“Ça va nous remettre dans le chaos et l’incertitude” : la douche froide des agriculteurs après le vote de la motion de censure

La motion de censure votée mercredi 4 décembre contre le gouvernement de Michel Barnier inquiète les agriculteurs notamment en Bourgogne-Franche-Comté.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Douche froide, colère, inquiétude. Plein les bottes. Au lendemain de la chute du gouvernement Barnier, les agriculteurs sont dans l’attente. Christophe Chambon, secrétaire général adjoint FNSEA, et président FRSEA Bourgogne-Franche-Comté ne mâche pas ses mots. “On dénonce l’attitude de l’ensemble des députés. Depuis un an, on est mobilisés pour obtenir des avancées, faire bouger les lignes. Au moment où on arrive au vote de la PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) et qu’on allait avoir du concret, on se retrouve à zéro, c’est une déception” dit-il.  

L’homme se doute que les dernières annonces faites par la ministre Annie Genevard (LR) ne seront pas concrétisées. Il s’interroge sur les mesures d’urgence qui avaient été annoncées pour aider les agriculteurs face à la fièvre catarrhale notamment. Quid du GNR ? Des aides pour les agriculteurs employant des saisonniers ? Des mesures de simplification comme l’avance de trésorerie de la PAC ? “On ne sait pas” affirme Christophe Chambon. 

En Haute-Saône, l’agriculteur Arnaud Grandidier évoque lui aussi sa déception. Il se réjouissait comme d’autres des mesures annoncées ces dernières semaines, notamment la prise en compte des 25 meilleures années pour la retraite des agriculteurs. “Ces mesures ne se feront pas, tant qu’on n'aura pas un nouveau gouvernement. C’est inquiétant pour nous forcément. Et si en plus, il y a les accords du Mercosur, c’est une grosse catastrophe pour le monde agricole en France” estime cet agriculteur membre de la FDSEA de Haute-Saône. 

Il y a eu la dissolution et maintenant la motion de censure, on n’avance pas.

Arnaud Grandidier, agriculteur en Haute-Saône, membre de la FDSEA

Les députés devront s’expliquer !

Quelques heures avant le vote de la motion de censure, des organisations syndicales agricoles en Bourgogne-Franche-Comté ont écrit aux députés. 

Dans un courrier que l’agence France presse a pu consulter, les Jeunes Agriculteurs (JA) et la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) de Bourgogne-Franche-Comté indiquaient qu'ils seront "extrêmement vigilants envers les élus qui, par leur vote, empêcheraient la mise en œuvre de mesures urgentes pour le secteur agricole" prévues dans le budget 2025.

Dans leur lettre, les syndicats rappellent qu'en début d'année, des mesures avaient été envisagées par le gouvernement Attal puis abandonnées avec la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron.

Les députés qui voteront en faveur de la censure du gouvernement Barnier recevront "la visite des agriculteurs pour avoir des explications sur leur position", ont prévenu les syndicats de la profession en Bourgogne-Franche-Comté. Chaque fédération départementale s'organisera comme elle le souhaite, assure ce jeudi matin Christophe Chambon, mais pas question de ne pas se faire entendre.

Il nous faut des explications, on ne veut pas être les barrières d’ajustement dans des guérillas politiques. Ce qu’on demande, c’est une stabilité pour obtenir des avancées attendues par le monde agricole.

Christophe Chambon, président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles (FRSEA) de Bourgogne-Franche-Comté

Que sera demain pour les agriculteurs ? 

Dans un message adressé aux agriculteurs avant le vote de la motion de censure, la ministre de l’agriculture Annie Genevard a prévenu : “Aussi, ceux qui préconisent depuis hier après-midi cette censure du Gouvernement et le rejet du budget devront assumer devant un monde agricole en souffrance que, ce faisant, ce sont toutes ces promesses qu’ils ont balayées.”

Dans les rangs des députés qui ont voté la censure, on se veut rassurant. Antoine Villedieu, député RN en Haute-Saône, s’attend à la nomination rapide d’un nouveau premier ministre. “Il faut que les agriculteurs comprennent que 13 % du budget de l’agriculteur était amputé sur ce projet de loi de finances” affirme-t-il. “On va rediscuter un budget. On veut que les mesures des agriculteurs y soient réinsérées, et même renforcées” assure le député de Haute-Saône. 

"Tout gouvernement qui ne viendrait pas en soutien de notre agriculture ferait l’objet d’une censure immédiate par l’Union des Droites pour la République et son allié du Rassemblement National" répond le député du Doubs Mathieu Bloch (LR-RN) aux agriculteurs auteurs de la lettre adressée aux députés de Bourgogne-Franche-Comté.

L’autoroute A2 bloquée par des agriculteurs entre Lille et Bruxelles

L'autoroute A2 entre Lille et Bruxelles est fermée ce jeudi matin en raison d'une mobilisation d'agriculteurs français et belges rassemblés dès mercredi soir à la frontière pour dire leur opposition commune au Mercosur.

À l'appel de la coordination rurale, des agriculteurs ont mené des opérations de contrôle sur les routes dans le Nord, les Ardennes, et le Pas-de-Calais, a indiqué Patrick Legras, porte-parole national de la Coordination rurale joint par l'AFP.

Il faut qu'on arrête de se moquer de nous. Chute du gouvernement ou pas, il y a une personne qui est là depuis quatre ans, c'est le président de la République...C'est à lui de prendre les décisions et dire: "on va discuter, il y a un problème, on va revenir sur les normes européennes."

Patrick Legras, porte parole national de la Coordination rurale

AFP

Le président de la République Emmanuel Macron doit s’adresser aux Français, ce jeudi à 20 heures. Il ne pourra pas ignorer les agriculteurs, alors qu’un sommet du Mercosur se tient les 5 et 6 décembre 2024 en Uruguay. Les agriculteurs français craignent des importations massives de produits à des prix plus compétitifs, ne répondant pas aux mêmes normes environnementales et sociales que ceux produits en Europe.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information