Après deux refus de la mairie, ce couple franco-turc va enfin pouvoir se marier à Chalon-sur-Saône

En juillet 2021 et janvier 2022, Gilles Platret, le maire (LR) de Chalon-sur-Saône avait refusé de marier un couple franco-turc. Mais en décembre dernier, la justice l'avait mis en demeure de célébrer l'union. Ce vendredi 24 mars, l'avocat des futurs époux confirme que l'édile va se soumettre à cette injonction.

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Après près de deux ans d’attente, ils vont pouvoir enfin se marier. En juillet 2021 et janvier 2022, Gilles Platret, le maire (LR) de Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, avait refusé de célébrer l’union d’un couple franco-truc, soupçonnant un mariage blanc. Mais ce mardi 28 mars, l’un des avocats des futurs époux, Me Julien Marceau, nous indique que l’édile va se soumettre à l’injonction du procureur de la République de Dijon.

En effet, le 6 décembre dernier, une décision d’Olivier Caracotch, laissait à Gilles Platret jusqu’au 31 mars prochain pour accepter d'organiser l’union civile du couple, un Turc de 40 ans et une Chalonnaise d'une vingtaine d'années. "Passé ce délai, des poursuites étaient engagées pour refus d'obéir aux commandements du parquet [...] Le délai étant bientôt dépassé, le service de l'état civil de la mairie m'a indiqué que le dossier était rouvert", confie l'avocat.

Me Ramazan Ozturk, autre avocat du couple confirme l'information par message : "oui effectivement, c'est le cas. Mais Gilles Platret a attendu la date limite. Il y a beaucoup de mauvaise volonté. Il les embête jusqu'au bout. Et je ne peux pas me réjouir, le droit est simplement appliqué".

Un mariage annulé la veille par Gilles Platret

Pour l'instant, aucune date officielle n'a été fixée pour la célébration du mariage. Mais le couple s'est évidemment dit "soulagé"  selon Julien Marceau. S'ils ont obtenu gain de cause, la victoire n'est pas totale pour les futurs mariés confie leur avocat : "On ne fait que respecter un droit déjà acquis. Ce qu'on aurait aimé, ce sont des excuses publiques, mais on ne les aura jamais".

"Il y a un goût amère, surenchérit Ramazan Ozturk. Ils ont eu un préjudice morale. On a douté de la sincérité de leurs sentiments et tout ça va vite être oublié. La nouvelle est bonne pour eux, mais ils ont l'impression d'avoir été pris pour des idiots".

Pour rappel, le couple devait s'unir en juillet 2021. Gilles Platret, adepte d'une ligne dure contre l'immigration, avait refusé de célébrer le mariage et avait demandé une enquête. En novembre 2021, la justice avait considéré qu'aucun élément ne permettait de mettre en doute la sincérité de cette union.

 

"Le parquet avait transmis l'intégralité du dossier en expliquant qu'il n'y avait pas de problème et que la mairie pouvait les marier", rappelle Julien Marceau. Pourtant, Gilles Platret avait annulé une deuxième fois leur mariage, le 7 janvier 2022, soit un jour avant les célébrations. La mairie expliquait alors n'avoir jamais reçu les documents du parquet et Gilles Platret partageait le post ci-dessous sur les réseaux sociaux.

Le dossier avait alors été délocalisé à Dijon, les avocats portant notamment plainte pour discrimination. Le procureur Olivier Caracotch prononçait une mise en demeure, obligeant le maire de Chalon-sur-Saône à célébrer l'office. En cas de refus, il risquait cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.

"Gilles Platret a voulu montrer qu'il se saisissait des questions identitaires" 

"C'était une mesure de faveur qui avait été accordée à monsieur Platret, un délai pour régulariser la situation... On ne dit pas à un voleur 'vous avez six mois pour rendre les objets dérobés'", considère Julien Marceau, pour qui le couple a été victime d'une opération de communication.

"Mon client est quelqu'un de très bien intégré, qui parle très bien Français, qui a la garde de son fils, un titre de séjour et eu ses papiers avant de se marier. D'où l'incompréhension du refus. Gilles Platret a voulu montrer qu'il se saisissait de ces questions identitaires et d'immigration", avance-t-il, rappelant l'instauration en 2015 du menu unique dans les cantines scolaires de Chalon avec interdiction des repas sans porc.

"Il a utilisé ces gens à des fins politiques", affirme également Me Ramazan Ozturk qui enverra quelques observations au procureur de la République. Car l'injonction du tribunal imposait à Gilles Platret de marier le couple d'ici le 31 mars. "Ce n'est pas une application rigoureuse, ils ne sont pas mariés d'ici-là", conclut l'avocat.

Contactée, la mairie de Chalon-sur-Saône n'a pas souhaité faire de commentaire sur l'affaire. Le couple, de son côté, n'envisage pas de suites judiciaires maintenant qu'il a obtenu le droit de convoler.

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