C’est dans la chapelle Grisez que le peintre Pierre Le Preux a installé une fresque de vingt mètres de long inspirée par le vécu de son grand-père Riquet qui a passé quatre ans dans les tranchées sans jamais évoquer cet enfer.
« Les yeux vides » ce sont ceux de ces poilus survivants, des deux côtés, qui après la fin des combats ont embarqué avec eux l’indicible souffrance souvent intraduisible et dévorante. Pour Pierre Le Preux, l’armistice du 11 novembre 1918 n’est que la fin des combats (et encore pas tous) mais pas celle d’un prolongement de l’enfer car les soldats vivront avec toute leur vie durant.
Dans un texte accompagnant ce travail, il traduit ce désarroi et cette souffrance par la voix de son grand- père :
Je ne suis plus rien
Je suis mort vivant
J’ai les yeux vides…
Le clairon a sonné la fin
La fin de quoi ?
Extrait de « Armistice, les yeux vides" de Pierre Le Preux
"Les yeux vides" des poilus
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© David Martin - France3 Franche-Comté
La chapelle Grisez
Cette chapelle a été érigée après le retour de la guerre de 1870 du propriétaire de la brasserie voisine. Un pari qui résonne comme la promesse d’une vie, d’une survie. Pierre Le Preux a choisi ce lieu pour son histoire, sa neutralité (car désaffecté) et son caractère « sacré ».
Traces et passages
Ce passage de la mort à la vie (et de la vie à la mort) est en correspondance avec des thèmes chers à l’artiste qu’il développe et décline dans de nombreux tableaux depuis plusieurs années. Ce sont les traces et les passages laissés par la nature et par l’humain. Une exposition est présentée dans ce sens à la mairie de Belfort jusqu’au 25 novembre.
Visite de la fresque à Lachapelle-sous-Rougemont sur rendez-vous jusqu’au 5 décembre
- Contact : 06 63 11 85 24
- Le site internet www.lepreux.eu