adjoint, "ils peuvent avoir un déplacement un peu titubant, hésitant".

Si ces comportements ne sont pas dangereux, aucun des interlocuteurs à qui nous nous sommes adressés n'a par exemple relevé d'augmentation des accidents pendant cette période. Le phénomène amuse. Pascal Blain, administrateur de France Nature Environnement en Bourgogne-Franche-Comté, qualifie même cette "subite gaîté" d'un peu "merveilleuse" : "les chevreuils, biches, cerfs et jeunes faons"  vont avoir "une espèce d'envie de jouer, de courir, avec des galops et des sauts un peu inopinés". Il précise que le phénomène concerne surtout les ruminants.

Des délicieux bourgeons "magiques", mais pas seulement

En cause, l'alimentation de ces animaux : "Les bourgeons éclosent, les chevreuils en sont friands, et cette consommation les rend un peu ivres" résume Pierre Benedeto. 

Il y a l'apparition d'une flore tout à fait nouvelle, et les animaux ont une plus grande appétence, ils vont manger davantage, et cet excédent de nourriture dans le système digestif va provoquer une espèce d'alcoolisation.

Pascal Blain, administrateur de France Nature Environnement

Contrairement à la croyance populaire, les bourgeons des sapins ne sont pas les seuls responsables du phénomène. "Lorsque la végétation débourre, certaines plantes fabriquent des composés secondaires qui peuvent, en l'état, ou après fermentation gastrique, induire des effets secondaires de ce type" décrit un feuillet pédagogique de l'Office Français de la Biodiversité de Haute-Saône. "C'est le cas par exemple de la bourdaine, et des alcaloïdes contenus dans ses bourgeons, ou plus tard ses fruits". 

Des oiseaux ivres aussi ? 

L'OFB précise que les biches et chevreuils ne vont pas forcément particulièrement rechercher les plantes ayant ces vertus : elles sont cependant très fortement présentes dans leur environnement pendant quelques semaines. "À cette saison, les feuilles sont de structures plus jeunes, gorgées d'eau, et les fleurs, de sucs".

Les ruminants ne sont pas les seuls animaux à pouvoir montrer des signes d'ivresse : oiseaux et mammifères peuvent aussi à l'occasion abuser de fruits fermentés. Pascal Blain précise que les animaux domestiques ne sont pas non plus à l'abri du phénomène : selon l'administrateur FNE, les vaches seraient aussi parfois concernées. 

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