L'abattage a été suspendu mercredi 19 juin 2024 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône). Le personnel n'était plus suffisant pour assurer le fonctionnement normal des installations. Une réunion de crise a eu lieu sur le site ce jeudi 20 juin pour trouver des solutions d'urgence.
"Pas d'abattage jusqu'à nouvel ordre". Sur la grille, à l'entrée de l'abattoir de Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône), le seul du département, le message est clair. Faute de personnel suffisant, les installations sont à l'arrêt. Le conseil d'administration de la Société d’Abattage des Vosges Saônoises s'est retrouvé sur place ce jeudi 20 juin 2024 pour une réunion de crise.
"On manque cruellement de personnel, explique à France 3 Franche-Comté Laurent Jéchoux, le président de la Société d’Abattage des Vosges Saônoises. On a quatre personnes qui sont en arrêt ou en accident du travail. On n'était plus que cinq sur la chaîne et il faudrait qu'on soit 11. Évidemment, les services de l'État m'ont alerté sur les problèmes sanitaires et les problèmes de bien-être animal qu'il pouvait y avoir. Donc, on a immédiatement pris la décision de suspendre les abattages."
"Il n'y a pas d'école"
Depuis des mois, le sous-effectif est chronique, la main-d’œuvre difficile à trouver, reconnaît la direction. "D'habitude, quand quelqu’un était en arrêt, on arrivait à trouver des personnes en intérim, confie Laurent Jéchoux. On a actuellement deux travailleurs portugais dans l'équipe, mais on a passé des annonces, et on ne trouve personne pour assurer correctement les tâches sur la chaîne d'abattage." Il aurait peut-être trouvé de nouveaux intérimaires au Portugal : quatre personnes pourraient être au travail en Haute-Saône dès la semaine prochaine, mais rien n'est encore sûr.
Il n'y a pas d'école pour travailler dans un abattoir, ça n'existe pas. Les gens qui travaillent ici ont été formés par les anciens salariés. Mais c'est vrai qu'on ne peut pas se mettre sur un poste du jour au lendemain.
Laurent Jéchoux, le président de la Société d’Abattage des Vosges Saônoises.
"On a des outils rotatifs, des scies, des couteaux, des palans, un accident serait trop vite arrivé. Il faut que la personne soit un minimum formée et formée aussi au respect des règles sanitaires", poursuit-il.
Abatteurs et bouchers déroutés
En attendant, les abatteurs et bouchers qui venaient ici trois à quatre fois par semaine, ont dû se replier vers l'abattoir de Besançon (Doubs) qui nécessite 1h30 de route. Une solution qui ne sera tenable dans le temps, assure-t-on. "C'est arrivé comme un coup de tonnerre, reconnaît Jean-Michel Ferry, le gérant de Haute-Saône Bétail. Éleveur, abatteur et négociant en viande, il est aujourd'hui directement pénalisé par cette fermeture, même provisoire. "On est spécialisé dans l'abattage rituel et on ne peut plus commercialiser, explique-t-il. La viande halal, cela représente 30% pour l'abattoir et nous, on doit en faire au moins 20%."
Le volume d'abattage à Luxeuil-les-Bains est de 1800 tonnes par an. Une semaine de fermeture correspond à 30 ou 40 tonnes.
On nous parle de proximité, il faut abattre les bêtes le plus près possible et aujourd'hui on nous supprime els abattoirs. Vous en avez 1600 en Italie, 3400 en Allemagne et suelement 200 à 240 en France. Comment faire ?
Jean-Michel Ferry, gérant de Haute-Saône Bétail.
En 2015, l'abattoir était passé tout près d'une fermeture définitive. 18 mois de travaux et un investissement de 2,7 millions d'euros avaient été nécessaires pour mettre l'infrastructure aux normes sanitaires européennes et relancer la machine. En 2021, il avait obtenu des aides de l'État dans le cadre du plan France Relance. Huit abattoirs de la région Bourgogne-Franche-Comté devaient alors se partager une enveloppe de 3 millions d'euros pour moderniser leur outil de travail.