L’Alsacien Patrick Straub vient de passer plusieurs jours dans le Haut-Jura. Ce retraité de 67 ans, ancien conseiller pédagogique en arts plastiques est passionné par le land-art et les paysages des montagnes du Jura. Son pinceau, les raquettes ! Son ingrédient magique : la créativité et la patience.
Vu du ciel, la magie opère. Un dessin, puis un autre, des arabesques ciselées sur la plus belle des pages blanche.
Patrick Straub a encore la tête dans les nuances du bleu de l’hiver, et les pieds dans les cristaux de neige. Mi-février, avec plusieurs proches, il a réalisé ces œuvres d’art sur la commune de Lajoux dans le Jura, à quelques kilomètres de la Station des Rousses.
La difficulté, c’est qu’on n’est pas dans le dessin, pas au-dessus d’une feuille. La perception est différente.
Patrick Straub, land artist
Si le résultat est bluffant, la création de ces mandalas nécessite une gymnastique intellectuelle, géométrique et un brin sportive. Un dessin est réalisé au préalable. Puis l’équipe se met en action. “On commence toujours par le centre de la figure. Pour ne pas laisser de traces, il y a toujours une ligne pénétrante qui va vers le centre du motif. J’utilise un pied, une ficelle de 30 mètres” raconte Patrick Straub. Un compas humain se met alors en route. “Avec ma femme, on improvise, on remplit les espaces avec des figures répétitives. Façonner ces mandalas sur la neige est très addictif. Souvent, les gens m’accompagnent et enrichissent les réalisations”.
Un jour, sur une plage…pour sa petite fille
Avant de prendre la neige pour toile, Patrick Straub a débuté sur le sable. Plus facile, car quand il est bien dur. Les traces de pas ne marquent pas le sol. L’artiste peut se déplacer à sa guise. “J’ai commencé sur le sable en 2015 en Bretagne, près du cap Fréhel. J’ai commencé à faire des rosaces géométriques. Je les faisais au départ pour ma petite fille était loin à l'étranger, pour l’épater et je lui envoyais” se souvient-il.
La raquette comme outil de création
Sur la neige, la raquette devient tampon. À la force du pied, Patrick Straub et ceux qui l’accompagnent chorégraphient une danse étrange. Taper, tasser la neige pour façonner ainsi les reliefs du dessin que la lumière du jour viendra caresser au fil des heures. “Faire un mandala comme ceux du Jura prend de deux à trois heures. Le motif fait en général de 50 à 70 mètres de diamètre” précise l’artiste.
J’ai presque envie dans le futur de m’inspirer des napperons de nos grands-mères.
Patrick Straub, land artist
Comme le Britannique Simon Beck l’a fait bien avant lui, dans les paysages enneigés du monde entier, Patrick Straub s’est vite pris au geste. “C’est une activité qui me permet deux plaisirs, être dans la nature et concilier le tout avec mes pulsions créatives, avec l’envie d’épater le monde autour de moi, et d’apporter du bonheur aux gens”.
Souvent, l’œuvre finale déborde largement le projet initial. “On est toujours plus créatif en groupe que tout seul ! En tant que maître d'œuvre on en arrive à un stade où on ne maîtrise plus rien ! Me vient alors à l'esprit ce mot de Jean Cocteau : "Quand les événements nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs."
L’avantage du Jura, c’est cette neige vierge
Patrick Straub compte bien revenir l'hiver prochain dans le Jura. Le décor offre une large toile blanche lorsque le massif enfile son blanc manteau. Patrick Straub immortalise ses créations avec des prises de vue depuis un drone photo. Il partage ensuite ses mandalas de neige sur les réseaux sociaux, sans chercher pour autant la notoriété. Le plaisir simple de créer dans l’écrin d’une montagne encore préservée est la plus belle des récompenses.
Pour suivre les créations de Patrick Straub dans la neige