Depuis septembre, à l'occasion du Prix Goncourt des Lycéens, les élèves du lycée Charles Nodier à Dole (Jura) sont entrés dans un marathon de lecture. Objectif : lire le plus de livres possible d'ici le 27 novembre 2024 pour voter en faveur l'œuvre qu'ils ont préférée.
Ce sera probablement son coup de cœur. "Je n'arrête pas de le lire. Il faut que je dorme à des moments, donc je m'oblige à dormir", confie Angèle, élève de seconde du lycée Charles Nodier à Dole (Jura) à propos du roman Le Club des enfants perdus, d'Emmanuelle Bayamack-Tam. Angèle et tous ses camarades de classe se sont plongés dans une lecture assidue. Ils ont été sélectionnés pour participer au Prix Goncourt des Lycéens.
Depuis septembre, ils lisent et échangent sur les 14 livres sélectionnés. Objectif : avoir le jugement le plus éclairé possible pour pouvoir voter le 27 novembre en faveur de leur ouvrage favori. Lundi 14 octobre, ils se rendront à Lyon (Rhône) et rencontreront 13 des auteurs du prix. Une belle opportunité pour pouvoir mieux comprendre ce qu'ils ont lu.
Pour rappel, le Prix Goncourt des Lycéens permet à près de 2 000 lycéens, provenant de 53 lycées en France et 3 lycées français à l'International (Jordanie, Canada et États-Unis) de découvrir et de juger les 14 auteurs sélectionnés.
Podcast, lecture à voix haute, échanges
"C'est leur vote qui prime. Il n'y a pas d'autres personnes qui votent pour le Prix Goncourt des Lycéens. Donc, ils ont une responsabilité importante et ils le comprennent très bien", explique Valérie Gerbet, documentaliste au lycée Charles Nodier au micro de nos journalistes Emmanuel Rivallain et Jean-Stéphane Maurice.
Pour les inciter à lire, le lycée organise un maximum d'activités. Les élèves ont créé une série de podcasts où ils échangent sur leur lecture, s'exercent à lire à voix haute et en parlent avec leurs professeurs. "On crée une émulation autour du projet des élèves avec tout le personnel de l'établissement et un maximum de personnes dans la ville. On fait un maximum de choses autour de la lecture pour les entraîner dans une dynamique qui leur donne envie d'aller au bout de ce projet", développe Valérie.
On a des élèves qui lisent plus que nous. Il y a une forme de défi entre eux à qui ira le plus vite et c'est assez rigolo, ça crée quelque chose.
Valérie Gerbet, documentaliste au Lycée Charles Nodier
Ces lectures permettent aux élèves de développer leur culture générale. Valentin n'est, par exemple, pas un très grand lecteur de littérature, il préfère habituellement lire la presse. Pour lui, cet événement est donc une expérience enrichissante : "J'en garderai un très bon souvenir. Je me suis ouvert à lire des livres qui ne m'auraient jamais effleuré l'esprit".
"Ce n'est pas le petit frère du Goncourt"
Contrairement à un a priori, le prix Goncourt des Lycéens "ce n'est pas le petit frère du Goncourt", tient à préciser Alain Picard, professeur de français au lycée Charles Nodier. "C'est au contraire un prix que les auteurs jugent vraiment prestigieux".
Selon Alain, ce prix est particulièrement apprécié des auteurs parce que "le lectorat est souvent plus sincère, loin des préoccupations mercantiles et éditoriales. Les auteurs sont franchement souvent très touchés d'être choisis par des jeunes lecteurs".
Pour les élèves, participer à cet événement leur permet de découvrir la littérature adulte. "C'est une action qui peut s'adresser aux lecteurs plus récalcitrants qui arrivent à un âge charnière où on passe de la littérature jeunesse à une littérature un peu plus sérieuse", explique le professeur.
La participation à ce prix permet aussi aux élèves de sortir la lecture du cadre scolaire : "On est dans la lecture plaisir, l'échange. Ça leur appartient, ce prix, et nous, on n'a effectivement pas du tout voix au chapitre dans le choix de leur coup de cœur et dans les débats".
Si vous souhaitez, vous aussi, vous sentir comme un lycéen qui participe au concours, voici la liste des livres : Tout le bruit du Guéliz de Ruben Barrouk, Paris Musée du XXIe siècle de Thomas Clerc, Madelaine avant l'aube de Sandrine Collette, Houris de Kamel Daoud, Archipels de Hélène Gaudy, La désinvolture est une bien belle chose de Philippe Jaenada, Jour de ressac de Maylis de Kerangal, La vie meilleure d'Etienne Kern, Ancun respect d'Emmanuelle Lambert, la Club des enfants perdus de Rebecca Lighieri, Coeur de Thibault de Montaigu, Les guerriers de l'hiver d'Olivier Norek, "Vous êtes l'amour malheureux du Führer" de Jean-Noël Orengo et Le Bastion des larmes d'Abdellah Taia.