Ce lundi 20 septembre, des résidents de l’Ehpad de Gray en Haute-Saône se sont envolés dans les airs. De précieuses minutes de bonheur, pour goûter à un nouvel horizon.
À 101 ans, Marie-Louise Royer n’est pas du genre à avoir peur. Il faut dire que sous ses cheveux blancs, l’aventure a fait partie de sa vie. “Je n’ai aucune idée de ce qui m’attend là-haut, je pense que ça va me plaire. Quand on est casse-cou, on suit !” confie-t-elle juste avant de monter dans le petit avion. La centenaire est une sportive. Médaillée jeunesse et sports à 67 ans, elle a toujours aimé la montagne. “Les randonnées, j’en ai fait en France et à l'étranger. Partir 8 jours, dormir n’importe où, ça ne me faisait rien, j’ai toujours aimé ça. Et j’ai encore ça dans la peau, ça me manque beaucoup” dit-elle de ses yeux bleus encore riants.
Le petit avion décolle et Marie-Louise sous son casque découvre des paysages qu’elle connaît bien. Pendant les minutes de vol, le pilote et la centenaire se racontent un bout de leur vie. “On a fait un beau tour, on est passé au-dessus de la vallée de la Saône, du château de Ray-sur-Saône, on a vu de beaux coins, j’ai même vu le lycée Fertet à Gray, le 150 de la rue de Dijon où j’ai vécu” raconte Marie-Louise.
Pour Jérôme Cannelle, pilote et gérant de Gray Light Aviation, ce vol restera un beau moment. “Elle a vraiment la tête sur les épaules, elle m’a raconté qu’elle avait été infirmière scolaire, qu’elle avait travaillé jusqu’à 70 ans. Elle a bien reconnu sa maison, tous les petits villages. Je lui tire mon chapeau, car à bientôt 102 ans, c’est vraiment exceptionnel. Vieillir dans ces conditions, comme ça, on en rêve tous” lance le pilote touchée par cette rencontre d’un jour.
Pas de lunettes, pas d'appareil pour entendre, Marie-Louise est en forme. "Je ne veux surtout pas être une Jeanne Calment" confie-t-elle en riant à notre journaliste. "Qu'on me garde encore un an, ça suffit, vous savez. Qu'est-ce qu'on fait là ? Il y a des jours où ça va, des jours où ça baisse" confie la centenaire lucide sur le temps qui passe.
Cet après-midi, Marie-Louise a le moral. Elle est venue s’envoler avec d’autres résidents de plus de 90 ans !. Des femmes pour la plupart. Comme Josette qui a lancé l’idée de cette évasions par la voie des airs. “On regardait toujours les avions passer depuis le parc, là, c’est trop tard pour se débiner” lance-t-elle amusée. “Je suis toujours partante, moi, le plus loin possible, bon, je ne parle pas de mourir oh non !” renchérit Arlette. Liliane se réjouit déjà de son vol “on est bien là-haut, j’espère que cela va durer au moins une demi-heure” dit-elle avant d’embarquer.
Vieillir, et vivre encore ses rêves
Au sol, le personnel de l’Ehpad veille aux petits soins pour ces mamies qui montent avec précaution et lenteur dans les avions mis à disposition ce jour-là. “C’est beau à cet âge d’avoir des rêves et de faire des choses comme celle-ci. Il y a une petite appréhension pour nous, mais c’est tellement bien pour eux” estime Delphine Nardella, animatrice en chef de l’Ehpad.
Reportage E.Rivallain et A.Laroche
“C’est que du bonheur de les voir prendre du plaisir à s’envoler après tout ce qu’on a vécu” conclut Frédéric Meunier directeur de l’établissement. Cette escapade dans les airs aura été un bol d’air très apprécié pour ces résidents et personnels qui vivent depuis plus d’un an et demi sous la menace d’un ennemi invisible dans l’air, le coronavirus.