L’association de protection de la faune sauvage Centre Athénas milite pour qu’un maximum de communes adopte un panneau "attention lynx" au sortir des agglomérations. Le but : avertir l’usager de réduire sa vitesse pour préserver cette espèce en voie de disparition et dont les accidents de la route sont l’une des principales causes de mortalité.
“ Pour Noël, nous ne vendons rien. Nous offrons la sécurité aux lynx. Si vous voulez participer à ce cadeau à la biodiversité, persuadez vos maires d'accepter ce panneau qui leur est OFFERT.” Ce message, posté sur X (anciennement Twitter) par le Centre Athénas, alerte sur la surmortalité de l’espèce liée aux accidents de la route.
Pour Noël, nous ne vendons rien. Nous offrons la sécurité aux lynx. Si vous voulez participer à ce cadeau à la biodiversité, persuadez vos maires d'accepter ce panneau qui leur est OFFERT.
— CentreAthenas (@CentreAthenas) December 10, 2023
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Aujourd’hui, l’espèce ne compte plus qu’environ 150 individus en France, principalement dans le massif du Jura. Cette année, sur 16 collisions, 15 n’ont pas survécu. L’année 2023 représente, à ce jour, la deuxième année la plus meurtrière après 2022 où 23 individus avaient perdu la vie. Pour Gilles Moyne, directeur du Centre Athénas dans le Jura, cette hausse est à mettre en relation avec l’augmentation du trafic routier et les habitudes de conduite.
Le massif jurassien concentre 80 % de la population nationale de l’espèce. “Sur le massif, il y a une telle surmortalité routière que c’est la raison pour laquelle le lynx n’arrive plus à se développer vers l’extérieur depuis 40 ans, à part quelques exceptions très anecdotiques”, explique Gilles Moyne.
Une trentaine de communes ont adopté le panneau
L’association milite depuis plusieurs années pour que les communes sur lesquelles le lynx est présent adoptent un panneau de signalisation qui lui serait spécifique. Une trentaine de communes ont adopté la signalétique. “Ce n’est pas un mouvement de fond. On ne fait pas de la recherche systématique sur toute l’année. Chaque fois qu’une collision est recensée sur une commune, on la relance avec plus ou moins de succès”, indique le directeur du Centre Athénas.
Plutôt que de s’adresser à l’administration nationale, Gilles Moyne choisit de contacter les petites communes, “on trouve des gens plus sensibles et plus ouverts à la discussion”, confie-t-il. Dans le tweet posté le 10 décembre, il adopte aussi une autre stratégie : interpeller directement les habitants. “Il y a déjà des communes qui ont décidé de se doter de ce panneau parce que les administrés les ont sollicitées dans ce sens”. Ce panneau, autofinancé, est mis gratuitement à disposition des communes volontaires.
Si le directeur du Centre Athénas ne s’adresse pas directement à l’État, c’est parce qu’il s’est “heurté à un mur”. “On nous a dit que faire un nouveau panneau sèmerait le trouble chez les usagers”, rapporte-t-il. Pour lui, la réponse qu’on lui a donné n’est qu’une excuse : “Je pense que c’est un manque de motivation”. Un seul panneau avec un cerf permet de représenter la faune sauvage avec qu’ils sont nombreux à indiquer la possible présence de la faune domestique (chevaux, cochons, vaches).
Permettre “un éveil des consciences”
Sur certaines de leurs routes, les départements du Doubs et du Jura sont par ailleurs repassés à la limite de vitesse de 90 km/h. “C’est aller à contre-sens des nécessités d’avoir une conduite plus responsable. C’est un mauvais signal envoyé aux usagers parce que cela veut dire qu’il est normal d’aller plus vite”, condamne Gilles Moyne. Il rappelle que lorsque l’on roule à 90 km/h, il faut près de 20 supplémentaires pour s'arrêter en comparaison à 80 km/h. “Le choc a donc moins de chance d'être létal”, déduit-il.
Si les risques de collisions s’étalent sur toute l’année, il faut faire particulièrement attention sur deux périodes : “De septembre à décembre pour les mères et les jeunes qui les suivent et de février à mars pour les mâles au moment du rut”. Il faut aussi réduire sa vitesse, en particulier la nuit et en zone boisée.
L’adoption de ce panneau signalétique par les communes au sortir des agglomérations vise à rendre possible “un éveil des consciences, un niveau de vigilance plus élevé” qui pourra profiter sur le long terme à toute la faune. “On n’est pas à un nombre de collisions tel qu’on puisse voir un résultat immédiat”, admet-il.