Souffrant de handicap mental, Christian Piller a commencé à travailler à l’âge de 20 ans. Après 35 années d’activité, il prend sa retraite en Haute-Saône et va tourner la page de l'atelier d'horticulture de l'ADAPEI. Une satisfaction pour lui et sa famille, qui témoigne qu’il est possible de surmonter un handicap.
Il n’aime pas une seule fleur en particulier, il les aime toutes. Christian Piller travaille à la serre de l’ADAPEI de Gevigney-et-Mercey en Haute-Saône. Tous les jours depuis bien longtemps, il arrose, il conseille, il nettoie. Âgé de 55 ans, Christian prend sa retraite, bien méritée, après 35 ans d’activité. Car avant l’horticulture, il a travaillé en blanchisserie, a fabriqué des pièces pour les fenêtres de toit… Alors qu’il souffre d’un handicap mental. « Comme quoi tout est possible ! » se réjouit sa sœur Karine.
Ce samedi 29 juin, des fleurs, il en recevra sans doute, et pas que ça d’ailleurs, car il fêtera son départ en retraite de l’ADAPEI, entouré de sa famille et de ses amis. Rendez-vous est donné à la mairie.
Je vais m’offrir un beau voyage grâce à l’urne ouverte pour moi. Je vais aussi profiter de ma mère, de ma soeur, de mon neveu et de mon beau-frère
Christian Piller
Christian Piller est né le 30 juin 1969 à Lure, il est le fils de Madeleine et Aimé Piller. Il perd son papa à l’âge de 7 ans, sa mère l’élèvera seule plusieurs années avant qu’elle ne rencontre le beau-papa de Christian, Maurice Guillier, qui le considérera comme son fils. Christian a intégré l’école maternelle et primaire à Ternuay puis il a intégré plusieurs centres adaptés à Giromagny, Bavilliers puis l’ESAT de Gevigney-et-Mercerey en Haute-Saône où il vit en toute autonomie du lundi matin au vendredi soir.
Il a commencé à travailler à l'âge de 20 ans
Encadré pendant ses heures de travail, Christian a su évoluer. Il sait lire et maîtrise l'écriture. De simple résidant à l’ESAT, il a su acquérir de l’autonomie et gravir les échelons pour occuper un poste.
Parallèlement à son travail, Christian a su s’insérer socialement en donnant un coup de main au comité des fêtes de Gevigney-et-Mercerey et au Téléthon. Il pousse également la chansonnette à la chorale du village. Tous ces investissements sont un moteur à son existence et le rendent plus fort. Des personnes qu’il rencontre, il en puise une satisfaction débordante et un enrichissement personnel.
Je suis extrêmement fière de lui et j'ai envie qu'on puisse montrer que malgré le handicap on peut vivre et jamais je ne l'abandonnerai
Karine Guillier, sœur et tutrice de Christian Piller
Côté loisirs, Christian apprécie particulièrement l’accordéon et la marche à pied ! Pas moins de 20 kilomètres la dernière fois, en forêt ou en ville qu’importe, la marche ça n’use pas ses chaussures !
Christian est décrit comme étant une personne gentille et généreuse. Mais à sa retraite, il pensera un peu plus à lui. « En fait, je suis plutôt content de partir en retraite, je vais me reposer » mais son altruisme, lui, ne sera pas mise de côté. « Je continuerai à donner un peu de mon temps à autrui » dit-il.
Après la célébration de sa retraite samedi, il va manquer à tout le monde dans le village et à l’ESAT de Gevigney-et-Mercerey. « Christian, c’est un monument, avec lui, on connaissait tous les potins du coin. Christian s’investit énormément dans la vie du village, il discute avec tout le monde et notamment les personnes âgées, ça va faire un vide après son départ, c’est sûr » témoigne son encadrante depuis 15 ans, à la serre de l’ESAT de Gevigney-et-Mercerey ». Au-delà de son départ en retraite, Christian témoigne d’une belle revanche sur la vie et le handicap.