Présidentielle : la Primaire populaire mobilise à Nevers, "les forces de gauche ne pourront pas faire comme s'il ne s'était rien passé"

A une semaine du vote, les bénévoles engagés dans le mouvement La Primaire Populaire se mobilisent. Simples citoyens ou engagés dans un parti, ils veulent une candidature unique à gauche. Illustration sur le terrain, à Nevers.

Engagé depuis des mois pour une candidature unique à gauche en 2022, Mohamed Lagrib se réjouit de voir que 250 000 français sont désormais inscrits pour voter à La Primaire Populaire. A Nevers, sa mobilisation, comme au sein de l'antenne locale, a porté ses fruits : "Sur 1000 Nivernais qui ont signé l'appel à l'organisation de la Primaire populaire, je crois qu'environ 400 se sont déjà inscrits." Dans les 4 départements de Bourgogne, ce sont 3500 personnes qui sont inscrites.

Samedi dernier, le 15 janvier, jour de l'annonce officielle des sept candidats à La Primaire populaire, Mohamed Lagrib et une cinquantaine de bénévoles sont allés tracter devant la préfecture pour appeler les Neversois à participer au vote : "Nous avons discuté avec beaucoup de passants. Plusieurs jeunes se sont inscrits et des personnes plus âgées ont demandé à être accompagnées pour leur inscription sur internet."

Parmi elles, Gilbert. Ce syndicaliste à la retraite a le cœur à gauche et, après avoir assisté à deux réunions sur La primaire populaire, il tenait à participer : "C'est une démarche intéressante car ce vote propose une perspective différente." 

Il ne s'agit pas de voter pour un parti ou une personne mais pour le candidat qui portera le mieux nos idées.

Gilbert, futur votant à la Primaire populaire

Réunir les électeurs de gauche

Dans la Nièvre, la démarche de la Primaire populaire séduit largement. Mohamed Lagrib explique que les bénévoles viennent de toutes les forces de gauche : "Au niveau local, on a créé des passerelles avec l'ensemble des militants des autres partis de gauche. La plupart sont d'accord pour dire que ce qui nous divise est moins important que ce qui nous rapproche."

D'ailleurs, le premier secrétaire fédéral du PS dans la Nièvre, Sylvain Mathieu, affiche ouvertement son soutien à la Primaire populaire. Il est venu lors de rencontres organisés au café Brooklyn de Nevers, baptisées les "point Pop".

Une antenne s'est aussi créée à Dijon. Et des bénévoles se mobilisent à Auxerre.

Selon les sondages, 80% des électeurs de gauche veulent une candidature unique à l'élection présidentielle.

Sabrina, bénévole à La Primaire populaire

Agée de 31 ans, Sabrina appartient au mouvement Génération.s, l'ancien parti de Benoît Hamon et soutient la Primaire Populaire : "Je ne veux pas qu'on rejoue sans cesse le même scénario et avoir à choisir entre la droite et l'extrême-droite. J'ai du mal à comprendre que des élus nationaux ne soient pas capables d'entendre leurs propres électeurs. S'ils sont tous persuadés d'avoir le meilleur programme, pourquoi refusent-ils de participer ?"  

Quelle stratégie ?

Sept candidats à l'élection présidentielle sont proposés aux suffrages des électeurs de la Primaire populaire. Quatre ont annoncé qu'ils se rangeraient à l'avis des électeurs (Anna Agueb-Porterie, Charlotte Marchandise, Pierre Larrouturou et Christiane Taubira);  trois s'y refusent (Anne Hidalgo, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon) mais ont été inscrits d'office comme candidats. 

Les électeurs peuvent s'inscrire jusqu'au 23 janvier 2022 pour un scrutin qui se déroulera entre le 27 et le 30 janvier 2022. Dans cette dernière ligne droite, les bénévoles nivernais multiplient les actions : réunion-échanges ce mardi soir, tractage et discussion dans les rues de Nevers samedi, "point pop" pour discuter dans les cafés, campagne d'appels téléphoniques à leurs proches.

Cette technique de propagande électorale est venue des Etats-Unis où elle a été utilisée pendant la campagne de Bernie Sanders.  Il n'est pas question de frapper au hasard mais de discuter avec des gens de même sensibilité politique pour défendre des intérêts communs. En l'occurrence, il s'agit de les appeler à s'inscrire au vote pour donner du sens au projet et défendre leurs idées.

Ce n'est pas toujours facile : "J'ai des proches qui sont sceptiques et qui considèrent que La Primaire Populaire est une démarche qui divise encore un peu plus la gauche, reconnaît Sabrina. C'est vrai qu'on en entend parler tard mais l'initiative est lancée depuis 2020."

Quelle portée ?

Quoi qu'il en soit, le nombre d'inscrits a doublé en dix jours au niveau national. L'enthousiasme est réel. Mohamed Lagrib est aussi engagé dans l'association "Tous élus" qui milite pour l'implication de tous dans la vie politique grâce l'inscription sur les listes électorales et le fait de candidater aux élections. Pour lui, c'est un bon signal démocratique : " Notre démarche est une démarche de lobbying citoyen. Les forces de gauche ne pourront pas faire comme s'il ne s'était rien passé. Même si les candidats, comme Jean-Luc Melenchon ou Yannick Jadot se maintiennent, des discussions risquent de s'engager sur des idées fortes." 

C'est un courant unique qui est lancé et qui me paraît important.

Gilbert, votant à La Primaire populaire

Sabrina est du même avis : "Si 300.000 personnes participent à un vote, le résultat aura forcément une signification." A titre de comparaison, la primaire Europe-Ecologie Les Verts a rassemblé 120.000 votants. 

Gilbert approuve : "On ne va sûrement pas arriver à une candidature unique aux présidentielles de 2022 car il y a beaucoup d'égos mais il y a les législatives ensuite et c'est plus profond. C'est un courant unique qui est lancé et qui me paraît important." 

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