Bastien Delasalle vit sans maison et parcourt le monde à vélo depuis 12 ans. Ce jeudi 9 mars, il partira d'Alençon en Normandie pour délivrer une lettre à Cluny en Saône-et-Loire, et tenter de réconcilier un frère et une sœur fâchés depuis des années.
Le 11 mai 2011, il décide de vendre sa maison et de quitter son travail car il a besoin d'aventures... 12 ans plus tard, il a visité près de 50 pays dans le monde et parcouru près de 60 000 kilomètres à bord de son vélo. Bastien Delesalle ne mène pas une vie ordinaire. Et en ce mois de mars, cet homme de 38 ans se rend en Bourgogne pour une mission un peu particulière.
Il y a deux ans, Bastien fait la connaissance de Vincent Berthelot, un professeur à la retraite qui sillonne la France pour remettre des courriers importants mais pas urgents. "J'ai été touché par la démarche. Ces valeurs d'entraide, de gratuité mais aussi de redonner du sens au temps m'ont parlé et j'ai décidé de me lancer." Il devient lui aussi un facteur humain et est approché par Sophie, une Bretonne de la ville de Redon.
"J'espère une fin heureuse, et j'y aurais contribué"
Cette dernière est en froid avec son frère depuis des années, et souhaite lui faire parvenir une lettre pour arranger les choses. Touché par son geste, Bastien lui fait la promesse de se rendre à Cluny en Saône-et-Loire, car c'est là que le frère de Sophie habite. Après plusieurs péripéties, de nouveaux pays découverts et deux livres sortis, Bastien décide de partir d'Alençon le 9 mars et met le cap sur la Bourgogne.
Mon action, c'est un grain de sable sur cette Terre. Mais si deux personnes peuvent faire la paix, alors peut-être que le monde aussi.
Bastien DelesalleNomade écrivain
"L'issue ne dépend pas vraiment de moi, mais j'espère que la fin sera heureuse et je peux dire que j'y aurais contribué." Le natif du Nord-Pas-de-Calais doit faire plus de 500 kilomètres à vélo. Il roulera environ 50 à 60 kilomètres le jour, puis établira son campement le soir. 500 kilomètres de vélo et seulement un duvet et une tente pour dormir, ça peut ressembler à un énorme défi, mais pas pour cet ancien dessinateur informatique.
"Depuis douze ans, je me lève sans savoir où je vais dormir le soir"
En 2011, il quitte son domicile et son métier pour réaliser son rêve : faire le tour du monde en un an. Douze ans plus tard, Bastien est toujours sur son vélo, à parcourir le monde. "Je me lève sans savoir où je vais dormir le soir. Soit je dors dans ma tente quelque part, soit je rencontre quelqu'un et il m'héberge pour la nuit."
Bastien n'a plus de domicile. Il dispose d'un vélo bien encombré avec une tente, un matelas, un duvet, un réchaud, des livres, de la nourriture et des vêtements. "Tout ce que je possède, je l'ai sur moi. Mon vélo, c'est ma maison." Il possède également un ordinateur pour écrire. Dans ses livres, il parle de ses nombreux voyages et de ses rencontres.
En douze ans, Bastien n'a pas déboursé un centime pour passer une nuit dans un hôtel ou manger dans un restaurant. "Je dépense 100 à 150 euros par mois, et sinon je me débrouille. Au début, je prenais dans mes économies et puis j'ai commencé à faire des petits boulots. Les gens ont aussi été très généreux avec moi, ils me donnent souvent un peu d'argent ou de la nourriture", raconte-t-il.
C'est à cela que Bastien carbure, le contact avec les autres. "Je n'hésite pas à aller discuter avec les gens que je rencontre. On peut parler d'un sujet, et le soir même je me retrouve chez eux autour d'un repas. C'est grâce aux autres que je me tiens au courant de l'actualité. Pour l'anecdote, j'ai appris les résultats des jeux olympiques deux mois plus tard."
Cette vie, Bastien ne se voit pas l'arrêter. "Cela peut finir demain, comme dans une dizaine d'années. Tant que mon corps et ma tête le permettent, alors je continuerai. Mes proches le savent, je suis heureux comme je suis." Vous l'avez compris, que ce soit dans l'Yonne, en Saône-et-Loire ou à l'autre bout du monde, il n'est pas impossible de croiser Bastien un jour, toujours en quête d'une nouvelle aventure !