Haute-Saône : le 608, un bus indispensable pour les habitants des zones rurales entre Gray et Vesoul

La route qui mène de Gray à Vesoul traverse un territoire sinistré. Désindustrialisation, désertification, fermeture des services publics… Les maux se cumulent sur cette région de la Haute-Saône. Pour relier les deux villes, il y a un bus, le 608. Tous les jours, des travailleurs, des lycéens mais aussi des chômeurs et des retraités empruntent cette ligne.

La ligne 608 qui relie Gray à Vesoul roule sur les petites routes sinueuses de Haute-Saône.
Dehors, les maisons du village défilent. Les volets sont fermés et plusieurs panneaux à vendre sont accrochés sur les devantures. Les habitants de petites communes empruntent cette ligne pour se rendre dans l’une des petites villes qui jalonnent le parcours. Une dizaine de communes qui n’a que ce moyen de transport pour se relier au monde. La ligne de chemin de fer est à l’abandon et les wagons entreposés sur des rails sans plus aucune destination. Les voies ressemblent à un jardin abandonné où la nature a repris ses droits.

Fin des années 50, début des années 60, des lignes régulières de bus sont mises en place entre les campagnes et les villes.
Ces lignes s’adressent essentiellement à une population captive. Au fil des années, la fréquentation de ces lignes a diminué au profit de la voiture. Pourtant, posséder une voiture est souvent un luxe que beaucoup ne peuvent plus se permettre.
Depuis 2019, la Région Bourgogne-Franche-Comté a mis en place une nouvelle offre tarifaire harmonisée pour les cars. Le trajet en bus ne coûte que 1€50. Imbattable !

En Haute-Saône, le bus est bien plus qu’un moyen de transport économique. Il raconte aussi des histoires. Des histoires de Français qui ont le sentiment de vivre dans un territoire de seconde classe, à des milliers de kilomètres des lumières des grandes villes.

La mobilité, une norme nécessaire

Selon le rapport "Isolement relationnel et mobilité" de 2019 de la Fondation de France : L’aptitude à la mobilité est, bien plus aujourd’hui qu’hier, une condition indispensable à l’insertion sociale et économique…ce n’est plus seulement un choix, elle est devenue une impérieuse nécessité.

Dans ces zones rurales, le manque de commerces de proximité amène à se déplacer régulièrement. Pour Elisabeth, 83 ans, la ligne 608 est le seul moyen de faire ses courses, particulièrement le jeudi matin pour se rendre au marché de Vesoul. Vivant seule, elle déplore l’isolement dans lequel elle se trouve dans son petit village de 600 habitants.

Il n’y a plus personne ici ! C’est dur pour moi, je ne rencontre plus personne, les gens passent en voiture…

Elisabeth, retraitée et usagère de la ligne 608

La ligne 608 est pour la plupart des jeunes étudiants le seul moyen de se rendre dans leur établissement scolaire.
Un rituel chaque matin pour Christopher qui doit d’abord prendre sa voiture pour les 3 kilomètres qui sépare son domicile de l’arrêt d’autocar le plus proche. Pour se rendre à son IUT il doit effectuer un trajet d’environ 1 heure avec 2 bus différents. S’il possède une voiture qui lui permettrait de se rendre plus rapidement sur son lieu de scolarité, le bus reste le moyen le plus économique pour le jeune homme de se rendre en cours. Durant le trajet, Christopher apprécie le calme et le silence qui règnent dans le bus.
Maëline est une jeune fille de 17 ans. Elle est lycéenne à Gray et prend le bus tous les matins.

Dans son village de Vellexon, elle croise peu de personnes de son âge. Elle se sent isolée car en dehors des transports en commun, elle n’a aucune possibilité de se rendre dans les villes alentours pour retrouver ses amis. Pour chaque déplacement hors trajet scolaire, elle doit, comme beaucoup d’autres jeunes, demander à sa famille de la conduire en voiture. Une requête qu’elle fait le moins souvent possible, consciente du nombre de kilomètres à parcourir et des frais d’essence que cela engage pour ses parents.

C’est compliqué d’être adolescent en campagne, on n’a pas tous les moyens de se déplacer de façon autonome.

Maëline, lycéenne et usagère de la ligne 608

Le trajet en autocar permet également de s’octroyer une plage de décompression entre le travail et le domicile. Frédéric, 45 ans, habite à Frotey-lès-Vesoul et travaille à Arc-lès-Gray, à 1 heure de son domicile. Il prend régulièrement le bus pour effectuer ces allers-retours.

Après une longue journée, quand je suis fatigué je suis content de monter dans le bus, je peux me reposer et arriver l’esprit plus calme.

Frédéric, salarié et usager de la ligne 608

La vie le long de la Saône n’est pas un long fleuve tranquille et le film Ligne 608 nous interroge sur la problématique liée à l’isolement de la ruralité.
A travers les portraits de cinq usagers, Ligne 608 dessine le visage d’une campagne qui a souffert mais qui n’est pas pour autant privée de vie !  

"Ligne 608", un film d’Amélia Sarmento et Clara Kawczak

Une coproduction France Télévisions / VDH Production

♦ Diffusion jeudi 1er septembre à 23h et lundi 5 septembre à 9h05

♦ A revoir sur la page des documentaires.

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