Claire Loupiac, est l'épouse du médecin urgentiste du Jura Eric Loupiac. Il est décédé du coronavirus le 23 avril 2020. Elle a refusé l'invitation. Elle ne sera pas mardi 14 juillet sur les Champs-Elysées à Paris. Elle manifestera en revanche pour dénoncer l'insuffisance du Ségur de la santé.
"Le chagrin est immense, on a un vide énorme avec mes enfants, mais il faut vivre avec" confie Claire Loupiac à la veille de cette journée de 14 juillet.Eric Loupiac, 60 ans, médecin urgentiste à Lons-le-Saunier dans le Jura est décédé le 23 avril. Il était délégué dans le Jura de l'AMUF, l'association des médecins urgentistes de France. Selon son épouse, le médecin n'avait pas eu les protections nécessaires pour se protéger du coronavirus covid-19 lorsque l'épidémie est arrivée. "Dès le début de l'épidémie, Eric Loupiac n'avait pas le matériel pour se protéger et cela le mettait très en colère" avait ajouté au moment de sa mort, Patrick Pelloux, président de l'Association des médecins urgentistes de France.
Claire Loupiac ne grossira pas à Paris les rangs des familles de soignants morts du Covid. Certains ont réfusé d'être présents. Le 22 juin, Claire Loupiac indique avoir reçu un appel de la Préfecture du Jura pour la convier à ces cérémonies. Elle a dit non. "Ma réaction a été immédiate, il est clair qu'il ne fallait pas m'inviter. On ne peut pas remercier mon mari d'avoir pris le risque de se faire contaminer" explique-t-elle.
Il ne fallait pas mélanger 14 juillet et hommage aux soignants
Choisir la date de la fête nationale pour rendre hommage aux soignants et aux héros de l'épidémie, Claire Loupiac avoue ne pas comprendre ce choix fait par le gouvernement. "Le 14 juillet, c'est une journée militaire, mon mari était médecin militaire, il a été médecin de l'école de santé de Lyon, médecin des sapeurs-pompiers, il a défilé sur les Champs-Elysées, il ne comprendrait pas cette journée de demain" ajoute Claire Loupiac. Pour l'épouse de l'urgentiste, la France aurait du comme d'autres pays l'ont fait, consacrer une journée de deuil aux victimes du Covid-19. Elle a l'impression que l'Etat français oublie tous ces morts, tombés au cours de la pandemie. "J'ai peur que cette journée du 14 juillet ait été choisie, juste pour des raisons économiques, je le crains" s'interroge Claire Loupiac.
On n'attend pas 40.000 morts pour réagir
Avec ses trois enfants âgés de 18 à 29 ans, Claire Loupiac sera ce mardi au départ de la Bastille en direction de République pour la contre-manifestation qui dénonce les insuffisances du Ségur de la santé. Certes l'Etat a annoncé des mesures dont une une enveloppe de 7,5 milliards d'euros pour améliorer les rémunérations des soignants. "Je trouve que le gouvernement a précipité les choses. II a fallu ce chiffre de 30.000 ou 40.000 morts, car je compte aussi les morts à domicile, pour que le gouvernement réagisse. On n'attend pas 40.000 morts pour réagir."
Après la mort de l'urgentiste Eric Loupiac, plusieurs plaintes sont en cours
Pour cette douleur toujours aussi vive depuis le printemps, cette absence d'un époux, d'un père, Claire Loupiac ne désarme pas. "Moi, je continue le combat que mon mari menait. Je veux dénoncer les negligences, les manques, les mensonges des autorités sur les masques, les tests qui manquaient... le confinement qui a été retardé. Il est hors de question que nos dirigeants s'en sortent avec les honneurs" estime l'épouse de l'urgentiste jurassien. "Mon mari se battait depuis des années auprès des autorités de santé, pour obtenir des lits, pour défendre la deuxième ligne de SMUR dans le Jura" rappelle-t-elle.
Claire Loupiac dès l'annonce de la mort de son mari avait annoncé son intention de déposer des plaintes. La procédure est toujours en cours, et le dépôt de plainte est imminent, nous confie-t-elle. "Tout cela est entre les mains de mon avocat, il devrait y avoir une plainte contre l'hôpital de Lons-Le-Saunier, puis dans un second temps, une plainte contre l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté et les ministres de la Santé Olivier Véran et Agnès Buzin".
Eric Loupiac, était médecin depuis 12 ans au sein de l'hôpital de Lons-Le-Saunier. Une cérémonie religieuse et commémorative devrait se dérouler fin août dans le Jura. "J'ai toujours été très soutenue par les collègues de mon mari, et des messages de soutien arrivent régulièrement de toute part" ajoute-t-elle.
Quel est le programme de ce 14 juillet à Paris, pour rendre hommage aux soignants ?
Le traditionnel défilé des armées à Paris, sera remplacé par une cérémonie en format réduit, qui mettra à l'honneur les militaires et civils mobilisés pendant la crise sanitaire.La place de la Concorde accueillera 2.000 participants contre plus de 4.000 militaires d'habitude lors du traditionnel défilé.
Pas de blindés ni de troupes à pied descendant les Champs Elysées. Le défilé aérien est en lui maintenu.
La cérémonie ne sera pas accessible au grand pulic. 2.500 invités assisteront à la cérémonie qui retransmise en direct à la télévision.
Un hommage à l'ensemble du monde soignant, civil et militaire, clôturera la cérémonie, au son de la Marseillaise. La Patrouille de France réalisera un second passage exceptionnel en leur honneur.