C'est une activité sacrément perchée. La grimpe d'arbres se pratique aux beaux jours, dans nos forêts de Franche-Comté. Nos journalistes, Sarah Rebouh et Lucie Thiery, vous font découvrir ce voyage hors du temps en récit et en vidéo.
Nous retrouvons Tédi Basmaji à l’entrée du bois de Prénovel, dans le parc régional du Haut-Jura. L’éducateur qui encadre l’activité est bien chargé. Il porte sur le dos plusieurs sacs d’équipements et de matériels. L’aventure commence par une marche d’approche de quelques minutes. Nous nous enfonçons dans cet écrin de verdure, au cœur de la forêt jurassienne. A l'ombre des sapins, notre guide partage son amour du vivant et de l'environnement. Tédi prend le temps de présenter les différentes essences qui nous entoure.
En immersion dans une bulle de chlorophylles
Arrivées sur site, nous sommes surprises par la beauté du lieu. Au milieu de quatre sapins blancs majestueux, une dizaine de cordes colorées retombent au sol. Deux hamacs triangulaires sont tendus entre les troncs imposants des résineux. Enveloppées par le chant des oiseaux, nous sommes fascinées par la magie et le mystère que dégage cet endroit. Nous prenons quelques instants pour nous imprégner de cette ambiance, happées par cette bulle de chlorophylles.
Les cliquetis des mousquetons nous ramènent au présent. Tédi nous distribue les baudriers avant de vérifier que nous les avons bien installés. Notre guide présente ensuite l'activité et délivre toutes les consignes. La grimpe d'arbres se pratique en petit groupe. Ce jour-là, nous sommes 10 personnes, presque toutes novices. Nous testons l'atelier initiation et découverte.
Découvrez la grimpe d'arbres en vidéo [3'40'']
Maîtriser les nœuds pourpier et jasmin
Pour grimper à la corde dans les arbres, il faut savoir utiliser deux types de nœud autobloquants : le nœud jasmin, situé à hauteur des mains et le nœud pourpier au niveau des pieds. Il s'agit de pousser sur sa jambe le nœud pourpier en gainant, tout en faisant coulisser vers le haut le nœud jasmin, avec sa main. Le mouvement ressemble à un talon-fesse-extension. Enfin, l'éducateur nous apprend un dernier nœud qui nous permettra de sécuriser notre descente. Lui, nous suit en grimpant en moulinant, une autre technique.
Il nous faut quelques minutes de pratique pour comprendre et assimiler le mouvement. Le coup de main ou plutôt le coup de pied n'est pas si intuitif... Notre ascension, d'abord lente et laborieuse, devient de plus en plus fluide, au fil des mètres parcourus. Cet atelier, appelé "corde à soi", est une activité sportive accessible à toutes et tous dès l'âge de six ans. Elle peut être également adaptée aux personnes à mobilité réduite.
Voyage "en arbosenteur"
Une fois entrées en "arbosenteur", comme le dit Tédi, le temps semble suspendu. C'est un voyage hors du monde suragité. On aimerait monter plus vite, mais l'activité nous oblige à ralentir et à caler notre rythme sur celui de la nature. Après quelques efforts, nous atteignons la première halte. Un hamac géant installé à 10 mètres de haut nous tend les bras. Allongées quelques instants, nous contemplons la cime de nos arbres hôtes en se disant qu'il reste encore un bon bout de chemin à parcourir. Notre encadrant prend soin de monter un plateau de verres d'eau qui tombent à point nommé. Quelle délicate attention !
Ravitaillées, nous reprenons l'ascension. Plus nous montons, plus le poids de la gravité se fait sentir. Une légère sensation de tiraillement apparaît alors dans nos avant-bras. Il faut dire que nous ne sommes pas habituées à solliciter ces muscles... Dépassant le deuxième hamac, nous atteignons désormais la plus haute branche. Nous voilà perchées à 25 mètres, point culminant de l'atelier. Suspendues sous les cimes, nous découvrons un nouvel horizon, un point de vue inédit. Nous profitons de cet instant de liberté, silencieuses, enveloppées par la canopée.
Une activité sportive dans le respect de l'environnement
La grimpe d'arbres a ceci de magique qu'elle nous permet de redevenir des enfants. La descente est tout aussi douce et progressive. Il faut faire coulisser les nœuds et penser à défaire les nœuds de sécurité au fil de la descente. On ne vous cache pas qu'à la fin de l'activité, nous avions quelques ampoules aux mains...
À la différence de l'accrobranche ou du parcours, c'est une activité éphémère. Aucun câblage n'est fixé durablement dans le milieu naturel : "l’idée, c'est de ne pas s’installer ad vitam æternam dans la forêt", explique Tédi Basmaji. Avant de déployer les cordes, sangles et poulies, les éducateurs de Terres et Cimes ont pris soin de vérifier l'état sanitaire des arbres. "On n’oublie jamais qu'on travaille avec du vivant, en vigilance totale, nous nous assurons que les arbres sont en bonne santé, ceux sur lesquels nous grimpons, mais aussi ceux alentours", précise Tédi. Une fois sécurisés, les arbres sont équipés dans le respect de leur physiologie et de l’environnement. Au pied des arbres, un paillage a été ajouté pour garder l'humidité du sol et éviter un tassement racinaire.
"Il y a des essences plus fragiles et plus sensibles que d’autres", précise notre guide du jour. "Ici, nous sommes en présence de sapins blancs, ils sont un peu moins sensibles que les épicéas qui à cette altitude sèchent très rapidement en raison du bostryche (ndlr, bois morts attaqués par des parasites)", conclut-il.
Infos pratiques :
Prévoir une tenue de sport et de préférence un pantalon plutôt qu'un short, ainsi qu'un t-shirt suffisamment long pour être à l'aise avec le baudrier. Prévoir des chaussures de marche ou baskets.
Plusieurs niveaux et types de grimpe d'arbres sont proposés : initiation et découverte, stage d'autonomie ou encore bivouac perché.
Tarifs pour une séance d'initiation : 35 euros. Plus d'informations : terresetcimes.fr