À Lons-le-Saunier (Jura), Jura Nature Environnement recherche dix foyers pour expérimenter des toilettes sèches à domicile.
Utiliser de l’eau potable pour nos toilettes, il faut le dire, ça pose question à l'heure où la ressource en eau est compromise par le réchauffement climatique et les sécheresses. En 2023, des citoyens avaient réfléchi à plusieurs propositions à faire remonter aux élus de l’Espace Communautaire Lons Agglomération (Ecla) pour préserver les ressources en eau.
Parmi toutes les pistes proposées, les toilettes sèches ont retenu l’attention des élus. Avec l’aide de Jura nature environnement (JNE), 10 foyers sont recherchés pour expérimenter les toilettes sèches à domicile dans le bassin de Lons-le-Saunier (Jura). Un accompagnement financier est proposé pour l’installation. Celle-ci sera complétée par un suivi pour avoir un retour sur ce qui marche. Les personnes ayant déjà des toilettes sèches sont aussi invitées à envoyer leur témoignage par mail.
Une toilette standard utilise entre six et neuf litres en eau lorsque l'on tire la chasse
Hélène Berthe, chargée de mission au sein de JNE
“C’est limité à 10 foyers à cause du coût de la construction des toilettes sèches”, regrette Hélène Berthe, chargée de mission au sein de JNE. Pour participer, l’accès à un terrain est conseillé. Sinon, il faudrait construire une toilette qui fonctionne sur le principe de la séparation des liquides (urine) et des solides (fèces et papier toilette). Les urines pourraient ensuite être évacuées dans des toilettes standards. “C’est une option par défaut, mais c’est un premier pas vers quelque chose”, explique Hélène Berthe.
Combien coûte des toilettes sèches ?
Pour une toilette sèche que l’on construit soi-même, “on peut s’en sortir pour une centaine d’euros”, estime cette habitante du Jura. Mais en fonction de la qualité vers laquelle on veut se tourner, les prix peuvent flamber : “Ça peut monter jusqu’à 500 euros chez un artisan”.
Ce projet vise à montrer que l’établissement de toilettes sèches est possible. In fine, Hélène Berthe espère qu’il aboutira à la création d’une filière et permettra le développement d’emplois.
Pour le moment, les gens équipés en toilettes sèches ont des plans de récupération, car la sciure est généralement traitée comme un déchet par les professionnels du bois, mais si cette pratique se développe, ça ne marchera plus : “Un menuisier peut donner ses copeaux à trois ou quatre personnes, mais pas à une dizaine”. Elle reprend : “Le but est qu’on réussisse à faire de l’approvisionnement. Collecter, stocker, redistribuer, ça sera un des enjeux”. Le projet est su de bonnes voies, des personnes se sont déjà proposées pour l'expérimentation.
Si le projet est né à Lons-le-Saunier, c’est parce qu’Hélène Berthe y habite. Mais la Jurassienne a reçu pleins de réponses hors de l’Espace Communautaire Lons Agglomération (Ecla) : “Si des collectifs se montent, on peut transmettre l’expérience et mettre en commun”.
Un accompagnement des Jurassiens qui souhaiteraient se lancer
L'association organise une visite de la station d’épuration de Lons-Le-Saunier samedi 6 avril 2024 de 10h à 11h et une soirée d’information mardi 9 avril 2024 à 18h30. La visite de la station d’épuration se fait sur inscription par mail. “L’idée, c'est de montrer comment fonctionne le système d’assainissement”, précise-t-elle.
Et pour la soirée d’information, rendez-vous à la maison des associations de Lons-le-Saunier. L’objectif : “Réunir les personnes qui s’intéressent à la thématique pour présenter le programme d’accompagnement. Mais vu, tous les retours que j’ai, je vais repenser le sujet et faire de la diffusion à toutes personnes intéressées. L’idée est qu’on se rencontre, qu’on discute et voir comment on peut avancer”.
La chargée de mission souhaite aussi organiser des réunions pour présenter les différentes solutions de toilettes sèches qui existent et aborder la question des réglementations. “On va aussi organiser un appel à témoignage pour pouvoir visiter des lieux qui fonctionnent avec des toilettes sèches, car chaque toilette sèche est à traiter au cas par cas (composition du foyer, maison ou appartement, zone d’assainissement collectif ou non”, annonce-t-elle.
Jura nature environnement est passé par une première phase d’enquête. C’était “une enquête générale sur le site internet qui était plus une prise de température. Les personnes étaient amenées à répondre sur leur vision de toilettes sèches. Là, on est sur une enquête plus ciblée qui vise l’accompagnement [des dix foyers] dans leur démarche avec un tableau de suivi au quotidien pour qu’on puisse avoir des données chiffrées d’ici septembre”, explique Hélène Berthe.