Une dizaine de parents ont appris, fin juin, que la classe unique proposée par l’ancien maire de leur village jurassien n’allait finalement pas voir le jour. Ils se battent contre la fermeture de l’école, votée à l’unanimité au dernier conseil municipal.
"On ira manifester jeudi prochain". Françoise Marchal ne démord pas. Ses enfants sont grands, mais ils ont fréquenté l’école de petit ce village du Jura de 302 habitants. Pour cette ancienne conseillère municipale,"la fermeture d’une école, c’est la mort d’un village".
Sa pétition a été signée par 10 parents, sur les 14 concernés. La décision de fermer l’école, votée au conseil municipal le 9 juillet dernier, est désormais entre les mains du préfet.
Retournement de situation après le second tour des élections
Retour quelques mois en arrière. Le RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunaux) de l’école de Santans est dissous. Jusqu’à présent, l’établissement était fréquenté par les élèves de trois autres communes voisines (Germigney, Chatelay, Chissey-sur-Loue).
Avec ses 19 élèves santenais restant, l’ancien maire décide donc de mettre en place une classe unique, seule solution pour maintenir l’ouverture de l’établissement. "L’institutrice était d’accord. Une autre femme allait l’aider pour s’occuper des enfants. L’école allait rester ouverte, avec deux classes, une grande cours. Les parents étaient contents", explique Françoise Marchal.
Mais à l’issue des élections, le nouveau maire, Christian Vuillet, entame un retournement de situation. "Des rumeurs de fermeture ont commencé à émerger", explique Sophie Julieno, institutrice de l’école pendant 25 ans. "On a su fin juin, de manière un peu précipitée, que le nouveau maire voulait fermer l’établissement. Personne ne m'avait prévenue. Ça fait 25 ans que je travaillais là-bas....Terminer comme ça, c’est pas facile ".
"On ressent de la colère et de l'incompréhension"
Les parents d’élèves réagissent. Manifestations, pancartes, pétitions. " Normalement, le maire se bat avec les parents d’élèves pour garder les écoles ouvertes, et ici, c’est le contraire", s’insurge Adeline Jeannet, mère de deux élèves. "On nous a dit que la fermeture était liée à une histoire de budget… On a demandé une réponse, et on attend toujours. On est démunis ! On ressent de la colère et de l’incompréhension".
Les enfants sont censés se rendre, dès la rentrée prochaine à Montbarrey, à 3 kilomètres de là. " Bien sûr, ça n’est pas très loin, mais ça nous change notre organisation au niveau des transports, du travail, etc. ", ajoute Adeline Jeannet.
Autre inquiétude, les mesures sanitaires liées au Covid. " À Santans, on allait pouvoir répartir les élèves dans deux salles. Là, dans la nouvelle école, on va se retrouver avec classes de 25 élèves, où les distances ne pourront pas forcément être respectées"
.
"Un seul élève par niveau, ce n’est peut-être pas l’idéal pour l’enfant"
De son côté, le maire fait valoir l’apprentissage de l’enfant. À l’échelle nationale, les classes uniques tendent à disparaître. "J’estime qu’ils apprendraient mieux dans un groupe de leur catégorie d’âge, plutôt que dans une classe unique avec 7 maternelles, 7 primaires", explique le nouvel édile.L’institutrice reconnaît qu’un seul élève par niveau, "ce n’est peut-être pas l’idéal pour l’enfant. Mais on aurait pu mettre en place du tutorat, ça aurait été une autre façon de travailler".
À l’heure actuelle, les parents n’ont toujours aucune certitude. " J’ai deux enfants qui vont rentrer en CE2 et CM1, et ils ne savent toujours pas où ils vont aller à la rentrée ! ", témoigne Adeline Jeannet. "Ils ont beaucoup de stress, c’est très anxiogène pour eux".