Coronavirus Covid-19 : à PSA Vesoul, la direction accusée de "saboter la santé des ouvriers pour préserver les profits"

Lundi 23 mars, trois cas avérés de covid-19 et 31 cas suspects ont été recensés sur le site spécialisé de pièces détachées de Vesoul, qui continue à fonctionner au grand dam des salariés et de leurs syndicats. La CGT demande la "suspension immédiate de l'activité". 

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Il nous décrit des salariés qui partent bosser la boule au ventre : "C'est à la maison que la situation se tend le plus. Les épouses, les enfants nous disent: 'tu vas nous ramener le virus' "

A Vesoul, tout le monde sait que l'usine PSA et ses quelque 3000 salariés n'échappent pas à l'épidémie de coronavirus. Comment pourrait-il en être autrement ? 

"Ce matin, on en est à 4 cas avérés, 27 cas suspects, puisqu'on ne fait plus de tests, et 41 cas contact", nous détaille lors de la première semaine de confinement, Jean-Paul Guy, de la CFTC. On a 148 salariés arrêtés au total, pour maladie, mesures d’éloignement ou parce que ce sont des personnes à risque".  

Le nombre de cas de coronavirus explose

Contrairement aux usines de production comme Sochaux ou Mulhouse, le site PSA de Vesoul, spécialisé dans les pièces détachées, continue à fonctionner. "Les Master Hubs mondiaux de Vesoul et de Bochum (...) poursuivent leur activité, pour continuer à servir leurs clients en pièces détachées dans le monde entier, où l'activité reste forte", indique PSA Aftermarket dans un communiqué du jeudi 19 mars.

"Le nombre de cas de coronavirus explose, se lamente Cédric Fischer, délégué CGT, qui a alerté pour un danger grave et imminent en constatant que les portillons n'étaient pas nettoyés. Les ouvriers qui font valoir leur droit de retrait, on les menace de licenciement; les intérimaires qui ne veulent pas venir, on menace de ne pas renouveler leurs contrats; et à ceux comme nous qui demandent la suspension de l'activité, on fait du chantage à la délocalisation en Allemagne… On met la population en confinement et eux ils sabotent la santé des ouvriers pour préserver leurs profits".

"On est 3000, mais avec les familles il faut multiplier le risque par 2,5", renchérit Jean-Paul Guy.
 

Tout est fait pour protéger nos salariés

Contactée, la direction du site assure que "tout est fait pour protéger nos salariés avec des mesures barrières, pour conjuguer santé et travail".

Les horaires des équipes ont été légèrement modifiés pour éviter que trop de gens se croisent, les pauses décalées, des produits javellisés sont mis à disposition pour nettoyer les postes de travail. "La situation est difficile pour tout le monde, mais ces dispositifs sont arrivés bien tard", regrette Jean-Paul Guy.

Si le client demande des essuie-glaces, on lui livre des essuie-glaces

Surtout, beaucoup se demandent à quoi bon continuer. "On pourrait comprendre si on ne livrait que des pièces pour les véhicules d’urgences, mais on pense que c’est pas le cas", explique le syndicaliste CFTC. La direction confirme: "Nous répondons aux demandes des clients. Si le client demande des balais d'essuie-glace, on lui livre des balais d'essuie-glace."

Alors que l'activité du site est désormais de 50%, l'usine est confrontée à un absentéisme de 20%. La CFTC demandait que le travail se poursuive sur la base du volontariat, mais Jean-Paul Guy le reconnaît: "il y a tellement d'absents aujourd'hui que les volontaires seront désignés".

De la difficulté de produire "quoi qu'il en coûte" en pleine épidémie.
 Avec Jean-Yves Poulet Secrétaire syndical FO
Cédric Fischer Délégué CGT
Reportage tourné le lundi 23 mars 2020 :  P.Arbez, A.Laroche, P.Gomez

 
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