Le sous-traitant automobile U-Shin a annoncé la suppression de plus de 200 emplois dans les deux ans à venir. La moitié des effectifs du site de Nevers devrait disparaître. Une décision qui s'explique par des pertes structurelles, qui ont augmenté en raison de la crise sanitaire.
Sur le site de Nevers de l'entreprise U-Shin, près de 410 salariés fabriquent des verrous et antivols automobiles. Des systèmes mécaniques de plus en plus délaissés par les constructeurs. D'ici 2022, U-Shin devrait supprimer environ 215 emplois. "C'est énorme. C'est la moitié du personnel, c'est une catastrophe", confie Nathalie Rabian, agent de production.
"On se doutait qu'il y allait avoir quelque chose. Mais c'est vrai que quand ils nous ont annoncé plus de 200 suppressions d'emploi, ça a fait mal. On ne pensait pas autant", ajoute Delphine Treuillard, opératrice régleuse. Le plan de sauvegarde de l'emploi prévoit des départs par vagues. Alors les salariés ont du mal à se projeter. "On ne peut vivre que la boule au ventre. On va attendre deux ans pour voir si on est dans le lot, si on va partir. C'est ça le plus long, attendre", explique Jérôme Prugnier, régleur sur presse à injection.
Ici, beaucoup ont fait toute leur carrière dans l'entreprise et craignent de se retrouver sur un marché du travail sinistré. "Ça fait un peu plus de 26 ans que je suis là, précise Sandrine Jallot, agent de production. Donc c'est pas qu'on est vieille, mais c'est une usine vieillissante. Il n'y a pas de jeunes là dedans."
Le maintien du site est une priorité, affirme la direction
"On connaît la plupart des postes qui sont supprimés. En l'occurrence j'en fais partie, indique Frédéric Richard, magasinier maintenance. Une reconversion, dans un bassin comme la Nièvre où le bassin de l'emploi est pas terrible, ça va être compliqué."
Les représentants du personnel redoutent même que la réorganisation n'assure pas la pérennité du site. "Il y a deux raisons. Soit on veut rendre la mariée plus belle pour pouvoir nous vendre plus tard. Ou la deuxième raison, c'est que notre site a de l'avenir. Mais il faudra nous amener des éléments", affirme Laurent Blanchet, délégué syndical CGT et secrétaire du CSE.
La direction du groupe n'a pas souhaité s'exprimer à ce stade des négociations. Elle nous a fait savoir par une porte-parole que la priorité était de maintenir le site de Nevers malgré le virage stratégique. Les discussions vont se poursuivre jusqu'au mois de mars pour rechercher de nouveaux marchés et définir les contours définitifs du plan social.