Le département Génie industriel et maintenance de l'IUT de Vesoul lance pour la première fois une "pré-rentrée". Durant deux semaines, les étudiants participent à des ateliers techniques et suivent des cours de rattrapage en mathématiques. Objectif : réduire le taux d'échec.
Mettre les mains dans le cambouis avant de suivre les premiers cours théoriques. C'est peut-être repenser le système d'enseignement à l'envers, et pourtant c'est le pari de l'IUT Génie industriel et maintenance (G.I.M.) de Vesoul en Haute-Saône. En sortie de cursus, les deuxième années obtiennent tous leur diplôme, mais en première année, le taux d'échec ou d'abandon peut dépasser les 25%. Et pour cause, "les étudiants entrent de plain-pied dans la formation, ils ne savent pas trop ce qui les attend, pourquoi ils sont là", explique Sandrine Andryinsky, responsable du département G.I.M.
Partie de ce constat, l'équipe enseignante lance cette année une pré-rentrée. Durant les deux premières semaines, les étudiants suivent une mise à niveau en mathématiques et vivent une première expérience concrète des cours manuels. Les cours théoriques, en salle, sont donc remplacés par des travaux dirigés, directement au contact des machines.
Dans un coin de l'atelier, occupé par diverses machines d'usinage et de fabrication, un groupe d'étudiants s'affaire autour de moteurs automobiles, à moitié démontés. Certains sont plus à l'aise que d'autres, l'entraide permet de venir à bout de l'imposant bloc cylindre. Mathieu, titulaire d'un bac technique, a déjà les ongles noirs, ce dont il ne se plaint pas : "C'est intéressant d'avoir 15 jours avant d'entrer dans le vif du sujet. On a tous de différents niveaux, il y en a qui sont plus manuels, d'autres sont forts en mathématiques ou en communication, cela permet de nous remettre sur le même chemin."
A leur disposition, des boîtes à outils divers, des manuels de mécanique, et bien sûr, l'oeil attentif de l'enseignant. "Ce qu'ils veulent c'est du concret, assure Thibaut Bellefleur, professeur de mécanique. Le fait de commencer par des manipulations, par la découverte de leur environnement de travail, de l'outillage, ca va peut-être les aider". En effet, la motivation est perceptible chez les étudiants, satisfaits d'avoir pour la première fois désossé un moteur."L'essentiel c'est de créer un esprit de groupe, une cohésion"
Thibaut Bellefleur, professeur de mécanique
"Je n'en avais jamais vu en dehors d'une voiture," confie de son côté Camille, ce qui ne l'empêche pas de donner des conseils de méthode à ses camarades. Réserviste pour la marine, l'étudiante a déjà une piste bien précise de débouché professionnel : l'armée est très intéréssée par le profil de ces étudiants, comme beaucoup de recruteurs dans l'industrie. Le taux d'insertion professionnelle s'en ressent : à la fin de leur DUT (diplôme universitaire de technologie), 90% des éudiants trouvent un emploi, dont plus d'un sur deux en CDI.
L'expérimentation pourrait donc permettre d'améliorer encore la réussite des étudiants, et d'éviter des abandons en cours d'année. Unique dans ce type de formation, le dispositif pourrait intéresser les IUT d'Epinal et de Châlons-sur-Saône, qui dispensent la même formation.