Dole : « On est au courant au dernier moment. Ou même pas du tout. » NP Jura racheté par une holding américaine, les salariés sous le choc

Ce mercredi 27 juillet, les salariés de NP Jura ont poursuivi leur grève. La tension est encore montée d'un cran avec l’annonce du rachat par une holding américaine.

En fin de semaine, les vacances des salariés de NP Jura n’auront pas la même saveur. Ce mercredi 27 juillet, les employés continuent à se mobiliser sur les deux sites jurassiens de Foucherans et Dole. L'entreprise de fabrication plastique vient d'être rachetée par One Equity Partners, holding américaine.

Vers midi, les klaxons ont retentis. Devant l'usine, les salariés de l’entreprise de fabrication plastique se sont réunis à l'heure du changement d'équipe. Pour une annonce. Ou plutôt une amère surprise. « Le groupe Clayens [détenteur de NP Jura] a été racheté par un groupe américain à 330 millions d’euros. A quel prix les salariés ont été vendus ? », lance Pedro Da Rocha, délégué CGT. La rumeur planait depuis plusieurs mois déjà, mais les salariés ne l'ont pas appris par la direction, mais via le site internet de l'acheteur One Equity Partners.

« ça fait des années qu’on est malmenés »

Cela fait désormais près d'une semaine que les salariés se heurtent au silence de la direction et débrayent pour obtenir des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail. Devant les locaux, Jean-Claude Zabotti peine à retenir son émotion : « Cela me blesse, je ne sais même pas quoi répondre. C’est petit comme ils agissent, on n’a jamais connu ça. »

Le gréviste tente d’étouffer son sanglot, puis sa tristesse et son sentiment d’impuissance laissent place à la colère. L’employé de nuit explique : « Bien sûr, on est malmenés. Mais ça fait des années qu’on est malmenés, moi j’ai connu dans les 1990-2000, c’était génial, il y avait une bonne ambiance. On était bien. On est venus ici, on a fusionné et c’est devenu une catastrophe. »

Méditatif, Jean-Claude évoque surtout l’avenir de NP Jura et de ses collègues, lui qui est resté 28 ans dans les locaux : « C’est à chaque fois des nouveaux actionnaires, on est au courant au dernier moment. Ou pas du tout. C’est dur. J’arrive en fin de carrière, mais je pense aux jeunes qui sont derrière et qui arrivent. »

 « De l’argent il y en a »

Depuis jeudi dernier, les négociations ont marqué le pas. Et le rachat a pris de court tous les salariés. Comme Brahim Benbily, technicien de production depuis 23 ans. Celui qui est aussi membre du CSE dénonce une forme d’incohérence : « De l’argent il y en a. Mais les gens travaillent et derrière il n’y a rien. On nous a proposés 150 euros bruts. Et là, en l’espace de deux heures, on nous a proposé 200 euros bruts. C’est rien du tout. Les gens ne sont pas payés. Ça fait depuis jeudi dernier qu’on a commencé le mouvement de grève, mais on n’a rien, on n’a rien du tout. »

Même ressentiment pour Pedro Da Rocha, technicien de production et délégué CGT : « Quand on voit que le groupe se fait racheter et fait du bénéfice. Et aujourd’hui, on nous donne 200 euros bruts. On se demande si ce ne sont pas les fonds de tiroir. En fait, c’est encore une provocation de plus. Mais pour tous les salariés et les groupes clients. C’est honteux. »

Vendredi 29 juillet, NP Jura fermera ses portes pour 3 semaines. Des congés annuels qui n’entacheront pas la motivation des grévistes, prêts à tenir, à lutter. 

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