Comment protéger le lynx ? "La priorité doit être la lutte contre les collisions routières et les destructions illégales", selon une association de défense

Le ministère de la Transition écologique a lancé un plan national d’action en faveur du lynx boréal. Plus de 2000 personnes ont publié un commentaire sur le site du ministère. L’association FERUS, pour la défense et la sauvegarde des grands prédateurs suit avec attention cette consultation. Olivier Guder, vice-président de FERUS et coordinateur lynx nous explique pourquoi.

Olivier Guder, vice-président de l’association FERUS et coordinateur lynx revient sur la consultation nationale lancée par le Ministère de la Transition écologique. Il explique le rôle du lynx dans les massifs montagneux.

Quelles menacent pèsent actuellement sur le lynx ?

Olivier Guder : Deux menaces clairement identifiées. Celle qui est le plus facilement quantifiable : les collisions automobiles ou ferroviaires qui représentent en moyenne une dizaine de lynx tuée par an au cours de la dernière décennie. Deuxième menace, les destructions illégales. Le terme courant est braconnage mais pour une espèce protégée on parle de "destruction illégale". Cette menace est réelle, mais plus difficile à quantifier. On estime que les destructions illégales ont quasiment fait disparaître le lynx du massif des Vosges dans les années 2000. Dans le Jura, il est certain que les cas de destructions illégales sont réguliers mais difficile à chiffrer. Sur l’année 2020, trois cas ont été identifiés sur lesquels nous avons porté plainte. Nous attendons les résultats des enquêtes en cours. Mais ces trois cas en cachent certainement d’autres pour lesquels les cadavres n’ont pas été retrouvés.  

Qu’attendez-vous de cette consultation publique qui se termine le 27 octobre ?  

Olivier Guder : Nous en attendons que la DREAL qui pilote le projet tienne compte des avis du public. Nous sommes contents qu’il y ait un plan national enfin lancé sur le lynx, mais il y a aussi des points importants à prendre en compte, comme l’avis émis en juillet dernier par le CNPN (Conseil National de Protection de la Nature). D’autre part, la priorité doit être la lutte contre les collisions routières et les destructions illégales. On demande aussi à ce que chaque lynx détruit illégalement face l’objet d’un remplacement, c’est-à-dire qu’un nouvel individu soit introduit par l’état. Enfin, on veut que l’état garantisse des moyens financiers suffisants pour assurer la mise en œuvre de différentes actions prévues dans le plan.    

Le lynx boréal est menacé d’extinction, pourquoi est-il important de préserver la biodiversité et de maintenir la présence de cette espèce ?

Olivier Guder : Les grands prédateurs ont toute leur place dans la chaîne alimentaire. Ils permettent de limiter la population des ongulés sauvages comme le chamois ou le chevreuil, puisque le chevreuil peut faire des dégâts aux forêts. Par ailleurs, le lynx, au même titre que le loup, joue un rôle important pour limiter le nombre de malades chez les ongulés, ce qui ne peut qu’assainir les populations. Le lynx est aussi un prédateur du renard, il limite les populations dans les zones où il est présent. Il joue donc un rôle bénéfique pour la biodiversité.

Le lynx peut-il faire disparaître des populations de chamois ou de chevreuil ?

Olivier Guder : Pour un lynx, la taille moyenne d’un territoire c’est 400 kilomètres carrés pour un mâle et 200 kilomètres carrés pour une femelle. Il n’y a jamais de densité importante de lynx sur un même territoire. Les jeunes lynx par exemple sont obligés de trouver de nouveaux territoires pour s’établir durablement. Les proies seront peut-être plus farouches et difficiles à trouver, mais en aucun cas le lynx ne fera disparaître les populations de chevreuils et de chamois.

À combien estimez-vous le nombre de lynx dans le Jura ?

Olivier Guder : Sur le massif du Jura on estime qu’il y a entre 80 et 100 lynx. Il est relativement bien présent même si ça reste une espèce fragile.

On le retrouve également sur le massif des Vosges bien qu'il ait failli disparaître de cet espace. Aujourd’hui on compte entre 5 et 10 individus, en sachant qu’ils arrivent d’Allemagne où un programme de réintroduction est mis en place depuis quatre ans dans une zone qui s’appelle le Palatinat. Il y a aussi des lynx dans les Alpes, une vingtaine environ.

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