Ils transforment l’ancienne colonie SNCF en scierie coopérative : l'audacieux pari de trois jeunes dans le Jura

Dans la forêt de la Joux dans le Haut-Jura, l’ancienne colonie de vacances renoue avec le bruit. Non pas celui des enfants, mais des machines. Matteo, Laurie et Victor ont lancé au printemps 2024 une scierie qui fonctionne en coopérative.

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Il voulait en faire une colonie de vacances pour adultes. Le projet de Matteo est devenu tout autre sur ce site au milieu de la forêt. À partir de 1947, il accueillait des enfants de cheminots parisiens qui descendaient à pied de la gare située à deux pas. « Bien pâlots à l’arrivée, ils repartaient un mois plus tard les joues roses grâce au bon air comtois », peut-on lire dans l'ouvrage Morceaux d’histoire de la seigneurie de la commune de Supt.

Passionné de bois, Matteo Ranzieri avait acquis le site en 2020. Désormais, au cœur de cette forêt domaniale, les grumes de bois défilent. Un hangar a été agrandi. La petite scierie coopérative de la Joux se veut à taille humaine et soucieuse de l’environnement. L’idée est d’aller chercher du bois dans les 15 km aux alentours et de le transformer pour des particuliers ou des artisans.

Qu'est-ce que ce modèle de SCOP ?


Le modèle économique de cette scierie est celui de la SCOP, société coopérative de production. Dans une SCOP, les salariés sont les associés majoritaires. Ils détiennent au moins 51 % du capital social et 65 % des droits de vote. Chaque salarié associé dispose d’une voix, quels que soient son statut, son ancienneté et le montant du capital investi.

L’humain et l’équité au cœur du projet

Ici, Laurie, Matteo et Victor sont, à la fois, actionnaires, salariés et associés. Et chacun sait tout faire, scier, déligner, empiler, faire les manutentions avec les bois... 

Moi, ça ne m’intéresse pas d'être le grand chef, d’avoir des personnes sous mes ordres et de récupérer une partie du fruit de leur travail. Moi, ce qui m’intéresse, c’est de faire avec les gens, et de partager les responsabilités, et du coup, aussi les bénéfices.

Matteo Ranzieri, associé et gérant de la scierie coopérative de Supt

“Je pense donc je scie”


C’est le joli nom donné à cette toute jeune scierie coopérative. Aux côtés de Matteo, il y a Victor Sève et Laurie Schiff, ingénieur. 100.000 euros de fonds propre ont été investis, 192 000 €  ont été financés par la banque Nef, l’association France active et L’Ursco. Les trois associés sont dans le même bateau, chacun a investi de façon similaire  : 

“On a les mêmes enjeux chacun, économiquement, en termes de temps et d’investissement. On essaie d’avoir une certaine égalité et équité” lance Victor au micro de notre journaliste Norbert Evangelista.

Ce qui est vraiment important dans la Scop, c’est que tout le monde soit sur un pied d’égalité, d’un point de vue juridique. La plupart de nos décisions sont prises à l’unanimité ou en tout cas au consensus, pour que tout le monde se sente à l’aise avec la décision qui est prise, c’est important.

Matteo Ranzieri

Des valeurs environnementales au cœur du projet

La scierie coopérative de Supt revendique des valeurs de partage, mais aussi de défense de l’environnement. L’idée est de minimiser les trajets du bois dans ce secteur forestier du Haut-Jura, de scier local, de vendre local et de valoriser tant que possibles les bois scolytés par le réchauffement climatique. Du bois sur la planche en perspective pour ce trio de scieurs qui espère avoir le vent en poupe et recruter un quatrième actionnaire à l’avenir.

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