Le célèbre écrivain Franc-Comtois, André Besson, a mis fin à ses jours dans le canal du Rhône au Rhin le samedi 29 avril. Entre amour pour le Jura et lutte contre le mépris culturel parisien, il s'est toujours revendiqué avec fierté comme un écrivain régionaliste. Retour sur sa carrière littéraire.
André Besson clôt le dernier chapitre de son histoire. L’auteur de 95 ans, affaibli par la maladie, veuf et sans enfants, a mis fin à ses jours samedi 29 avril. Selon nos confrères du journal Le Progrès, il a laissé une lettre d’adieux expliquant sa décision d'en finir, au terme d'une vie consacrée à la littérature.
Sa passion pour l’écriture apparaît dès son enfance lorsque son professeur lui demande de raconter sa journée dans un carnet. « Je me suis prêté au jeu. Et au jour le jour, tous les événements que j’ai vécus, je les ai rapportés sur mon journal, » expliquait-il. Depuis, il consacrera sa vie à l’écriture.
Il écrira d’abord sous un pseudonyme lors de la Seconde Guerre mondiale. Il évoquera « la défaite, la honte, la peur, la désespérance mais aussi la terreur » qu'il vit. Puis, à la Libération, il deviendra correspondant de presse pour le Progrès et d'autres journaux. Ce n’est qu’à partir de 1970 qu’il consacrera sa plume exclusivement à l’écriture de romans, polars, nouvelles et poèmes.
Un auteur engagé
Voilà comment l’on pourrait résumer sa vie. Militant pour plusieurs causes, il s’est d’abord battu pour la résistance lors de la Seconde Guerre mondiale. En 1944, il publie clandestinement un poème sur le drame d’Oradour-sur-Glane, un massacre des nazis qui a coûté la vie de près de 650 civils : « J’avais été tellement bouleversé en entendant ce drame que […] j’ai écrit spontanément un poème dessus. »
Mais son combat principal reste la juste reconnaissance des écrivains régionaux selon lui méprisés par Paris. Lors des législatives en mai 2022, il s’était adressé aux députés dans une lettre ouverte.
J’attends que […] la création régionale soit reconnue à sa juste place »
André Besson
Un combat qu’il a toujours défendu corps et âme, lui qui se qualifiait comme un « écrivain du terroir ». Amoureux de la Franche-Comté, sa région natale, une grande partie de ses œuvres lui est dédiée : Mon pays comtois, Insolite et merveilleux Jura, Aimer la Franche-Comté… autant de romans qui vantent la beauté et la richesse de sa région, une cause qui lui tenait à cœur.
André Besson a toujours été sensible à la place du témoignage. « J’ai environ, dans mes archives, 1200-1500 témoignages de personnes qui m’ont raconté leurs histoires. Je savais que si je ne les interviewais pas, leurs sacrifices seraient perdus pour l’Histoire. » En 2011, il confiait au Progrès qu’à sa mort, il ferait don de toutes ses archives littéraires et historiques à la médiathèque de Dole.
140 œuvres littéraires au compteur
Louis Pasteur : un aventurier de la science publiée en 2013 marque la 140e et ultime œuvre littéraire d’André Besson. Le Village englouti, La Dame du Val d’Amour et sa biographie Victor Hugo : vie d’un géant restent ses plus grands succès. Plusieurs de ses œuvres ont été traduites dans une dizaine de langues et rééditées plusieurs fois. Certaines ont même été adaptées en films ou feuilletons comme La grotte au loup qui a reçu le prix international du terroir.
Il reçoit également le Prix Pergaud en 1959 pour son tout premier roman La Louve d’Amour avant d’ajouter le Prix Edgar-Faure à son palmarès en 1988. En 2016, l'Association Comtoise d’Auteurs Indépendants créé le prix « André Besson » pour lui rendre hommage.
Chaque année, il décernait le prix des collègiens au salon du livre Le verre et la prose de Dannemarie-sur-Crête. La neuvième édition de l'événement s'est tenue ce dimanche 30 avril. Les 50 auteurs et participants réunis ont fait une minute de silence en l'hommage à l'auteur jurassien, dont la mémoire raisonnera encore longtemps en Franche-Comté.