Un comité central d'entreprise extraordinaire s’est tenu ce mercredi 10 février. L’usine du Haut-Jura est en redressement judiciaire depuis le 4 novembre 2020. Près de 300 emplois sont en jeu.
L’horizon ne s’éclaircit pas pour MBF
Fin janvier 2021, deux repreneurs avaient déposé des lettres d’intention de reprise. Le premier est Akein, une filiale du fonds d'investissement américain Secko, elle souhaitait reprendre 167 personnes sur 266. Le second projet de reprise venait d’un concurrent français le groupe GMD. Les deux potentiels repreneurs ne sont pas allés au bout de leur démarche. Ils se retirent, faute de garanties suffisantes sur les commandes des constructeurs automobiles, a-t-on appris de source syndicale.
Bien sûr qu'on a peur, on est conscients qu'il y aura de la casse
Le tribunal de commerce a donné un nouveau délai, au 1er mars minuit pour d'autres projets de reprises. L’actionnaire italien de MBF pourrait monter un plan de continuation de l'activité à Saint-Claude, et laisser sur le bord de la route 30 à 40 personnes selon la CGT.
MBF, c’est le principal employeur du bassin de Saint-Claude
260 salariés environ, et 40 intérimaires. L’entreprise longtemps spécialisée dans les pièces moteurs diesel pour l’automobile s’est tournée vers les pièces pour moteurs hybrides ces dernières années. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.
La fonderie a été placée en redressement judiciaire le 4 novembre 2020 par le tribunal de commerce de Dijon pour une durée de six mois. Selon la CGT, les dettes de l’entreprise s’élevaient alors à 10,5 millions d’euros.
Une fonderie fragilisée par la baisse du carnet de commandes de Renault
Si l’entreprise se retrouve aujourd’hui en difficulté, c’est principalement pour deux raisons. Entre 2017 et 2019, elle a investi 14 millions d’euros pour moderniser l’outil de production et produire les carters d’embrayage des véhicules hybrides de Renault. Le diesel gate, la baisse des ventes de véhicules neufs, la crise du covid sont passés par là. Le constructeur français Renault, qui devait commander 350.000 pièces par an, a revu ses commandes à la baisse avec 130.000 pièces seulement par an.
“Cette pièce que nous produisons, elle est adaptable pour tous les véhicules hybrides de chez Renault. Pour nous, c’étaient des énormes perspectives d’avenir, 14 millions d’euros de chiffres d'affaires annuels, et aujourd’hui on va en faire 5 millions par an” déplorait il y a quelques jours au micro de France 2 Adeline Munolaro, directrice du site.
“Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités et dise aux constructeurs, arrêtez le massacre, ramener du travail pour les fonderies en France, pour qu’il y a assez de travail pour tout le monde, du travail il y en a” ajoute Paolo Spadafora
Elu CSE - CGT. À MBF, direction et syndicats sont unis dans le même combat, préserver au mieux le savoir-faire et les machines, et surtout préserver les emplois. En octobre 2020, c’est la direction qui aait organisé une marche dans les rues de la ville pour alerter sur la situation. MBF a employé jusqu’à 800 personnes dans les années 2000. L’entreprise de fonderie avait déjà fait en 2011 l’objet d’une procédure de redressement judiciaire. De nouvelles suppressions de postes tomberaient au plus mal dans ce bassin d’emplois du Haut-Jura déjà fragilisé.
Les plus grandes fonderies au détriment des plus petites ?
Selon un rapport commenté par l’Etat, seules les plus grosses fonderies s’en sortiront à l’avenir au niveau européen. Cette étude du secteur de la fonderie automobile en France, diligentée par la Direction générale des entreprises (DGE), a été rendue en juin 2020 à tous les acteurs de la filière, mais également aux différents ministères chargés de l’industrie et de l’économie (aux Cabinets d’Agnès Pannier-Runacher et Bruno Lemaire). Le rapport pointe la possibilité de sauver l’entreprise MBF, mais en sauvegardant seulement la moitié des effectifs. Au total, 150 emplois pourraient disparaître, selon ce rapport.