Alors que les dernières grosses gelées arrivent, et que la sève des arbres va prochainement se remettre à circuler, la période est propice pour tailler certains arbres fruitiers. Mais lesquels, et dans quel objectif ? Voici quelques conseils, avec la société d'histoire naturelle de Vesoul en Haute-Saône.

À quelle période de l’année faut-il tailler ses arbres fruitiers ? « Tous les vieux croqueurs de pommes connaissent le dicton : les fruits à pépin en sève arrêtée, et les fruitiers à noyaux, à la récolte. » La taille est un art, et Jean-Marie Adam en connaît un rayon. Vésulien et animateur à la branche fruitière de la Société d’histoire naturelle de Vesoul (SHNV), il se fait le porte-voix des traditions et savoir-faire, qu’il transmet généreusement, non sans un brin de malice.

Les conseils et astuces pour bien tailler les arbres

A l’approche du printemps et la fin des fortes gelées, le moment est venu de se pencher sur les pommiers, poiriers, cognassiers de nos jardins. La taille d’entretien est nécessaire pour favoriser une bonne fructification, et assurer à l’arbre la meilleure longévité. Voici donc, pêle-mêle, quelques conseils de Jean-Marie Adam pour mener à bien la taille :

  • Tailler en aérant le milieu, de manière à bien laisser entrer la lumière pour ensoleiller l’ensemble de l’arbre.
  • Eviter que les branches deviennent trop grandes, avec 10 ou 20 kg de pommes dessus. Il faut des branches courtes pour que ça ne casse pas.
  • Couper tout près de la base, ne pas laisser de moignons. Ainsi l’écorce va venir recouvrir la plaie, et former une bonne cicatrice.
  • Eviter des zones où l’eau puisse entrer, ce qui pourrait favoriser la formation de champignons.
  • Outils : une scie pour les grosses branches, un sécateur, et des « pansements » : du mastic à cicatriser les coupes.

Et ce dernier conseil a son importance, puisque, rappelle Jean-Marie Adam, « une plaie ouverte, c’est comme pour les humains, vous avez une infection. » Et de renchérir : « Il y a beaucoup de ressemblance entre un humain et un arbre, un humain vit 100 ans, un arbre vit 100 ans. Et à 20 ans, ils commencent à travailler. » Comprendre donc qu’il ne faut pas trop exiger de ses fruitiers les premières années !

Voici l'un des tutoriels que l'on peut trouver facilement en ligne

Et pour ceux qui partent de zéro ?

Tous les terrains sont-ils adaptés à la culture de fruitiers ? « Tous sauf les extrêmes », répond Jean-Marie Adam. Pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans un verger, après avoir acquis une parcelle, la plupart des terres sont donc de bonnes candidates à l’exception des terrains trop caillouteux, ou à l’inverse, des marécages, qui pourraient asphyxier les arbres.


Ensuite, reprenons les étapes dans l’ordre : Faire germer un pépin, en extérieur. Au bout d’un an, il forme un tout petit arbre. Mais attention :

Un pépin donne toujours des fruits sauvages. Vous le greffez, au bout de 2, 3 ans, avec la variété que vous avez envie de mettre

Jean-Marie Adam

Ce principe étant valable pour presque tous les fruits. le greffon peut être une variété moderne, comme une ancienne voire une locale : « Les nôtres sont adaptées à la région », souligne l’animateur. Dans les 2 ou 3 ans qui suivent, l’arbre va grandir, et c’est vers 5 ans qu’on peut réaliser la taille de formation, qui va déterminer la forme de l’arbre.

Avis de recherche pour les variétés menacées

L’objectif de la SHNV est aussi d’informer le public sur les variétés anciennes, et de sensibiliser à leur rareté. Parmi les variété de pommes que l’on trouve en Haute-Saône, Jean-Marie Adam cite la beda, une pomme tardive de Colombier, la cul-pointu de Montbozon, la marquise de Scey ou encore la grougnot de Gray…

On n’a pas une pomme par village mais au minimum une pomme par canton, dont certaines qui sont en train de se perdre. C’est du patrimoine !

Jean-Marie Adam, Animateur à la société d’histoire naturelle de Vesoul

Prenez la poire de Dampierre-sur-Salon, la tardive de la Charme. Nommée ainsi car localisée au lieu-dit la Charme, elle se trouve aujourd’hui sans une situation critique selon Jean-Marie Adam : « Je crains qu’elle ne disparaisse d’ici peu de temps. » D’autres sont identifiées in extremis, comme la poire fauvanelle de Marnay, qu’un pépiniériste a relancée après des années incognita.

Quant à la pomme Séminaire de Vesoul, la voici à priori disparue. Dans ce cas-là, la SHNV lance des avis de recherche aux propriétaires de vergers haut-saônois. « On va lui faire un portrait-robot, et les gens qui ont des vieux vergers pourront nous dire, moi j’en ai encore, sous réserve que ce soit la bonne. Mais aujourd’hui elle est disparue. »

Heureusement, il existe tout un réseau de propriétaires sensibilisés à la cause. 964 variétés de fruits, des châtaigniers aux pruniers en passant par les fruits secs, sont ainsi répertoriées, photographiées, décrites par des adhérents de l’association belfortaine Les croqueurs de pomme.

Ateliers de démonstration pour apprendre les bons gestes

Ce samedi 19 février 2022, avec plusieurs membres de la branche fruitière de la Société d’histoire naturelle, Jean-Marie Adam anime une démonstration de taille d’arbres fruitiers à Quincey, près de Vesoul. L’ atelier est ouvert au public, il se déroule dans un verger ancien aux diverses variétés. Plusieurs sessions de ce type sont proposées chaque année par la SHNV, aussi bien dans des vergers de jeunes arbres en formation que des vergers anciens qu’il faut retravailler.

L'atelier suivant aura lieu le 19 mars à Colombier, il sera dédié à la taille de formation.

  • Rendez-vous à 14h, 11 rue Jean Poirey à Quincey
  • Contact Jean-Marie Adam : 06 38 61 98 06

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