Sanctions économiques contre la Russie : Le transporteur Gefco n'aura plus d'actionnariat russe

En pleine guerre en Ukraine, son actionnaire majoritaire russe était devenu gênant : le transporteur français Gefco, implanté historiquement en Franche-Comté, va racheter les 75% de parts des Chemins de Fer Russes (RZD), placés sous sanctions internationales en raison du conflit.

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Les 450 salariés de Bourgogne Franche-Comté de Gefco le pressentaient, c'est désormais officiel. 

"Le directoire de Gefco a décidé, avec l'accord de son Conseil de surveillance, que la société elle-même rachètera les 75% de ses parts actuellement détenues par les Chemins de Fer Russes", a indiqué la société dont l'acronyme signifie  Les Groupages Express de Franche-Comté.

Contactée, la direction  de Gefco n'a pas souhaité préciser les détails de l'opération, mais doit communiquer sur "l'évolution de (sa) structure actionnariale dans les prochains jours". La transaction pourrait avoir lieu à la mi-avril.

Gefco est une ancienne filiale du groupe automobile PSA Peugeot Citroën (devenu Stellantis), qui en a cédé 75% aux chemins de fer russes fin 2012 pour 800 millions d'euros. Les 25% restants appartiennent toujours à Stellantis.

"L'actionnaire majoritaire de Gefco (...) a été placé sous sanctions par les autorités américaines, européennes et britanniques", explique la société. "Toutes ces autorités s'accordent à dire que ces sanctions ne devraient pas avoir d'impact sur Gefco, qui est une société indépendante enregistrée en France".

Un groupe créé en Franche-Comté par Peugeot en 1949

Le groupe, qui transporte principalement des automobiles, compte 11.500 collaborateurs dans 47 pays, dont 3.400 en France ( 450 en Franche-Comté), pour un chiffre d'affaires de 4,2 milliards d'euros en 2021.

Le 6 mars dernier, nos confrères avaient recueilli l'interview de Patrice Clos, secrétaire général FO transports. Selon lui,  " les lignes de crédit des banques sont en train de se fermer. On voit qu'avec le Canada et les Etats Unis cela devient très compliqué, les compagnies aériennes refusent de prendre le fret Gefco. Je  pense que l'Etat français doit intervenir, quitte à reprendre les parts des russes par intermédiaire de Caisse des Dépots et Consignations. "

C'est une autre solution qui semble se mettre en place selon une information exclusive du journal Les Echos. L'armateur CMA-CGM serait sur les rangs pour sortir Gefco de ce mauvais pas.

"Le spécialiste du transport ferroviaire de véhicules neufs va, dans un premier temps, reprendre lui-même les 75 % détenus par son actionnaire russe RZD. Puis l'armateur et logisticien français rachètera la totalité du capital, pour une valeur totale d'entreprise d'un peu plus de 450 millions d'euros. Stellantis cédera, de son côté, ses 25 % dans la société."

A noter que Gefco a également des activités de transports maritimes depuis 1972.


"Malgré cette clarification, la conduite de nos affaires quotidiennes, avec nos clients et partenaires commerciaux du monde entier, est devenue extrêmement difficile en raison de la structure de notre actionnariat", admet le groupe.

Opération urgente

 

Contactée, la direction de Stellantis n'a pas souhaité commenter l'opération. Le géant du transport maritime CMA CGM, pressenti pour reprendre des parts dans Gefco n'a pas souhaité s'exprimer non plus.


"La situation crée à l'évidence un problème d'image, de réputation, et soulève des questions chez nos clients", expliquait le PDG de Gefco, Luc Nadal, le 23 mars dans Les Echos.

Le gouvernement français a salué cette annonce, soulignant qu'il ne s'agissait que d'une "première étape" avant l'arrivée de nouveaux propriétaires.


"L'opération de rachat des titres, étroitement suivie par les services de Bercy depuis plusieurs semaines, est une bonne première étape vers un changement d'actionnariat de Gefco, indispensable pour protéger l'activité du groupe à court terme", selon le cabinet de la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher.


Le cabinet a toutefois remarqué que "pour être définitivement conclue, cette opération doit notamment faire l'objet d'une autorisation des autorités européennes".

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