Un incendie criminel a ravagé l'Espace socio-culturel grand Ouest (Esgo) de Nevers, dans la soirée du 24 février. Les dégâts sont importants dans le bâtiment, qui abrite également la mairie de proximité du quartier de la Grande-Pâture. Les riverains, eux, accusent le coup.
Une façade calcinée au-dessus d'un tas de débris. C'est le triste spectacle qui, ce matin du 25 février, apparaît devant les yeux des habitants du quartier de la Grande-Pâture, à Nevers. La scène témoigne de l'incendie qui a touché la veille l'Espace socio-culturel grand Ouest (Esgo), un lieu bien connu des riverains. Le bâtiment abrite également la mairie de proximité du quartier.
Aucun blessé n'est à déplorer, mais les dégâts matériels sont importants et choquent les Neversois. "Il n'y a pas de mot pour décrire cela, explique un habitant du quartier. Hier soir j'étais là quand l'incendie s'est déclenché. J'ai vu des flammes qui faisaient le double du bâtiment. Ca fait mal au cœur".
Un écoeurement partagé. Beaucoup d'habitants sont en effet passés par le centre social durant leur enfance. "Avec mes amis on a grandi ici. On a quand même vécu plein de choses au centre", témoigne un jeune homme d'une vingtaine d'années originaire de la Grande-Pâture. "C'était un pilier du quartier, reprend un de ses camarades. On nous proposait des activités durant l'été...et il a brûlé".
Il ne faut pas que cela retombe sur les habitants du quartier. Ils n'y sont pour rien. J'espère qu'on punira les coupables
Une habitante du quartier de la Grande-Pâture, à Nevers
"Ici, on faisait des réunions entre nous... L'équipe du centre aidait les étrangers dans leur apprentissage du français...On a le cœur brisé" lâche une soixantenaire, la voix éraillée par l'émotion. "Il ne faut pas que cela retombe sur les habitants du quartier. Ils n'y sont pour rien. J'espère qu'on punira les coupables" reprend-elle.
Les premiers éléments de l'enquête indiquent en effet qu'une voiture aurait été délibérément déposée ici avant d'être incendiée. Le feu se serait ensuite étendu à l'Esgo. Pour Denis Thuriot, le maire de Nevers, c'est un service public qui a été attaqué. "C'est incompréhensible. Ceux qui ont fait ça n'ont pas de cerveau, a réagi l'édile. Vouloir dégrader un bâtiment public où les gens se réunissaient, prenaient des cours de danse...S'attaquer au centre social, fait pour aider la population et créer de l'animation de quartier, c'est complètement irrationnel. Et puis la mairie de proximité, elle est au service des gens ! Quel gâchis".
Ce n'est malheureusement pas la première fois que le bâtiment est la cible de dégradations. Intrusions, menaces, incendie de la voiture du directeur des lieux...Depuis plusieurs mois, de nombreux sinistres sont à déplorer. La structure était d'ailleurs fermée depuis que ses 15 salariés avaient exercé leur droit de retrait fin janvier, en raison de ce contexte de violences.
Une situation invivable à laquelle a décidé de s'attaquer Daniel Barnier, préfet de la Nièvre, présent lui aussi sur les lieux : "L'objectif de l'Etat est de mettre le maximum de moyens pour appréhender les auteurs de ces dégradations. Ce sont quelques individus qui veulent avoir la mainmise sur le quartier. Nous sommes presque dans une dérive mafieuse, qui ne représente pas la Grande-Pâture. J'invite les habitants à témoigner auprès de la police".
L'enquête, confié au procureur de la République de Nevers, est en cours pour tenter d'appréhender les auteurs de ces dégradations. "Les enregistrements de vidéo-protection sont en cours d'exploitation et toutes les investigations possibles, notamment techniques, seront menées" détaille la préfecture de la Nièvre dans un communiqué.
Les patrouilles de police ont également été renforcées. La mairie de proximité et le centre social resteront fermés le temps de rénover les lieux et de retrouver un climat propice à une réouverture. Le préfet de la Nièvre et le maire de Nevers iront à la rencontre des habitants du quartier mardi 28 février.