Sylveline Lacroix a été tuée jeudi 18 août par son conjoint, dans une petite commune du Jura située près de Lons-le-Saunier. L'homme de 40 ans, déjà condamné pour violence sur une ex-compagne, a avoué le meurtre. Explications.
Vendredi 26 août, le corps d'une Franc-Comtoise de 49 ans a été retrouvé à son domicile à Alièze, dans le Jura. Son compagnon, déjà condamné pour des faits de violence sur une ancienne compagne en novembre 2021, a été placé en garde à vue dans la foulée, après s'être rendu dans un commissariat du sud de la France en tenant des propos troubles. "Il a rapidement évoqué le fait qu’il avait fait une énorme bêtise et qu’il avait cogné la tête de sa compagne au sol" a expliqué le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux, dans une conférence de presse donnée ce lundi 29 août.
L'homme mis en cause pour homicide sur conjointe est âgé de 40 ans et a avoué être l'auteur des coups ayant entraîné la mort de Sylveline Lacroix, qu'il fréquentait depuis octobre 2021. Il est resté vague et flou sur les circonstances mais a admis être l'auteur de sms envoyés à l'employeur de la victime pour brouiller les pistes. En effet, le corps en décomposition avancé a été découvert une semaine plus tard par les pompiers, suite à l’inquiétude portée par la cheffe de service de La Poste ou travaillait la victime, depuis 20 ans, à Lons-le-Saunier. Cette dernière avait reçu des sms depuis le portable de la victime signalant un arrêt maladie de travail d'une semaine, "pour des problèmes gynécologiques".
"Un projet de séparation"
Des écrits ont été retrouvés par les enquêteurs au domicile de la victime, dont le corps était "grossièrement caché par de la laine de verre sur un matelas". Son buste était dénudé mais la victime portait son pantalon. "La cheffe de service de La Poste avait entendu la défunte évoquer un projet de séparation" précise Etienne Manteaux.
Il a envisagé de démembrer le corps pour pouvoir le déplacer, selon ses déclarations. Il a finalement renoncé après une tentative avec un couteau et une hache.
Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon
Finalement, le mis en examen, alcoolique et visiblement mythomane, a décidé de se rendre au domicile d'une ancienne compagne dans le sud de la France avant de se rendre à la police municipale, près de Palavas-les-Flots. De multiples fractures ont été retrouvées sur la boîte crânienne de la victime. Des traces dans son cou effectuées avec un objet contondant ont été notées suite à l'autopsie du corps. "Il lui aurait tapé la tête violemment contre le carrelage de la cuisine mais ne s’explique pas concernant les traces retrouvées sur le cou de la victime" ajoute Etienne Manteaux.
Des écrits retrouvés au domicile de la victime
“Vous trouverez l’horrible que j’ai fait dans la grange” a écrit le conjoint de Sylveline Lacroix sur un bout de papier retrouvé sur la porte de la maison menant à la grange. C'est là où a été retrouvé le corps de la victime. Une enveloppe sur la table de la cuisine indiquait également : “Comment trouver les mots après une énième fois pris dans l’alcool, j’ai pris la vie de ma conjointe. Je mérite de mourir en lâche, adieu ma Sisi, signé Guitoux.”
Il a dit qu’il n’était pas question qu’elle ait une autre relation que lui. Il admet la matérialité des faits mais ses explications concernant ses motivations restent extrêmement peu précises.
Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon
Déjà condamné pour violence contre une ancienne conjointe
L'individu, âgé de 40 ans, a quatre condamnations à son casier judiciaire dont des conduites sous l'emprise de l'alcool. Il a admis boire tous les jours et être particulièrement "impulsif".
Une condamnation sur son casier interpelle particulièrement après cet homicide volontaire aggravé. Il s'agit d'une peine de 6 mois de prison ferme pour violence contre une ancienne compagne. Cette condamnation, dans un contexte particulier, a été prononcée en novembre 2021 sans le mis en cause, qui avait pour habitude de changer de domicile au gré de ses multiples conquêtes sur les réseaux sociaux. Elle fait suite à sa non présentation à un stage de sensibilisation concernant les violences conjugales. Sa victime, légèrement blessée à l'oreille, n'avait à l'époque pas porté plainte. Ce sont des proches qui avaient signalé les faits et une enquête avait été alors diligentée.
"Il avait le pouvoir de faire opposition à cette peine. Il y aurait pu y avoir un mandat d’arrêt si la peine prononcée avait été d’au moins un an d’emprisonnement" détaille Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon.
Le Jurassien a été mis en examen "pour meurtre par personne ayant été conjoint". Il a été placé en détention provisoire. Il risque une peine de réclusion criminelle à perpétuité.
C'est le 86e féminicide en France depuis le début de l'année selon l'association NousToutes.org.