Sous le pseudo de “Flooz-flooz la fripouille”, Julien Delaunay, Haut-Saônois de 31 ans, cumule les vues et les milliers d'abonnés sur les réseaux sociaux. Vidéaste, cueilleur de champignons, carpiste, vice-champion de France de Uno mais aussi défenseur de l’environnement ; c’est au fin fond de la forêt, à quelques kilomètres de "V'soul", que la fripouille nous a donné rendez-vous.
“J’suis en train de me prendre une rabasse, j’vous explique même pas comment j’suis gaugé.”
Julien Delaunay
Il faut être de Franche-Comté pour comprendre son patois. Julien Delaunay alias “Flooz-flooz la fripouille” sur les réseaux sociaux, n’a pas sa langue dans sa poche, surtout quand il s’agit de se moquer “des citadins”. 38.000 abonnés suivent ses aventures sur TikTok ainsi que 12.000 sur Snapchat et quelques milliers sur Instagram et Facebook (au 28 octobre 2022).
Dans les vidéos qu’il publie, le grand gaillard joue en effet des clichés de la campagne et du département de la Haute-Saône. “Les citadins nous prennent un peu de haut, ils disent “les cul-terreux, avec leurs voitures rouillées, dans leur tracteur, ils vont cueillir des champignons, les espèces d’homo sapiens là !” Alors je me suis dit : je vais faire mes vidéos en mode campagnard, je vais faire des jeux de mots, raconter des situations cocasses et au final ça marche, les gens kiffent” explique ce dernier. Une sorte de successeur au vidéaste Morteau Morille, mais version Haute-Patate.
Un fervent ambassadeur de la Haute-Saône
“En Haute-Saône, on a un confort de vie qu’on ne retrouve pas beaucoup ailleurs. Il y a plein de bois, des forêts de partout, les gens sont cools, on a de la bonne bouffe, etc... ”, raconte-t-il avec son accent à couper au couteau. Un accent qu’il force "un peu, des fois" concède-t-il dans un grand sourire. “Il y a encore cet esprit de campagne qui est vachement ancré. Dans les villages, les p’tits vieux sont assis sur les bancs en pierre, tu as des vaches, des vieux véhicules...”
Trompettes de la mort, cèpes et compagnie
Originaire de Port-sur-Saône, il a passé son enfance à accompagner son père, chasseur à ses heures, dans les bois. “J’vais aux champis depuis que je suis gamin”. Accoudé sur le pare-chocs de son “auto”, un Citroën C15 aussi âgé que lui, Julien se souvient des mercredis à l’école maternelle. Au programme : cueillette des champignons. “Sur les murs de l’école, il y avait des gros posters avec les champignons pas bons. Le matin, on devait coller des gommettes pour différencier les bons champignons des mauvais. Et l’après-midi, on allait au bois. J’ai accroché direct et c’est resté”.
Bottes aux pieds, chemise rouge de bûcheron et un bob vert olive pour contenir ses cheveux bouclés, le voilà parti à la cueillette des champignons de Franche-Comté, armé de son opinel et de son panier “en osier, c’est important”.
Trompettes de la mort, cèpes, pieds-de-mouton, rosés des prés, morilles des sapins. À chaque espèce son tuto sur le compte TikTok de Flooz-flooz, qui ne manque pas d’imagination. “J’ai dit à mes copains que j’allais lancer une plateforme vidéo spéciale campagnards”. Ou alors un concept qu’il appellerait “J’irai cueillir chez vous”, pour “faire les quatre coins de France en C15 et cueillir les champignons locaux et découvrir la bonne bouffe”. Quand on lui demande quel est son champignon préféré, il répond “le psilo, celui qui fait planer” dans un grand sourire avant de rectifier : “Naan c’est les morilles” et de s'exclamer “Dédicace à Morteau Morille !”.
“La nature n'est pas une poubelle”
Derrière le grand blagueur, celui qui roule dans un C15 au bilan carbone douteux, qui assène les citadins de “crevures” et qui n’hésite pas à se moquer de lui-même, se cache un autre homme. Un homme pour lequel il est “important de respecter la nature”.
Au printemps dernier, c’est sur un ton beaucoup plus sérieux qu’à l’ordinaire qu’il s’adresse à ses abonnés. “Vous avez tous déjà vu la vidéo en Inde où ils marchent sur des îlots de plastiques dans la rivière”. Dans une vidéo titrée “La nature n'est pas une poubelle”, il filme la Lanterne, une rivière traversant le département de la Haute-Saône, jonchée de déchets. “C'est désolant ! Il y a au moins 4 ou 500 bouteilles”.
Flooz-flooz décide alors de passer à l’action : “J'invite les chômeurs, les pêcheurs, les buveurs, les copains, tout le monde. Si vous avez du temps libre samedi pour nettoyer tout ça”. Chose dite, chose faite, le samedi suivant, avec une dizaine de volontaires, il se rend sur les lieux pour ramasser près de 200 kg de détritus plastiques.
Et la loi de l’attraction semble porter ses fruits : “C’est comme tout dans la vie, tu fais du bien, le bien vient à toi. J'essaye de faire en sorte que la nature aille bien et peut-être qu’elle me le rend comme ça : quand je vais aux champignons, j’en trouve à foison.”
L’ambassadeur de la Haute-Patate voit son nombre d’abonnés grimper en flèche. Mais la célébrité et le "flooz", très peu pour lui. "Ce n'est pas mon objectif de gagner des millions avec les réseaux.” explique Julien, par ailleurs fonctionnaire. Il ajoute, en riant : “Le fromage et la picole, au moins, ce n’est pas imposable.” Si on demande à la fripouille des bois où il se projette dans cinq ou dix ans, il répond sans hésiter "À Port-sur-Saône, avec un C15 tout neuf”. Une façon de nous dire qu'il ne pourrait rêver mieux que sa vie actuelle, en campagne haut-saônoise.
“Aller, bise ! À la r’voyure crevure !”
Julien Delaunay
Pour retrouver Julien Delaunay alias Flooz-flooz la fripouille sur les réseaux sociaux :
- TikTok : floozfloozlafripouille
- Snapchat : flooz-flooz
- Instagram : flooz_flooz_la_fripouille
- Facebook : Flooz-Flooz la Fripouille