Chaque année, en France, un milliard de mètres cubes d’eau potable s’évanouit dans la nature. Certaines communes utilisent les nouvelles technologies pour traquer ces fuites. Illustration en Haute-Saône à l'occasion de la journée mondiale de l'eau ce 22 mars.
Un gaspillage de près d'un milliard de m³ d'eau
Selon l’Office français de la biodiversité (OFB), chaque année, 20% de la production d’eau potable française n’arriverait jamais à destination. En cause notamment, la vétusté des canalisations, l'étanchéité des joints ou encore les mouvements de terrain dus à la sécheresse.
Intercommunalités de France a dressé le 20 mars une carte des points noirs en France. L'organisme estime que 198 collectivités affichent au moins un service d’eau avec un taux de rendement inférieur à 50 %, ce qui signifié que plus de la moitié de l’eau potable du réseau est perdue dans la nature. C'est le cas en Bourgogne-Franche-Comté.
Toutes ces fuites sur les réseaux dilapideraient l’équivalent de la consommation annuelle en eau de 18 millions d’habitants. Dans certaines zones, c’est même un litre sur deux qui est ainsi gaspillé.
Les nouvelles technologies au secours des communes
Pour y remédier, à leur échelle, des communes rurales investissent. C’est le cas en Haute-Saône à Amance et six villages avoisinants, réunis au sein du syndicat intercommunal des Fontenottes.
Un système informatique de relevés des compteurs à distance et de détection de fuites a été mis en place. 70 sondes souterraines acoustiques ont été installées sur les 43 kilomètres de canalisations d’eau. Une fuite fait un bruit assez caractéristique.
« Si le système détecte des niveaux anormalement bas en certains points du réseau d’eau, je reçois immédiatement une alarme sur mon téléphone. On peut contrôler sur l'ordinateur quelle commune est concernée, écouter grâce aux 70 sondes souterraines s'il y a un bruit de fuite puis aller rapidement confirmer sur place avec un autre appareil acoustique plus précis », se félicite Bruno Confland, le président du syndicat intercommunal des Fontenottes au micro de notre journaliste Frédéric Buridant.
Résultat, le réseau est fiable à 93%. Il y a quelques années, un tiers de l'eau potable était perdu dans ce secteur.
Un investissement rentable
Cette installation a représenté un investissement important pour le syndicat intercommunal des eaux des Fontenottes, en l'occurrence 75.000 €. Mais sur place, on est satisfait du dispositif. Outre le fait que les compteurs sont relevés à distance sans l'intervention d'un agent, la facture est moins salée en cas de fuite.
« L'appareil pour écouter les fuites d'eau coûte à lui seul 11.000 €. Mais faire intervenir un artisan prend 1 000 € pour faire une recherche. Dix fuites dans l'année, et l'appareil est amorti », précise Bruno Confland.
De plus, le temps de détection et de réparation est considérablement réduit, ce qui se répercute positivement sur la facture des habitants. Dans ces sept communes de Haute-Saône, le prix du m³ tourne autour de 2 €.
Selon UFC-Que Choisir, ces fuites d'eau potable représenteraient à l'échelle de la France "une gabegie financière" de 4 milliards d'euros par an, supportée in fine par les consommateurs.