Les élections régionales et départementales ont lieu les 20 et 27 juin 2021. Comme à chaque élection, l'abstention devrait être importante. Nous avons interrogé des électeurs francs-comtois qui ne veulent pas voter ce dimanche 20 juin. Témoignages.
L'abstention est le premier parti de France, et ce depuis plusieurs années déjà. A chaque élection, le même constat : une partie toujours plus grande des citoyens se détourne du vote et par ricochet de la politique institutionnelle. Certains observateurs politiques appellent ça "la fracture démocratique". Selon Fabrice Dabi, directeur général adjoint de l'institut Ifop interrogé par LCI, les sondages actuels pour juin 2021 anticipent une participation "inférieure de dix points" à celle des élections régionales de 2015. A cette époque, l'abstention était déjà à 50,1% sur l'élection régionale. Cette fois ci, "l'abstention s'annonce massive, et cela concerne presque toutes les catégories d'électeurs" ajoute le spécialiste.
L'abstention est un véritable indicateur de l'état de santé du système démocratique. Son augmentation régulière au fil des élections depuis une vingtaine d’années interpelle, tant sur le plan national qu'au niveau local. "Sur la scène électorale française, si l’on compare le début des années 2000 aux années 1970, elle progresse quels que soient les scrutins : + 12,6 points pour la présidentielle, + 7,8 points pour les municipales, + 16,9 points pour les législatives, + 18,9 points pour les européennes" selon Anne Muxel, auteure d'un article très intéressant intitulé "L'abstention : déficit démocratique ou vitalité politique ?"
Evolution de l'abstention aux élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté
Mais alors, pourquoi les Français rechignent à élire les femmes et hommes politiques qui décident de leur avenir, notamment lorsque l'élection est locale, comme c'est le cas pour les Régionales et Départementales ? "Ce sont tous des clowns", "Ils cherchent juste le pouvoir" peut-on entendre dans la bouche de ceux qui rejettent de manière viscérale la politique, et par la même occasion les élections, qu'elles soient locales ou nationales. "Je n'irai pas voter car je n'ai aucune confiance en l'intégralité de la classe politique (gauche, centre, droite ou extrême de part et d'autre). Personnellement, je pense que les politiciens sont justes des égoïstes qui cherchent à prendre du grade grâce au peuple" nous explique Aurélien sur les réseaux sociaux.
"Une décision difficile"
Pour certains, le fait de ne plus se rendre aux urnes a été longuement et mûrement réfléchi. Il y a un mois, Nadine*, Franc-Comtoise d'une trentaine d'années, a pris cette décision. Depuis qu'elle a 18 ans, elle a pourtant toujours voté pour un candidat, à chaque élection. "Je me suis toujours intéressée à la vie citoyenne, politique sachant que pour moi tout est politique. Mon parcours m'a fait travailler au contact d'élus locaux. J'ai donc approché de près les organes dits démocratiques. Et je n'ai jamais trouvé les décisions prises légitimes" nous explique-t-elle.
A force de déceptions, elle s'est petit à petit détournée du vote. "J'ai l'impression qu'il faut une très grande force pour ne pas être perverti par le pouvoir. Aussi, à l'inverse, je me questionne sur les raisons du vote des citoyens. Sont-ils éclairés ?" s'interroge la Bisontine.
Au fil des années, Nadine* a voté pour un ou une candidate en qui elle croyait, puis a voté "utile", avant de "finalement trouver ça inutile" et de se diriger vers le vote blanc, "pour se donner bonne conscience".
Ne plus voter est une décision difficile car je connais bien les conséquences potentielles. Et c'est très mal perçu par la société qui nous renvoie de l'égoïsme et de l'inconscience. Or il me semble que c'est l'inverse. J'ai décidé d'arrêter de faire semblant.
Nombreux sont les abstentionnistes passés par ce fameux vote blanc, comptabilisé mais non pris en compte dans les modes de scrutin en cours dans notre pays. D'autres votent et s'abstiennent par intermittence, selon les enjeux, les élections et les candidats en face-à-face.
"Sans aucun enthousiasme"
Aller voter ou ne pas aller voter ? Certains citoyens sont à l'heure actuelle toujours dans l'indécision, comme nous le confie LeonidBrejnev, un Franc-Comtois plutôt actif sur le réseau social Twitter. "Si j'y vais, ce sera sans aucun enthousiasme. Je me pose la question sérieusement en votant blanc, ce qui ne sert à rien car il n’est pas reconnu en tant que tel".
Il ajoute, visiblement médusé : "En fait, c’est dramatique ce qui se passe. La crise du vote est très profonde. Les élus se féliciteront d’avoir été élus avec X %, alors qu’en réalité le chiffre est à diviser par deux pour prendre en compte le nombre d'électeurs".
* Le prénom a été changé.