En Franche-Comté, le dispositif VigilanS est mis en place depuis 2015. Les professionnels qui y travaillent aident les personnes en détresse psychologique ayant fait une ou plusieurs tentatives de suicide à ne pas récidiver. Explications avec Claire-Marie Tainturier est médecin coordinateur du dispositif VigilanS en Franche-Comté.
Selon l'Organisation Mondiale de la Santé, plus de 700 000 personnes se suicident chaque année dans le monde. En France, ce chiffre avoisine les 9 000 pour l'année 2020. Le nombre de tentaLves de suicide est, quant à lui, esLmé à 200 000 par an. La Journée mondiale de prévention du suicide a été instituée en 2003 par l’Association internationale pour la prévention du suicide en collaboration avec l’OMS. Célébrée chaque année le 10 septembre, "cette journée vise à attirer l’attention sur la question du suicide, à combattre la stigmatisation et à sensibiliser les organisations, les gouvernements et le grand public, en martelant que le suicide est évitable". Pour l'occasion, France 3 Franche-Comté s'est intéressé au dispositif VigilanS, mis en place en Franche-Comté en 2015.
Lutter contre la récidive
Claire-Marie Tainturier est médecin coordinateur du dispositif VigilanS en Franche-Comté, basé à Dole à l'hôpital Saint-Ylie. VigilanS permet la mise en place d'une veille téléphonique extra-hospitalière pour patients suicidants, visant à diminuer la récidive et la mortalité suicidaire. "Au cours de cette veille, on va prendre des nouvelles de la personne, par téléphone et par l’envoi de cartes postales. L’objectif, c’est de maintenir le lien, c’est très important. Le suivi dure six mois, mais on rappelle toujours à la personne qu’elle peut nous appeler si elle va moins bien, nous explique-t-elle. On travaille avec les hôpitaux, les médecins, les infirmières scolaires... Tout professionnel de santé qui prend en charge un patient et qui a connaissance d'une tentative de suicide peut nous l’adresser".
Depuis le début de l’année 2023, 386 personnes ont intégré le dispositif sur toute la France-Comté. "On a une augmentation de personnes prises en charge, car le dispositif est de plus en plus connu", précise le docteur Tainturier. Des enfants, des adultes ainsi que des personnes âgées font partie des personnes accompagnées. Le suivi téléphonique est effectué par des infirmières et psychologues formés à l’intervention lors de crises suicidaires. VigilanS dispose de deux professionnels à temps plein.
Mieux comprendre le suicide :
Un dispositif efficace
Santé publique France a été missionnée par la Direction générale de la Santé pour évaluer l’efficacité du dispositif VigilanS sur la période 2015-2017 dans les six premiers territoires l’ayant expérimenté : Nord-Pas-de-Calais, Bretagne, Haute et Basse-Normandie, Languedoc-Roussillon et le Jura. Le résultat est très encourageant.
"L’étude montre une réduction de 38% des risques de réitération suicidaire dans les 12 mois suivant la tentative de suicide, chez les personnes accompagnées par le dispositif. On peut donc réellement prévenir les réitérations suicidaires en accompagnant mieux les personnes", détaille Claire-Marie Tainturier.
1 personne sur 20 déclare avoir eu des pensées suicidaires.
Souffrance prévention suicide
Comment expliquer que les pathologies mentales et la détresse psychologique restent quelque chose de tabou dans notre société ? Selon la professionnelle de santé, "on associe souvent les pathologies mentales à de la faiblesse, ce qui peut générer de la honte". Elle ajoute : "À mon sens, il faudrait plutôt les associer à ce qu’elles sont vraiment : des maladies. Elles peuvent être soignées".
Que faire face aux pensées suicidaires ?
Souffrance prévention suicide rappelle qu'un suicide expose en moyenne 135 personnes et impacte 6 à 14 personnes dans l'entourage. "Par exposition au suicide, on entend les personnes qui se sentent émotionnellement concernées par la survenue d’un ou plusieurs suicide(s) dans leur entourage familial, amical, professionnel ou communautaire. Les personnes impactées sont celles qui ressentent un impact émotionnel ou traumatique de forte ou moyenne intensité à court, moyen ou long terme dans les suites de l’exposition au suicide."
Si vous avez le sentiment qu’un proche va moins bien, tient des propos suicidaires ou si vous-même, vous vous sentez en grande fragilité psychologique, n'hésitez pas à composer le 31-14, le numéro de Souffrance prévention suicide.
"Il ne faut pas hésiter à appeler le numéro pour avoir des conseils", selon Claire-Marie Tainturier. Les répondants sont présents 24h24 et 7 jours sur 7, pour accompagner toute personne présentant des idées suicidaires, de l’entourage aux professionnels de santé, mais aussi également aux personnes endeuillées par un suicide.