Les Saône-et-Loiriens sont appelés à donner leur avis : faut-il prolonger la période de chasse des blaireaux ? Chaque année, le déterrage est autorisé de septembre à janvier, mais peut-être avancé à la mi-juin. Une consultation qui fait polémique dans le département.
Les blaireaux pourront-ils chassés dès la mi-juin en Saône-et-Loire? Pour statuer, la préfecture a lancé une consultation publique jusqu’au 27 février. La période de chasse, qui s’étale normalement de mi-septembre à mi-janvier, pourrait donc débuter trois mois plus tôt.
Pourquoi ? Car la population de blaireaux stagne dans le département. Le prolongement de la chasse permettrait ainsi "d’assurer une régulation de l’espèce en vue de limiter les dommages qu’elle peut causer (cultures agricoles, infrastructures ferroviaires et routières), sans compromettre sa pérennité", selon la préfecture. Même si le blaireau ne fait pas partie des listes des espèces susceptibles de causer des dégâts.
La consultation, devenue annuelle dans le département, exaspère la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Pour l’association, la pratique de chasse pratiquée, le déterrage, est "cruelle", "violente" mais surtout "non-sélective". En clair, elle touche aussi bien les adultes que les petits. C’est précisément ce que dénonce Mickaël Paul, bénévole de la LPO. Les blaireautins, qui naissent vers février, sont encore vulnérables au moment du début de la chasse, en juin. "Le blaireautin a besoin de six mois pour être autonome, émancipé. Donc quand on met en place une période complémentaire de chasse, on va casser le sevrage, l’émancipation et cette capacité du blaireautin de pouvoir vivre dans un milieu naturel, détaille le bénévole. Seul, isolé, un blaireautin est perdu. Si l’on tue sa mère, il est condamné."
Un arrêté retoqué par la justice
En 2020, trois associations de protection de l’environnement ont saisi la justice pour faire annuler le prolongement de la période de chasse accordée en Saône-et-Loire. Avec succès : le tribunal administratif de Dijon a estimé que cet arrêté "méconnaissait l’article L. 424-10 du code de l’environnement, interdisant de détruire les petits de tous mammifères, à moins qu’ils ne provoquent eux-mêmes des dégâts".
Côté chasseurs, on se défend de perturber la biologie de l’espèce. "Pour l’instant, on a très peu de données sur l’émancipation des jeunes. Rien n’indique qu’au 15 mai ou 15 juin les blaireaux ne sont pas émancipés", affirme Vincent Augagneur, président de la Fédération départementale de la chasse de Saône-et-Loire. Sa fédération, ajoute-t-il, mène depuis l’année dernière une enquête sur les terriers pour déterminer cette période d’émancipation.
Concernant la régulation de l’espèce, Vincent Augagneur estime que "si l’on ne gère pas les blaireaux, on aura forcément de plus en plus de collisions sur la route, des problèmes sur les voies ferrées. C’est un animal qui peut porter la tuberculose".
En Saône-et-Loire, 600 à 800 blaireaux ont été déterrés la saison dernière, la plupart sur la période de prolongement de la chasse. Le Bas-Rhin est le seul département en France à avoir interdit la chasse aux blaireaux, il y a plus de vingt ans.